ZNIEFF 310007012
Forêt domaniale de Desvres

(n° régional : 00500002)

Commentaires généraux

La forêt domaniale de Desvres s’étend au nord de la commune de Desvres et appartient au complexe bocager du bas-Boulonnais et de la Liane. Elle est constituée de la basse forêt, de la haute forêt et de la forêt du Montpas. La forêt de Desvres, avec celle de Boulogne-sur-Mer, constitue un des deux éléments forestiers majeurs du complexe bocager du bas-Boulonnais et de la Liane. Elle présente un relief non négligeable avec des pentes mamelonnées disséquées par de nombreux ruisseaux s’écoulant dans des vallons plus ou moins larges. La succession d’affleurements géologiques variés est ainsi à l’origine de paysages forestiers très originaux où futaie, taillis sous futaie, taillis et clairières se combinent en une mosaïque fine de structures végétales complémentaires. Zone majoritairement occupée par un important massif forestier de 1200 ha. « Ce massif forestier est représentatif des différentes potentialités forestières susceptibles de s’exprimer dans la fosse boulonnaise grâce à la mosaïque des affleurements géologiques du Crétacé (craies marneuses du Cénomanien, argiles du Gault, sables et argiles du Wealdien, etc.) et du Jurassique (sables, grès et argiles du Kimméridgien notamment). Cette diversité géologique et la topographie vallonnée du Bas Boulonnais sont à l’origine d’un réseau hydrographique superficiel extrêmement dense qui entaille les nombreuses assises affleurantes, dont le modelé complexe participe à l’originalité et à la diversité des végétations herbacées et de la flore, les divers habitats forestiers potentiels ne pouvant toutefois pas toujours s’exprimer de manière optimale du fait des plantations artificielles ou semi-artificielles occupant un certain nombre de parcelles. » (Source : http://natura2000.ecologie.gouv.fr/sites/FR3100499.html). La forêt de Desvres est remarquable par l’importance et la diversité des végétations acidiphiles associées aux buttes sableuses du Wealdien, même si une grande partie de ces végétations est actuellement occultée par des boisements de substitution. La plupart des communautés végétales existantes ou potentielles de ces buttes relèvent de la Directive Habitats-Faune-Flore : Hêtraie-Chênaie acidiphile oligotrophile à Houx commun (Ilici aquifoliae - Fagetum sylvaticae), Hêtraie-Chênaie mésoacidicline à Oxalide oseille (Oxalido acetosellae - Fagetum sylvaticae), Hêtraie-Chênaie mésotrophile à Jacinthe des bois (Endymio non-scriptae - Fagetum sylvaticae), Bétulaie acidiphile à sphaignes (Sphagno palustris-Betuletum pubescentis) ou encore Aulnaie-Boulaie mésoacidiphile à Blechne en épis et Osmonde royale (Blechno spicantis - Betuletum pubescentis) plus riche en espèces que la précédente. A ces habitats forestiers sont associées des végétations herbacées intraforestières de grande valeur patrimoniale, notamment au niveau des layons herbeux humides à inondables. Ces communautés sont pour la plupart rares et menacées à l’échelle régionale : Lande secondaire mésophile à hygrophile à Callune commune et Laîche à deux nervures (cf. Ulici minoris - Ericenion ciliaris), Moliniaie paratourbeuse (Junco acutiflori - Molinietum caeruleae), Végétation amphibie oligo-mésotrophile à Laîche déprimée et Agrostide des chiens (Carici demissae - Agrostietum caninae), Gazon amphibie acidiphile à Renoncule flammette et Jonc bulbeux (Ranunculo flammulae - Juncetum bulbosi). Sur les layons plus secs, il faut noter la présence exceptionnelle de la Pelouse acidiphile à Gaillet des rochers et Fétuque capillaire (Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae), végétation extrêmement rare dans la région, qui se trouve en lien dynamique avec l’Ourlet acidicline oligotrophile à Millepertuis élégant et Mélampyre des prés (Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis). Cette diversité exceptionnelle d’habitats remarquables permet bien évidemment le développement de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial telles que la Laîche à deux nervures (Carex binervis), la Laîche étoilée (Carex echinata), le Gaillet des rochers (Galium saxatile), la Luzule ramassée (Luzula multiflora subsp. congesta), la Luzule des forêts (Luzula sylvatica), le Mélampyre des prés (Melampyrum pratense), l’Oréoptéride des montagnes (Oreopteris limbosperma), l’Osmonde royale (Osmunda regalis), le Polygala à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia), la Stellaire des bois (Stellaria nemorum) – cette dernière en disjonction d’aire… La forêt de Desvres héberge également très localement de petites populations de deux espèces forestières extrêmement rares dans la région: le Bois-joli (Daphne mezereum) et l’Androsème (Hypericum androsaemum). Un bilan exceptionnel pour la région fait état d’au moins 34 habitats déterminants de ZNIEFF et de près d’une cinquantaine d’espèces déterminantes de ZNIEFF (dont une quinzaine protégée régionalement) ce qui confirme largement l’intérêt du classement de ce site en ZNIEFF de type I et en zone Natura 2000. Ici, l’enjeu de conservation de la biodiversité est primordial à l’échelle régionale mais également nationale et européenne! La diversité des habitats présents en Forêt domaniale de Desvres, liée aux différents affleurements géologiques (marnes, sables et argiles) sur lesquels repose le massif est à l’origine de la forte diversité faunistique observée sur la ZNIEFF. De plus, la proximité du massif forestier avec le bocage herbager du Bas-Boulonnais, les massifs dunaires littoraux et les forêts de Boulogne (ZNIEFF 050-01), d’Hardelot et de Condette contribue également à la forte biodiversité de la ZNIEFF. Parmi les Amphibiens présents sur le site, deux sont des espèces déterminantes : le Triton alpestre, commun en région, et l’Alyte accoucheur, peu commun dans le Nord – Pas-de-Calais et inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats. Cette espèce présente un caractère terrestre prononcé et se reproduit principalement dans les plans d’eau d’assez faible profondeur (mares, fonds de carrières, pannes dunaires) (GODIN, 2003). Concernant la rhopalofaune, deux espèces sont assez rares au niveau régional : la Thécla du bouleau (Thecla betulae) et le Grand mars changeant (Apatura iris) (HAUBREUX [coord.], 2005), qui est également classé en priorité moyenne en terme de gestion conservatoire au niveau national (DUPONT, 2001). L’espèce est observée dans les lisières et les clairières de forêts (principalement les vieilles hêtraies), les berges des étangs et les forêts alluviales (LAFRANCHIS, 2000). Les cinq autres espèces déterminantes de Rhopalocères présentes sur le site sont peu communes dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2005). Trois espèces déterminantes d’Odonates sont observées sur le site. Le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) est peu commun à l’échelle régionale et en raréfaction (GODIN et al., 2003). Les populations du Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii) et de l’Agrion nain (Ischnura pumilio) sont, à l’échelle nationale, localisées ou disséminées, avec des effectifs généralement assez faibles (DOMMANGET, 1987) ; les deux espèces sont classées assez rares dans la région (GODIN et al., 2003). Cette ZNIEFF abrite une des principales populations régionales du Cordulégastre annelé. L’Agrion nain est présent dans les milieux humides récemment créés ou rajeunis (GODIN et al., 2003). Trois espèces déterminantes d’Oiseaux sont identifiées comme étant nicheurs possibles sur le site : la Bondrée apivore, le Busard Saint-Martin et le Pic noir, tous trois inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux. Le Pic noir, espèce assez rare et localisée dans le Nord – Pas-de-Calais, était encore en expansion dans l’ouest de la région en 1995 où il ne nichait que dans les massifs de Tournehem, Desvres, Montcavrel et Nieppe (TOMBAL [coord.], 1996). Concernant les espèces déterminantes de Mammifères, les deux espèces d’oreillards sont présentes sur le site. Elles sont toutes deux inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitats ; ces deux espèces anthropophiles (ARTHUR & LEMAIRE, 2009) sont peu communes dans le Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000). L’Oreillard roux est surtout observé dans les milieux forestiers et les vallées alluviales ; l’Oreillard gris prospecte plus en milieux ouverts (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).

Commentaires sur la délimitation

Les deux extensions proposées permettent de compléter la liste d’espèces remarquables et d’augmenter la diversité des habitats de cette ZNIEFF :

- une au niveau de la carrière de Menneville en raison de la présence du Galéopse versicolor (Galeopsis speciosa) espèce au bord de l’extinction dans la région ;

- et une autre près de la ferme Ste-Gertrude, intégrant une surface bocagère supplémentaire pour 3 espèces rares ou assez rares dans la région : le Gaillet des rochers (Galium saxatile), l’Épervière petite-laitue (Hieracium lactucella) et le Séneçon aquatique (Senecio aquaticus), celui-ci inféodé aux prairies de fauche hygrophiles, de plus en plus rares dans la région.