Cette ZNIEFF se situe au cœur du bassin minier à proximité de la ville de Lens. Elle est devenue un des éléments les plus marquants du paysage local. Le terril des Crêtes de Pinchonvalles s'étend sur une superficie de 75 hectares ; c'est le deuxième terril d'Europe pour la surface occupée. Ses 37 millions de m3 de schistes et de grès sont accumulés sur trois niveaux : une plate-forme inférieure (premiers dépôts vers 1942), ne dépassant pas 35 m d'altitude, un niveau intermédiaire, entre 35 et 84 m, un niveau supérieur avec un plateau culminant à 119 m sur lequel les derniers dépôts datent de 1977. Il a fait l’objet d’une requalification par l’EPF en 2001 dans le cadre du programme « Grandes friches industrielles ». Depuis, il est géré en tant qu’espace naturel sensible du département du Pas-de-Calais. Sur ces dépôts d'âges différents (les parties les plus basses étant abandonnées à la nature depuis plus de 50 ans), la végétation spontanée a repris ses droits et, actuellement, tous les stades typiques de la dynamique végétale des terrils sont présents sur le site. Des prairies mésophiles sont situées au Nord, en contrebas du terril de Pinchonvalles, à proximité immédiate de secteurs urbanisés ou artificialisés. La majeure partie de ces prairies a été reconvertie en prairie de fauche. Elles occupent des terrains de géologie particulière (affleurements de sables, argiles et argiles sableuses du Landénien) qui expliquent le caractère acidicline de ces prairies mésotrophiles à mésoeutrophiles du Centaureo jaceae - Arrhenatherenion elatioris, habitat d’intérêt communautaire dont le maintien et la diversification floristique devraient être une priorité. Cet immense terril héberge des habitats et des végétations nombreuses et variées : zones dénudées, pelouses, friches hautes, fourrés et boisements (chênaie-charmaie et bétulaies plus ou moins pionnières) ainsi que quelques mares temporaires avec des groupements végétaux aquatiques à hygrophiles. Les végétations d’éboulis et de pelouses sèches sont assurément les éléments les plus remarquables du terril proprement dit. Les pentes instables de schistes, conditions écologiques spécifiques de nombreux terrils, ont permis l’installation sur une petite surface d’une végétation originale pour le Nord-Pas de Calais : la Friche pionnière sur éboulis de schistes à Patience à écussons et Réséda jaune (Resedo luteae - Rumicetum scutati). Elle est constituée notamment d’une espèce rare et inconnue dans la région avant l’édification des terrils : la Patience à écussons (Rumex scutatus), espèce protégée dans la région. Les végétations de pelouses observées sur les différents plateaux sont tout aussi intéressantes. Notons plus particulièrement la Pelouse annuelle à Cotonnière naine et Aïra précoce (Filagini minimae - Airetum praecocis) et la Pelouse vivace à Épervière piloselle et Pâturin comprimé (Hieracio pilosellae - Poetum compressae). C’est ainsi qu’au minimum 6 végétations et trente espèces végétales déterminantes de ZNIEFF peuvent être observées sur ce terril. Citons notamment parmi ces dernières : l’Iris fétide (Iris foetidissima), rarissime à l’intérieur des terres et connu uniquement sur un seul autre terril dans la région. le Micropyre délicat (Micropyrum tenellum), remarquable espèce pionnière thermophile saxicole des substrats schisteux acides secs de terrils miniers. Protégé en Nord-Pas de Calais, c’est un des éléments floristiques les plus remarquables du site. La présence actuelle du Genêt ailé (Genista sagittalis) est à confirmer. Le terril de Pinchonvalles constituerait son unique localité régionale. Au total, 9 taxons sont protégés au niveau régional. Deux extensions ont été intégrées dans la ZNIEFF 018. La première, à l’ouest du secteur initial, est justifiée par la présence de cinq espèces déterminantes d’Amphibiens et deux de Reptiles. Trois espèces d’Amphibiens sont observées au niveau de l’extension ajoutée au nord du périmètre de première génération. Le Triton crêté est inscrit à l’Annexe II de la Directive européenne Habitats. Néanmoins, il est assez commun en région (GODIN, 2003), d’où l’importance particulière des populations régionales pour sa conservation. L’Alyte accoucheur et le Crapaud calamite sont tous deux identifiés comme étant peu communs dans la région (GODIN, 2003), ils sont inscrits à l’Annexe IV de la Directive Habitats. L’Alyte accoucheur, dont la majorité du cycle de reproduction est terrestre, se reproduit principalement dans des plans d’eau d’assez faible profondeur (mares, fonds de carrières, pannes dunaires) (GODIN, 2003). Le Crapaud calamite est surtout observé dans des habitats d’origine anthropique comme les terrils et mares temporaires, les carrières inondées et les zones d’extraction de granulats (GODIN, 2003). Le Lézard des murailles est inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats. Au niveau régional, il est assez rare et en limite d’aire de répartition. La Couleuvre à collier est, quant à elle, peu commune et en régression dans la région (GODIN, 2003). Quatre espèces déterminantes de Rhopalocères sont observées sur le site. La Thécla du bouleau (Thecla betulae), assez rare au niveau régional (HAUBREUX [coord.], 2005), est inféodée aux lisières, haies, bois clairs et jardins (LAFRANCHIS, 2000). L’Azuré des nerpruns (Celastrina argiolus) ,l’Argus brun (Aricia agestis) et l’Hespérie de la houque (Thymelicus sylvestris) sont tous trois peu communs dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2005). Parmi les Orthoptères présents sur le site, le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) fréquente généralement les prairies humides à joncs et autres végétaux hygrophiles (COUVREUR & GODEAU, 2000). Il est assez commun au niveau régional (FERNANDEZ et al., 2004) ; il est fortement menacé d'extinction dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (SARDET & DEFAUT, 2004). Le Grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), qui affectionne les pelouses sèches présentant une végétation arbustive développée, est très rare dans la région (FERNANDEZ et al., 2004). Ce site accueille une des trois stations connues de l’espèce dans le Nord – Pas-de-Calais ; il est confiné aux terrils en l’état actuel des connaissances. Le terril accueille également une des rares stations du Grillon des bois (Nemobius sylvestris), espèce rare au niveau régional (FERNANDEZ et al., 2004) et localisée à quelques massifs forestiers régionaux. Son statut est sans doute à relativiser en raison du manque de données sur cette espèce.
Deux extensions ont été intégrées dans la ZNIEFF 018. La première, à l’ouest du secteur initial, est justifiée par la présence de cinq espèces déterminantes d’Amphibiens et deux de Reptiles. Trois espèces d’Amphibiens sont observées au niveau de l’extension ajoutée au nord du périmètre de première génération.