Site d’intérêt intrinsèque national, ce complexe dunaire littoral de morphologie picarde est composé de dunes basses récentes calcarifères et de dunes plus anciennes plus ou moins décalcifiées, en partie plaquées sur l’ancienne falaise jurassique et les collines intérieures du Boulonnais.
Outre les végétations d’intérêt communautaire typiques des dunes calcarifères picardes, il faut insister ici sur certaines végétations plus originales liées aux arrière-dunes les plus internes, pour partie sur sables en voie de décalcification : pelouses dunaires annuelles du Thero-Airion, pelouse dunaire mésotrophile du Carici arenariae - Saxifragetum granulatae, principalement décrite et uniquement connue de ces dunes internes plaquées et du Mont-St-Frieux, ensemble de boisements semi-naturels issus d’anciennes plantations, d’une réelle diversité écologique et dont l’originalité reste à approfondir, ceux-ci s’étant développés sur des sables qui reposent sur des substrats variés (Groupement dunaire à Carex arenaria et Betula pendula, Groupement dunaire à Carex arenaria et Quercus robur, Groupement dunaire à Brachypodium sylvaticum et Fraxinus excelsior, pinèdes acidiphiles à Deschampsia flexuosa correspondant au Groupement dunaire à Deschampsia flexuosa et Betula pendula…), avec localement des résurgences et suintements aux eaux plus ou moins acides (forêts dunaires alluviales et chênaies-frênaies dunaires du Fraxino excelsioris-Quercion roboris [l’habitat élémentaire des dunes boisées du 2180 étant à largement compléter pour les dunes du Nord de la France, celles-ci n’étant pas décrites sur le plan phytosociologique].
La série de végétations hygrophiles liées aux pannes dunaires est par contre nettement moins développée que dans le massif dunaire du Mont-St-Frieux, mais on observe quand même la plupart des communautés oligotrophiles qui en sont typiques
On peut ainsi considérer que cet ensemble dunaire est d’une aussi grande importance, à l’échelle française, que le vaste massif de Berck-Merlimont, pour l’expression des types forestiers du système dunaire nord atlantique et ce, d’autant plus qu’il s’agit ici de plus vieilles forêts, dans des conditions géomorphologiques et édaphiques d’une grande complexité.
Cette diversité phytocénotique est illustrée par la présence d’au moins trente végétations déterminantes de ZNIEFF au sein de ce vaste ensemble dunaire
L’intérêt floristique de ce site est également majeur avec notamment de très nombreuses espèces des systèmes dunaires régionaux dont plusieurs rares et protégées par la loi. Au total, 89 taxons déterminants de ZNIEFF sont présents dont 23 protégés dans le Nord-Pas de Calais et trois au niveau national (Crambe maritima, Pyrola rotundifolia var. arenaria et Viola saxatilis subsp. curtisii).
Certaines de ces espèces sont particulièrement remarquables et méritent attention comme les quelques taxons suivants : Souchet long (Cyperus longus subsp. longus), rarissime en Nord-Pas de Calais puisque c’est une des deux seules stations connues et la plus importante en individus et en surface. Dans ce contexte, cette espèce est isolée de son aire de répartition naturelle, plus méridionale ; Sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum), très rare dans la région ; Renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus) qui a fortement régressé depuis un siècle dans le nord de la France. Protégée dans le Nord-Pas de Calais, elle est dispersée çà et là sur la façade littorale ; Petit Houx (Ruscus aculeatus), très rare et essentiellement présent au niveau de quelques stations dans le Boulonnais. Il y atteint son extrême limite septentrionale ; Véronique de Vahl (Veronica orsiniana), protégée dans le Nord-Pas de Calais. On la rencontre essentiellement sur le littoral de la Côte d’Opale ; Panicaut maritime (Eryngium maritimum), "chardon" emblématique des dunes littorales, protégé dans le Nord-Pas de Calais.
40 espèces déterminantes de faune et deux espèces complémentaires ont été recensées sur cette ZNIEFF : cinq espèces d’Amphibiens, huit espèces de Rhopalocères, quatre espèces d’Orthoptères, une espèce d'Odonate, une espèce de coccinelle, deux espèces de Mollusques, deux espèces de mammifères et dix-sept espèces d’Oiseaux.
Parmi les Amphibiens présents sur le site, la Rainette verte, est inscrite à l’Annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore. Elle est principalement localisée le long du cordon littoral, dans les pannes dunaires et les mares voisines du littoral (GODIN, 2003). Le Triton crêté, également observé sur le site, est protégé au niveau européen. Le fait que ces deux espèces soient quasi menacées avec une tendance d'évolution des populations en diminution dans Nord – Pas de Calais (GODIN & QUEVILLART, 2015) leur confère une importance particulière en termes de conservation. Le Crapaud calamite et le Pélodyte ponctué sont deux espèces principalement inféodées au littoral (milieu dunaire) et au bassin minier (GODIN, 2003). L'Alyte accoucheur est une espèce pionnière préférant les milieux à formations végétales ouvertes (affleurement rocheux, éboulis, plages de gravier ou de sable, etc.) qui trouve des habitats favorables dans les milieux dunaires.
Le cortège de Rhopalocères déterminants observés sur les Dunes d’Ecault et de Condette comprend des espèces typiques du milieu dunaire. Parmi ceux-ci, le Petit nacré (Issoria lathonia) et l'Agreste sont assez rares du fait de leur confinement au cordon littoral. L’Hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), observée généralement dans les prairies maigres et les pelouses, est aussi rare dans le Nord-Pas de Calais(LAFRANCHIS, 2000 ; HAUBREUX, 2011).
Quatre autres espèces, bien que non strictement liées aux milieux littoraux trouvent des habitats favorables ici. La Thécla du bouleau qui est plutôt inféodée aux milieux où poussent sa plante-hôte principale, le Prunellier (haies, lisières, broussailles). La Grande tortue s'observe surtout dans les bois clairs et le long des lisières forestières. La Thècle de la ronce est une espèce qui apprécie les lisières, les prairies bocagères, les landes et les milieux broussailleux. Enfin le Demi-Deuil est une espèce typique des pelouses et prairies maigres (LAFRANCHIS, 2000).
Les trois espèces d'orthoptères déterminantes présentes dans les Dunes d’Ecault et de Condette sont des espèces typiques des milieux dunaires. Le Gomphocère tacheté est une espèce assez rare dans le Nord – Pas de Calais, confinée au littoral et au bassin minier (CABARET, 2010). C'est une espèce principalement inféodée aux milieux secs et pauvres en végétation (dunes, terrils, etc.) (BELLMANN et al., 2009). Le Grillon champêtre est une espèce rare dans le Nord – Pas de Calais, inféodée aux milieux prairiaux à pelouse rase (BELLMANN et al., 2009). Le Tétrix des vasières est également une espèce des zones humides assez rare dans le Nord – Pas de Calais mais qui préfère les sablières humides et les vasières (BELLMANN et al., 2009).
Les Odonates présentent également un intérêt important par la présence d'une espèce déterminante, la Leucorrhine à gros thorax et deux espèces complémentaires, la Leucorrhine rubiconde et le Caloptéryx vierge. La Leucorrhine à gros thorax et la Leucorrhine rubiconde sont des espèces respectivement exceptionnelles et très rares dans le Nord – Pas de Calais. Elles se reproduisent dans des eaux stagnantes pauvres en poissons (GRAND & BOUDOT, 2006). Le Caloptéryx vierge colonise quant à lui les eaux courantes sans pollution. Cette espèce disparaît rapidement en cas de pollution organique (GRAND & BOUDOT, 2006).
Les dix-sept espèces d'oiseaux déterminantes correspondent au cortège d'espèces d'oiseaux des massifs dunaires et se partagent les différents habitats présents dans les dunes d’Ecault et de Condette. Le Pic noir, assez rare dans le Nord – Pas de Calais a besoin de vastes surfaces boisées avec des arbres âgés et du bois mort en abondance. Parmi les autres oiseaux forestiers, nous trouvons la mésange noire (forêts de conifères, rare dans le Nord – Pas de Calais), le Pouillot siffleur (vieilles forêts) ou le Bouvreuil Pivoine (zones boisées avec un sous-bois dense). L'Alouette lulu et le Traquet motteux (respectivement très rare et rare dans le Nord – Pas de Calais) vivent dans des habitats ouverts à végétation rase et clairsemée. L'Engoulevent d'Europe (rare dans le Nord – Pas de Calais), le Pipit des arbres, Linotte mélodieuse, le Bruant jaune, le Pouillot fitis, la Fauvette grisette ou encore le Tarier pâtre s'installent par contre de préférence dans des habitats ouverts, plus ou moins embroussaillés (MNHN, 2012 ; CFR, 2016).
Le périmètre de la ZNIEFF correspond à l’ensemble du massif dunaire entre les communes d’Equihen (Equihen-Plage) et de Neufchâtel-Hardelot (Hardelot-Plage). Une extension du périmètre a été réalisé en 2010 vers le Nord-Est afin d’intégrer une population de Renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus), une espèce très rare et protégée dans le Nord-Pas de Calais.