Le Plateau de Sorrus/St-Josse correspond à une butte argilo-sableuse relictuelle coiffée de cailloutis, de silex et de sables argileux dont le "feuilletage stratigraphique" est à l’origine des différentes nappes perchées alimentant un réseau complexe de ruisseaux temporaires ou permanents, pour la plupart intraforestiers, et des écoulements superficiels le long de versants festonnés souvent abrupts.
Ainsi, le système acidiphile hydromorphe est certainement le mieux représenté, avec en particulier la plus belle lande hygrophile nord-atlantique sur sol paratourbeux (groupement à Genista anglica et Erica tetralix) de la région, associée à tout un cortège d’habitats oligo-mésotrophiles amphibies (herbiers flottants de l’Hyperico elodis-Potametum oblongi, végétations annuelles ouvertes du Centunculo minimi - Radioletum linoidis, végétations vivaces pionnières du Drosero intermediae-Rhynchosporetum albae …) et hygrophiles (pelouses intraforestières du Carici oedocarpae - Agrostietum caninae, moliniaies acidiphiles du Junco acutiflori - Molinietum caeruleae, Aulnaie-Boulaie à sphaignes et Osmonde royale du cf. Sphagno palustris - Alnetum glutinosae, probablement intermédiaire entre cette association et le Blechno spicantis - Betuletum pubescentis récemment décrit, toutes particulièrement rares et menacées, même si leur structuration spatiale et leur composition floristique ne sont pas toujours optimales.
Les systèmes forestiers qui occupent aujourd’hui une grande partie du plateau et des versants recèlent également plusieurs habitats de la Directive, les plus originaux et les plus représentatifs étant probablement la Chênaie à Molinie bleue (Molinio caeruleae - Quercetum roboris), très typique sur ce site et ponctuée de nombreuses mares dans la partie sommitale humide à nappe perchée fluctuante, et les nombreux vallons digités bordés dans leurs parties médiane et aval par la Frênaie rivulaire atlantique à Laîche espacée (Carici remotae - Fraxinetum excelsioris) qui apparaît ici sous ses différentes variations dont une très développée, à Chrysosplenium oppositifolium, liée aux résurgences des nappes perchées aux eaux plus ou moins acides.
Sur le plan des espèces, l’intérêt du site est exceptionnel et celui-ci est reconnu, à ce titre, comme un des sites naturels majeurs de la région, malheureusement affecté par le passage de l’autoroute A 16 qui en a perturbé une partie du fonctionnement écologique et hydrogéologique et ce, malgré certains aménagements spécifiques négociés à l’époque de sa construction. Ce site de Saint-Josse recèle 46 taxons déterminants de ZNIEFF dont 21 protégés dans la région et une espèce protégée au niveau national (Drosera rotundifolia).
La qualité et la rareté du complexe acidiphile oligo-mésotrophile est exceptionnelle pour les plaines crayeuses du nord-ouest de la France, celui-ci hébergeant un contingent important d’espèces menacées d’intérêt patrimonial majeur, certaines rarissimes et parfois en station unique.
Ainsi, ce complexe landicole est le seul site régional pour plusieurs espèces du plus haut intérêt, ces plantes étant réapparues, parfois après une éclipse de plus de 30 ans, suite à d’importants travaux de restauration coordonnés par le Conservatoire des sites naturels, gestionnaire des communaux du site:
· le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) ;
· le Rhynchospore brun (Rhynchospora fusca) ;
· le Scirpe d’Allemagne (Scirpus cespitosus subsp. germanicus) ;
· le Millepertuis des marais (Hypericum elodes).
Parmi les autres espèces exceptionnelles à très rares protégées en France ou dans la région, signalons plus particulièrement :
· le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé en France ;
· la Radiole à feuilles de lin (Radiola linoides), présente sur les sentiers siliceux ;
· le Genêt d’Angleterre (Genista anglica) ;
· le Jonc squarreux (Juncus squarrosus) ;
· le Lycopode en massue (Lycopodium clavatum) ;
· l’Osmonde royale (Osmunda regalis).
Le site se caractérise par une diversité de sols et donc d’habitats (prairies, landes, milieux préforestiers et forestiers, mares intraforestières et secteurs plus humides), favorable au développement de diverses espèces faunistiques : 5 espèces déterminantes d’Amphibiens, 2 de Reptiles, 5 de Lépidoptères, 9 d’Odonates, 8 d’Orthoptères, 1 de Mollusques, 3 de Mammifères et 6 espèces d’Oiseaux déterminantes de ZNIEFF sont présentes sur le site.
Le site abrite 4 des 5 espèces de Reptiles présentes en région Nord- Pas de Calais, dont une des populations les plus importantes de Couleuvre à collier, espèce principalement observée en milieux humides et favorisée sur le site par l’abondance d’Amphibiens (CSN, 1998). Le Lézard vivipare est également présent sur le site avec des effectifs relativement importants, principalement dans les milieux les plus ouverts. La Vipère péliade a été observée jusque récemment au Nord du Communal de Sorrus (données 1995-1996). Elle est également observée dans les landes du Moulinel tant dans les milieux humides (marais, tourbières, prairies humides) que secs (landes, pelouses sèches, etc.).
L’intérêt du site est également batrachologique avec la présence du Triton crêté, menacé au niveau européen mais néanmoins assez commun en Nord-Pas de Calais, d’où l’importance des populations régionales en terme de conservation. La Rainette verte se reproduit également sur le site.
La plupart des Odonates se reproduisent dans les plans d’eau qui parsèment le plateau de Sorrus-Saint-Josse. Parmi les 9 espèces déterminantes présentes, le site abrite l’Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens), très rare en région et en position d’isolat, l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), rare régionalement, et la Libellule fauve (Libellula fulva), assez rare dans le Nord-Pas de Calais. Le site abrite également un Orthoptère très rare en région, la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera) qui vit principalement dans les landes sèches et humides mais aussi dans les prairies à Molinie où la végétation est assez haute. Les espèces d’Odonates et de Rhopalocères présentes dans la liste ont été observées au moins une fois mais ne sont pas nécessairement régulières.
Le site, avant la fermeture progressive des milieux ouverts, abritait l’Engoulevent d’Europe, espèce nichant dans les boisements jeunes et clairs, et l’Alouette lulu, tout deux encore observés il y a une vingtaine d’années. Ces deux espèces sont inscrites dans l’Annexe I de la Directive Oiseaux et sont respectivement assez rares (32 à 60 couples) et rares (3 à 10 couples) en région (CSN, 1998).
Une extension est proposée à l’Est afin d’englober un complexe de bois et de talus boisés. Le dénivelé prononcé permet la cohabitation de divers types forestiers, dont la Hêtraie à Jacinthe des bois (Endymio non - scriptae - Fagetum sylvaticae), la forêt de ravin à Polystichum setiferum (Phillytido scolopendrii - Fraxinetum excelsioris) ou la Frênaie à Adoxe moschatelline des bas de versant (Adoxo moschatellinae - Fraxinetum excelsioris). Cette extension comprend également deux espèces déterminantes d’Amphibiens (Crapaud calamite dans les carrières et Rainette verte).
Une extension est également proposée à l’ouest du site pour englober un petit ensemble bocager hébergeant Montia minor, quelques mégaphorbiaies du Junco acutiflori - Filipenduletum ulmariae et une végétation fragmentaire du Juncion acutiflori. La Rainette verte est également présente dans cette extension.