ZNIEFF 310007255
Watergangs des Attaques et d'Andres et Lac d'Ardres

(n° régional : 00000027)

Commentaires généraux

Ce site est localisé dans le fond de la dépression d’Ardres. Ce paysage d’un grand intérêt est marqué par la présence d’un réseau dense de fossés, mares et watergangs. Le Lac d’Ardres (64 hectares) est l’élément paysager le plus marquant. Historiquement fortement marqué par la main de l’homme, il est constitué de trois étangs principaux nés de l’ancienne exploitation de la tourbe qui s’est prolongée jusqu’au milieu du 19ème siècle. L’allée centrale, longue de 2 km, ancien chemin des tourbiers, sépare le grand lac des étangs du Palentin et du Vivier. Actuellement, à cause d’un important attrait touristique, le lac d’Ardres est en majeure partie aménagé. Sur l’ensemble de sa surface, cette ZNIEFF est constituée de végétations fortement influencées voire dégradées par l’homme (agriculture intensive, fréquentation...). La végétation des plans d’eau forme un grand complexe de végétations des eaux mésoeutrophes à eutrophes. La végétation aquatique est relativement fragmentaire avec quelques îlots d’herbier à Nymphaea alba (Nymphaeo albae - Nupharetum luteae). Des végétations nitrophiles rudérales parsèment régulièrement le pourtour des lacs. Les anneaux de terres boisées ainsi que les zones d’atterrissement abritent encore en de rares endroits une certaine richesse floristique et phytocénotique La plupart des espèces des watergangs n’ont pas été revues récemment. Les données floristiques présentes sur la fiche de la ZNIEFF 1ère génération faisaient suite à une étude approfondie des Watergangs ; il est probable qu’un certain nombre d’entre elles soient toujours présentes mais seule une étude complète de l’ensemble du réseau de watergangs permettrait de connaître l’état actuel de la flore et des phytocénoses de ce milieu. A l’échelle du site la végétation des prairies est très appauvrie. Toutefois, les rares prairies inondables relictuelles abritent encore des végétations et une flore remarquables. Ainsi la prairie inondable relevant de l’Eleocharito palustris - Oenanthetum fistulosae est encore par endroit bien exprimée. Parmi les espèces les plus intéressantes du site, signalons plus particulièrement le Troscart des marais (Triglochin palustre), la Véronique en écusson (Veronica scutellata). Le Peucedan des marais (Thysselinum palustre) présente une belle population sur une surface très restreinte. Parmi ces taxons, remarquons également la présence de l’Epipactis des marais (Epipactis palustris), espèce protégée dans la région. Bien représentée dans les pannes dunaires et marais arrière-littoraux, elle est devenue très rare à l’intérieur des terres. La conservation de ce taxon revêt un enjeu important. Au total, huit syntaxons et une vingtaine de taxons déterminants de ZNIEFF sont présents sur le site dont, pour la flore, 12 protégés au niveau régional. Cette ZNIEFF comprend d’anciens bassins de décantation et de lagunage entourés de roselières associée à une végétation arbustive plus ou moins présente. Ces ensembles sont particulièrement attractifs pour l’avifaune nicheuse, mais également hivernante ou de passage. Les secteurs de cultures ont également un intérêt en tant que zone d’alimentation. Une espèce déterminante d’Odonate est présente sur le site : le Sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii), classé assez rare au niveau régional (GODIN et al., 2003). On peut également noter l’observation de l’Anax napolitain (Anax parthenope), très rare en région (GODIN et al., 2003), bien que non évalué comme espèce déterminante en l’absence de preuves d’autochtonie sur le territoire régional. La ZNIEFF accueille également une espèce déterminante d’Orthoptère : le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) qui est fortement menacé d'extinction dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (SARDET & DEFAUT, 2004). Concernant l’avifaune, douze espèces déterminantes nicheuses ont été observées dans le périmètre de la ZNIEFF : quatre pour lesquelles la nidification est probable à certaine et huit nicheurs possibles. Quatre couples de Busards des roseaux nichent sur le site dans les roselières des bassins de Pont d’Ardres et des Attaques, qui constituent leur habitat primaire de nidification. L’espèce tend également à se reproduire dans des habitats de subtitution : les friches et les cultures (TOMBAL [coord.], 1996). Le Busard des roseaux est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux et il est classé vulnérable dans la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2008). Deux couples de Mouettes mélanocéphales ont été observés sur le site au sein d’une colonie de Mouettes rieuses, comportement fréquemment observé chez l’espèce. Elle fréquente les eaux calmes et peu profondes et nidifie sur des îlots (CSN, 2009). Le Canard chipeau et le Grèbe à cou noir sont tous deux nicheurs sur le site, ils sont assez rares au niveau régional (TOMBAL [coord.], 1996). Le Grèbe à cou noir est observé au niveau de plans d’eau de taille moyenne à végétation rivulaire et faune aquatique abondantes. L’espèce niche également sur des îlots, au sein de colonies de Mouettes rieuses et bénéficie ainsi de leur protection (CSN, 2009). Avec 41 couples de Grèbes à cou noir observés en 2009 au niveau des bassins des Attaques, cette ZNIEFF représente un site majeur de reproduction dans la région (CSN, 2009). Le Canard chipeau fréquente des habitats diversifiés : plans d’eau profonds, marais à végétation abondante, prairies inondées et rivières et fleuves à débit lent. Ce canard niche en région depuis 1981, avec un nombre de nidifications assez faible au moins jusqu’en 1995 (de 0 à 7) (TOMBAL [coord.], 1996). Une progression est observée depuis quelques années, tant au niveau régional que sur le site où sept familles ont été observées en 2009 (CSN, 2009). Quelques espèces peuvent également être citées bien que n’ayant pas fourni d’indices de nidification probables et certains. Le Blongios nain, nicheur possible sur le site, est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, il est quasi-menacé à l’échelle nationale (UICN France et al., 2008). La Locustelle luscinioïde est classée en danger dans la Liste rouge nationale et les Sarcelles d’hiver et d’été sont identifiées comme étant vulnérables dans cette même liste (UICN France et al., 2008). Le site accueille également une avifaune hivernante et de passage diversifiée. Le site sert de halte migratoire régulière pour 143 espèces, dont, pour les plus remarquables, le Phragmite aquatique, la Barge à queue noire, la Bécassine des marais, le Combattant varié ou la Spatule blanche. 50 espèces hivernent régulièrement sur le site, dont 21 sont considérées comme patrimoniales (CSN, 2009). Trois espèces déterminantes de Chiroptères ont également été observées dans le périmètre de la ZNIEFF. Parmi elles, deux sont classées quasi-menacées dans la Liste rouge nationale : la Pipistrelle de Nathusius et la Noctule commune (UICN France et al., 2009), inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitats. A l’échelle régionale, la Pipistrelle de Nathusius est peu commune, la Noctule commune est classée assez rare et la Pipistrelle pygmée est exceptionnelle (FOURNIER [coord.], 2000). Le territoire de chasse de cette dernière est généralement constitué de forêts claires, de clairières ou de lisières, à proximité de l’eau (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de cette ZNIEFF correspond à un petit massif dunaire fossile attenant au littoral. Il s’étend sur la rive gauche du cours inférieur du Ruisseau de Selles, qui se jette directement dans la Manche. Il s’inscrit dans un triangle délimité par trois zones urbaines : Audresselles, Ambleteuse et le Hameau de Raventhun. Une extension du périmètre à l’Est du site a été réalisée pour intégrer des ourlets et des petites pelouses acidiclines (continuité et fonctionnalité écologiques) abritant plusieurs taxons déterminants de ZNIEFF tels que le Corynephore blanchâtre (Corynephorus canescens), la Jasione des montagnes (Jasione montana) et l’Ornithope délicat (Ornithopus perpusillus). Une extension au Nord-ouest intègre une portion du rivage sableux avec deux espèces protégées en France, le Crambe maritime (Crambe maritima) et l’Elyme des sables (Leymus arenarius), ainsi qu’une espèce protégée dans la région, le Panicaut maritime (Eryngium maritimum).