Les pelouses crayeuses de Wavrans et Elnes s’étendent sur le flan exposé au sud de la vallée de l’Aa. Elles appartiennent au vaste complexe écologique formé par la moyenne vallée de l’Aa et ses versants. Les Monts d’Elnes et de Wavrans représentent la partie méridionale du promotoire crayeux au pied duquel serpente l’Aa à partir de Remilly-Wirquin. Leurs pentes abruptes couvertes d’une mosaïque de pelouses voilées de genévriers et d’arbustes divers constituent un complexe paysager exceptionnel témoignant des anciens parcours à moutons qui jalonnaient autrefois la plupart des versants crayeux de l’Artois et du Boulonnais. Les coteaux de Wavrans et Elnes représentent ainsi un excellent exemple de vestige de l’exploitation rurale adaptée, au cours des siècles, aux fortes contraintes écologiques des versants de l’Aa. Le pâturage extensif et itinérant des pentes, les cultures épisodiques, au moins sur les sommets, ont donc façonné pendant des siècles cet ensemble exceptionnel de coteaux, dominé par des pelouses calcicoles de grand intérêt patrimonial ponctuées de Genévrier commun. Le climat local et la géomorphologie du site ont donné aux pelouses une forte originalité végétale : elles font partie des rares pelouses du Nord-Pas de Calais à avoir conservé un caractère thermophile typique des pelouses méridionales. De plus, la présence de plantes indicatrices de conditions climatiques à affinités submontagnardes, telle que l’Épipactis brun rouge (Epipactis atrorubens), renforce également leur originalité. Parmi les végétations pelousaires les plus intéressantes et originales pour la région, citons la pelouse mésophile à Fétuque de Léman (Avenulo pratensis - Festucetum lemanii), s’exprimant sous diverses formes le long d’une grande partie du coteau de craie tandis que la pelouse mésohygrophile à Parnassie des marais (Parnassio palustris - Thymetum praecocis) se cantonne sur les craies très marneuses du bas de versant. La série de végétations de ce site abrite un nombre considérable d’espèces d’intérêt patrimonial comme le Spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis), l’Acéras homme-pendu (Orchis anthropophora), la Parnassie des marais (Parnassia palustris), le Gaillet couché (Galium pumilum), le Tétragonolobe siliqueux (Lotus maritimus)…. L’originalité de la flore du site réside également en la présence d’espèces d’éboulis comme le Gaillet de Fleurot (Galium fleurotii) et, peut-être, le Liondent des éboulis (Leontodon cf. hyoseroides) qui nécessiterait une confirmation, ces taxons (et d’autres endémiques de Haute-Normandie) étant bien plus représentés plus au sud, dans la vallée de la Seine. L’originalité taxonomique et génétique des populations de ces deux espèces mériterait d’être explorée sur le site de Wavrans. Cette ZNIEFF accueille donc une petite dizaine d’habitats déterminants de ZNIEFF dont 3 présents dans l’extension proposée et 27 espèces déterminantes de ZNIEFF. Les Pelouses crayeuses de Wavrans et Elnes constituent une remarquable mosaïque paysagère constituée de pelouses ponctuées d’arbustes divers, à l’origine d’une entomofaune très diversifiée. Parmi les dix espèces déterminantes de Rhopalocères identifiées dans le périmètre de la ZNIEFF, le Soufré (Colias hyale), espèce très rare au niveau régional, est un papillon migrateur dont l’autochtonie régionale n’a, à ce jour, pas été démontrée. L’Hespérie du chiendent (Thymelicus acteon), dont le statut est défavorable au niveau européen (VAN SWAAY & WARREN, 2000), est peu commune en région (HAUBREUX [coord.], 2005). Cette hespérie, tout comme l’Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius), classée rare dans la région, est inféodée aux prairies maigres et pelouses sèches (LAFRANCHIS, 2000). Trois espèces sont assez rares dans le Nord – Pas-de-Calais : l’Argus frêle (Cupido minimus), le Point-de-Hongrie (Erynnis tages) et la Thécla du bouleau (Thecla betulae). Cinq espèces déterminantes d’Orthoptères sont présentes sur le site. Parmi elles, le Dectique verrucivore (Decticus verrucivorus), identifié comme étant exceptionnel en région (FERNANDEZ et al., 2004) et fortement menacé d’après la Liste rouge française pour le domaine némoral (atlantique au sens large) (SARDET & DEFAUT, 2004). Le Criquet verdelet (Omocestus viridulus) et le Grillon champêtre (Grillus campestris) sont respectivement très rare et rare à l’échelle régionale (FERNANDEZ et al., 2004). Le Grillon champêtre affectionne les endroits secs et ensoleillés, à pelouse rase (COUVREUR & GODEAU, 2000). Il n’a pas été recontacté depuis. L’Oreillard roux est inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats, il est peu commun au niveau régional (FOURNIER [coord.], 2000). Cette espèces anthropophile (FOURNIER [coord.], 2000) est principalement contactée en milieux forestiers et dans les vallées alluviales (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).
Le périmètre longe la vallée alluviale de l’Aa et intègre un réservoir biologique pour son intérêt piscicole.