ZNIEFF 310007263
Pelouses crayeuses de Nabringhen et Mont St-Sylvestre

(n° régional : 00350001)

Commentaires généraux

Ces pelouses appartiennent au vaste ensemble écologique linéaire constitué par la cuesta du Boulonnais. Cet ensemble de pelouses calcicoles marque le rebord septentrional de la « falaise » de craie enserrant la cuvette herbagère du Bas Boulonnais. Le promontoire crayeux aux formes arrondies du Mont St-Sylvestre offre un beau point de vue sur le bocage boulonnais. Ces sites présentent toutes les caractéristiques des anciens parcours à moutons qui jalonnent la cuesta du Boulonnais. Voilées de Genévriers aux apparences diverses, ces « reliques ethnopastorales » (V. BOULLET) témoignent de paysages millénaires conservés jusqu’à nos jours mais très menacés aujourd’hui par les mutations du monde agricole. Il s’agit d’un des éléments majeurs du complexe des pelouses de la cuesta du Boulonnais dont l’intérêt floristique et phytocoenotique est ici associé à un intérêt géologique et géomorphologique exceptionnel. L’originalité et la valeur du site sont illustrées par toute une série de végétations calcicoles dont de remarquables pelouses rases et lisières herbacées thermophiles hébergeant un cortège de plantes particulièrement rares ou menacées à l’échelle régionale. Le Mont St-Sylvestre est un coteau magnifique, surtout au printemps lorsque des centaines de pieds d’orchidées ponctuent de façon remarquable les pelouses rases, pâturées et écorchées par le bétail. La flore hébergée par ces coteaux fait partie des plus typiques et des plus vulnérables de ce type d’écosystème au sein de la région. On y rencontre une trentaine de taxons déterminants de ZNIEFF dont, parmi les plus rares, l’Euphorbe à larges feuilles (Euphorbia platyphyllos), l’Euphraise officinale (Euphrasia officinalis), le Thym couché (Thymus praecox subsp. praecox), le Rhinanthe du calcaire (Rhinanthus minor subsp. calcareus), taxon exceptionnel dont l’existence dans le Nord-Pas de Calais est ainsi confirmée… Ils abritent une grande diversité phytocénotique, de par les différentes influences anthropiques : pâturage, fauche, abandon pastoral, bermes routières crayeuses fauchées… On retrouve ainsi toute la série dynamique calcicole : pelouses et pelouses-ourlets calcicoles endémiques du Boulonnais (Thymo britannici - Festucetum hirtulae, Succiso pratensis - Brachypodietum pinnati), ourlets sur sols plus ou moins frais dont le Bunio bulbocastani - Brachypodietum pinnati très rare et vulnérable dans la région, et les manteaux calcicoles à Genévrier commun (Juniperus communis subsp. communis), présents soit en voile au sein des pelouses, soit plus évolués. Au total, cette ZNIEFF compte une dizaine de végétations déterminantes ce qui justifie parfaitement son statut. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles ces pelouses sont intégrées au réseau Natura 2000 (« Pelouses et bois neutrocalcicoles des cuestas du Boulonnais et du Pays de Licques et forêt de Guînes »). L'essentiel de l'intérêt faunistique du site se concentre sur les coteaux au sud-est de la ZNIEFF ainsi que sur le fond de vallée. Cet ensemble de pelouses calcicoles accueille huit espèces déterminantes de Rhopalocères fréquentant des milieux ouverts ou semi-ouverts. Le Damier de la Succise (Euphydrias aurinia), inscrit en Annexe II de la Directive Habitats et protégé au niveau national, a été observé sur le site en 2000. A l’échelle régionale, cette espèce, classée très rare (HAUBREUX [coord.], 2009), est présente sur les coteaux secs du Pas-de-Calais et dans l’Avesnois. L’Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius), rare dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2009), est présent dans l’Ouest de la région. Cette espèce fréquente les pelouses sèches, les prairies maigres et les landes ouvertes (LAFRANCHIS, 2000). Egalement observé dans le contour de la ZNIEFF, le Point-de-Hongrie (Erynnis tages) est assez rare dans la région (HAUBREUX [coord.], 2009). Les ruisseaux de la vallée et leurs annexes abritent deux espèces déterminantes remarquables d'Amphibiens pour la Région, dont le Triton crêté, inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitats. Son statut assez commun en région confère aux populations du Nord – Pas-de-Calais un intérêt particulier en terme de conservation (GODIN, 2003). La Rainette arboricole, principalement observée le long de la frange littorale, est peu commune en région (GODIN, 2003). L’habitat primaire de cette espèce est constitué par les mares voisines du littoral et les pannes dunaires (GODIN, 2003).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre initial de la ZNIEFF a été rogné au sud afin d’en exclure les nombreuses parcelles de cultures situées en bas de pentes du Mont de Brunembert. Par contre, le périmètre a été étiré le long de la Côte Quarrée jusqu’au Mont Caboche. La partie centrale de l’extension est sans grand intérêt floristique en raison de l’existence d’un pâturage intensif, de plantations de ligneux et de cultures. Cependant, elle est intégrée au périmètre pour la continuité géomorphologique de la ZNIEFF avec la Côte Duwicques et le Mont Caboche qui sont beaucoup plus intéressants avec la subsistance de complexes dynamiques de végétations typiques des coteaux crayeux qui abritent une flore très diversifiée et déterminante de ZNIEFF : Parnassie des marais (Parnassia palustris), Gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica), Genévrier commun (Juniperus communis subsp. communis), Dactylorhize de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii), Trèfle intermédiaire (Trifolium medium), Avénule des prés (Avenula pratensis)… L’extension, qui prolonge la ZNIEFF au sud-est, est justifiée par la présence de deux espèces de Rhopalocères, dont le Demi-deuil (Melanargia galathea).