ZNIEFF 310007273
Forêt et Pelouse de Montcavrel

(n° régional : 00420002)

Commentaires généraux

La forêt de Montcavrel est l’un des rares grands massifs forestiers du Montreuillois. Il se situe dans le Haut Pays d’Artois, dans un secteur de plateau densément disséqué par un réseau de vallées pérennes et de vallées sèches, à la charnière de trois bassins versants : la Baillonne au nord, la Course à l’ouest et la Bimoise au sud/sud-est. Il constitue un des éléments incontournables des paysages remarquables du bassin-versant de la Course auxquels il apporte son empreinte perceptible de très loin depuis certains points de vue. Il s’agit d’une forêt caducifoliée entourée de zones de cultures et de quelques prairies. Les boisements atlantiques - hêtraies à Jacinthe des bois sur les buttes et sommets de pente (Endymio non-scriptae - Fagetum sylvaticae, boisements à Mercuriale vivace sur les versants (Mercuriali perennis - Aceretum campestris), probablement tous deux présents sous diverses variations écologiques qui restent à étudier - sont localisés, dans la région, aux affleurements crayeux des collines de l’Artois et aux limons qui les masquent en haut de versant et sur les plateaux. Ils occupent ici une superficie importante. On peut aussi rencontrer des chênaies-frênaies mésohygrophiles de l’Adoxo moschatellinae – Fraxinetum excelsioris en bas de pente et des individus d’aulnaie-frênaie, dont l’appartenance phytosociologique reste à préciser, en fond de vallon. Au sud-ouest, la ZNIEFF se prolonge sur le coteau crayeux des Communes qui présente une végétation ouverte sur les secteurs très pâturés, tandis que la partie méridionale est fortement embroussaillée. Au moins sept végétations déterminantes de ZNIEFF ont été recensées, reflétant la diversité des milieux : pelouses basophiles (Avenulo pratensis - Festucetum lemanii ; ourlets et manteaux arbustifs mésoacidiphiles (Veronico chamaedryos - Stellarietum holosteae ; Ilici aquifolii - Prunetum spinosae) des hauts de versants et plateaux sur limons à silex décalcifiés, boisements atlantiques à Jacinthe des bois (Endymio non-scriptae - Fagetum sylvaticae) et à Mercuriale vivace (Mercuriali perennis - Aceretum campestris) et prairies hygrophiles intraforestières, les fragments observés relevant des Molinietalia caeruleae. La végétation patrimoniale regroupe 19 espèces déterminantes dont 7 protégées dans la région Nord-Pas de Calais. Trois taxons sont très rares à l’échelle régionale. Une population importante de Cardamine à bulbilles (Cardamine bulbifera), est à noter dans ce massif boisé ; il s’agit d’une espèce submontagnarde protégée dans la région, où elle est inféodée aux forêts des hautes terres artésiennes. Des mesures préventives devraient être prises pour assurer sa conservation (proximité de la route induisant des risques divers). Une petite station d’Epipactis pourpré (Epipactis purpurata), autre espèce très rare, a été observée dans une hêtraie, ainsi que le Grémil des champs (Lithospermum arvense), une plante messicole, dans les cultures voisines. Cinq taxons sont rares dans la région. L’unique station de Lys martagon régionale signalée autrefois en forêt de Montcavrel n’a pas été revue au cours des recherches pour l’actualisation de la ZNIEFF. L’Orchis mâle (Orchis mascula) et la Primevère acaule Primula vulgaris) se maintiennent sur le coteau crayeux avec le Genévrier commun (Juniperus communis). Tous trois sont protégés dans la région. La forêt de Montcavrel présente un intérêt faunistique lié à la présence de deux espèces déterminantes de Rhopalocères : le Collier de corail (Aricia agestis) et l’Azurée des nerpruns (Celastrina argiolus), toutes deux peu communes dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX, 2005). Le Collier de corail est principalement observé dans les prairies maigres, les pelouses sèches, les lisières et les bois clairs (LAFRANCHIS, 2000). Le site accueille également plusieurs espèces de rapaces nicheurs et hivernants dont une espèce déterminante : le Busard Saint-Martin qui est nicheur possible dans le périmètre de la ZNIEFF. Cette espèce assez commune en région (TOMBAL et al., 1996) est inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux. La forêt est soumise à exploitation sylvicole. L’exploitation des bois donne lieu à des coupes d’éclaircissement parfois importantes et certains secteurs témoignent d’une rudéralisation de la végétation herbacée. Une faible superficie est plantée en résineux à l’ouest (l’Angle de la Carne). La chasse est aussi une activité significative : un élevage de faisans de chasse existe au coeur de la forêt. Pour sa part, le coteau, qui a une superficie limitée, souffre de la proximité des zones de cultures et présente les signes d’une exploitation inadaptée au maintien des éléments floristiques remarquables : surpâturage au nord-est et embroussaillement au sud-ouest. Cette dernière partie pourrait faire l’objet d’une gestion conservatoire afin de restaurer les pelouses calcicoles et maintenir la population de genévriers qui tend à disparaître sous les ronces et les arbustes plus compétitifs, le Groupement à Juniperus communis contemporain du pâturage extensif des décennies et siècles passés ayant quant à lui disparu.

Commentaires sur la délimitation

ZNIEFF de plateau, entrecoupé d’un double vallon divergent. Les pentes des versants des vallons sont constituées de craie du Turonien. Sur une de ces pentes (appendice sud-ouest), se développe un système de pelouse calcicole. Ailleurs, le sol est limoneux. Un bois occupe les pentes et la partie sommitale du plateau. Il est entouré de cultures intensives et de quelques prairies au lieu-dit la Vallée Glorian.

Réduction proposée pour exclure une partie des zones de culture qui représentaient une superficie excessive dans la ZNIEFF originale (pas d’espèces ni d’habitats patrimoniaux identifiés) et adapter la zone tampon à l’évolution des connaissances.