D’un intérêt écologique et biologique de niveau européen, ce grand système de dunes calcarifères récentes et de dunes plus anciennes ayant comblé naturellement une partie de l’estuaire et de la basse vallée de la Slack enserre de plus ou moins vastes dépressions humides marécageuses, en relation, côté Est et Sud, avec les prairies arrière-littorales du système alluvial de la basse Slack et les marais tourbeux non dunaires de la Warenne.
Cette ZNIEFF est concernée par les sites de l'inventaire régional du patrimoine géologique suivants :
- site n°NPC0008 intitulé « Formation tithoniennes des falaises de la Pointes aux Oies » de rareté Nationale pour sa stratigraphie ;
- site n°NPC0053 intitulé « Estuaire et massif dunaire de la Slack » de rareté Régionale pour sa géomorphologie.
Ainsi, de remarquables séquences de végétations peuvent-elles être observées depuis la dune bordière en extension (poulier de l’estuaire de la Slack) jusqu’au système interne totalement décalcifié, en grande partie occupé par le golf de Wimereux !
A cet égard, outre la présence de la plupart des habitats de la xérosère et de l’hygrosère dunaires nord-atlantique typiques des côtes de la Manche orientale (plus ou moins bien développés et structurés), il faut mentionner ici l’existence des communautés végétales littorales les plus originales, quelques-unes étant situées sur le DPM et d’autres rarissimes à l’échelle du territoire français : haut de plage graveleux du Beto maritimae -Atriplicetum glabriusculae ; bancs de galets avec végétation vivace du Crithmo maritimi -Crambetum maritimae, en limite septentrionale d’aire de répartition ; ourlets dunaires spatiaux du Carici arenariae - Silenetum nutantis des sables calcarifères, végétation de bas marais suspendus du Samolo valerandi - Caricetum vikingensis et communauté des sources et suintements carbonatés le long de la falaise, tous ces habitats étant par ailleurs d’intérêt communautaire.
D’autres végétations acidiphiles non spécifiquement dunaires ont été mentionnées mais, en raison de leur présence incertaine dans le périmètre actuel de la ZNIEFF, elles n’ont pas été reprises ici et restent donc à confirmer pour ce site.
Sur l'estran, deux communautés macrobenthiques intertidales de substrats meubles sont présentes :
- la communauté des sables intertidaux fins à moyens à amphipodes et Scolelepis spp. (A2.223) présente depuis les hauts niveaux jusqu’aux bas niveaux à la limite des basses mers de mortes eaux. Elle est caractérisée par les amphipodes du genre Bathyporeia, les isopodes Eurydice spp et le polychète Scolelepis squamata (Rolet et al., 2014).
- la communauté des sables fins intertidaux à polychètes et amphipodes (A2.23) caractéristique des bas niveaux de l’estran et s’étendant vers la zone subtidale. Les polychètes Nephtys cirrosa et Spio martinensis principalement et le mollusque bivalve Donax vittatus sont typiques de cet habitat (Rolet et al., 2014).
Les platier rocheux à la Pointe aux Oies et à la Pointe de la Rochette abritent plusieurs espèces d'intérêt patrimonial telles que les algues brunes Fucus vesiculosus et Fucus vesiculosus var linearis sur le médiolittoral moyen et Fucus serratus sur le médiolittoral inférieur et l'infralittoral. Il n'existe pas à ce jour de cartographie des communautés de macroalgues de la région, l'identification des espèces de macroalgues sur la zone étant issue des sources bibliographiques. L'estran rocheux abrite également des gisements naturels de moules (Mytilus edulis) sur le site de la Pointe aux Oies (12,49 ha) et Ailette (2,1 ha).
Vaste ensemble littoral d’une exceptionnelle diversité floristique, celui-ci n’abrite depuis 2000, pas moins de 134 taxons déterminants de ZNIEFF dont 36 protégés dans la région et six protégés en France qui sont :
- le Liparis de Loesel (Liparis loeselii), espèce également d’intérêt communautaire, qui est localisée dans les pannes dunaires ;
- la Pyrole maritime (Pyrola rotundifolia subsp. maritima). Protégée en France, elle est présente essentiellement au contact des fourrés à Saule rampant bordant les pannes dunaires et caractérise en général le Pyrolo rotundifoliae – Hippophaetum rhamnoidis, une association végétale menacée en France car très étroitement dépendante des fluctuations annuelles de la nappe phréatique des sables, celle-ci marquant le contact entre la xérosère et l’hygrosère des pannes ;
- la Violette de Curtis (Viola tricolor subsp. curtisii). Protégée en France, elle est typique des pelouses dunaires littorales sur sables calcarifères ;
- le Chou marin (Crambe maritima). Protégé en France et inscrit au tome 2 du livre rouge de la flore menacée de France, cette Brassicacée colonise les plages graveleuses et les cordons de galets ;
- la Grande douve, (Ranunculus lingua). Protégée en France, ce grand "bouton d’or" préfère le bord des eaux douces.
- la Renouée de Ray (Polygonum raii). Protégée en France, cette espèce se développe sur les hauts de plages graveleuses et les cordons de galets.
Parmi les taxons les plus rares et les plus menacés, il faut citer de nombreux autres taxons menacés ou protégés au niveau régional dont notamment :
· la Moenchie dressée (Moenchia erecta), minuscule plante annuelle pionnière thermophile de pelouses sur sables secs décalcifiés, exceptionnelle en Nord-Pas de Calais et connue uniquement sur le littoral boulonnais ;
· la Renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus) qui a fortement régressé depuis un siècle dans la région. Protégée régionalement, elle est dispersée çà et là sur la façade littorale ;
· l’Armoise maritime (Artemisia maritima), espèce exceptionnelle et menacée d’extinction strictement inféodée aux estuaires, a été observée il y a quelques années au niveau de l’estuaire du Wimereux mais elle n’a pas été revue dernièrement.
Remarquable par son étendue et la diversité de ses formations végétales, le complexe dunaire de la Slack joue un rôle important pour la faune. Il accueille en effet 34 espèces déterminantes dont 23 espèces d’oiseaux nicheurs, cinq d’Amphibiens, cinq de Lépidoptères, cinq d'Odonates, une d'Orthoptères et deux de Mammifères marins.
De nombreuses pannes dunaires accueillent un cortège d’espèces pionnières qui y trouvent des conditions particulièrement favorables à leur présence pérenne. On y trouve notamment le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) ou le Crapaud calamite (Bufo calamita), très localisés et quasi-menacés dans le Nord – Pas-de-Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014). La Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable dans le Nord – Pas-de- Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014) fréquente les mares voisines du littoral et les pannes dunaires à la végétation souvent arbustive. Tout comme les deux espèces précédentes, la Rainette trouve ici son habitat privilégié. Inscrit en Annexe II de la Directive Habitatsfaune- flore, le Triton crêté, quasi-menacé dans le Nord – Pas de Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014), montre par sa présence que le site peut jouer un rôle important dans sa conservation (GODIN, 2003).
La communauté entomologique semble mettre en évidence la spécificité du site. En effet, une part importante des espèces caractéristiques du littoral (à l’échelle du Nord – Pas de Calais) y ont été inventoriées. Citons par exemple les deux espèces de Lépidoptères Papilionoidea dans ce cas de figure : l’Agreste (Hipparchia semele) et la Mélitée du plantain (Melitaea cinxia), la première en déclin et quasi-menacée (HUBERT & HAUBREUX, 2014) et la seconde très rare dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX, 2010).
Egalement présent en majeure partie sur le littoral (mais pas exclusivement), le Petit Nacré (Issoria lathonia) est une espèce assez rare inféodée aux pelouses sèches. Parmi les Orthoptères, on trouve sur ce site le Gomphocère tacheté (Myrmeleotettix maculatus), majoritairement recensé sur la frange littorale où il privilégie, notamment dans les espaces dunaires, un substrat sec à végétation clairsemée.
Une remarquable diversité d’odonates a été identifiée, parmi lesquelles se trouve le Leste des bois (Lestes dryas), espèce se reproduisant dans les eaux stagnantes riches en hélophytes et possédant un indice de rareté exceptionnel puisque seulement quatre stations ont été identifiées dans le Nord – Pas de Calais (VANAPPELGHEM, 2014). Notons également que la présence d’immatures de Leste sauvage (Lestes barbarus) témoigne de la reproduction de cette libellule peu commune (VANAPPELGHEM, 2012) et en déclin à l’échelle régionale.
Chez les oiseaux, l'Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) est régulier et nicheur probable sur le site. Assez rare dans la région, il constitue ici une petite partie de la population régionale dont le noyau se situe en Plaine maritime picarde. Plusieurs couples de Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) s’installent chaque année dans l’estuaire de la Slack malgré une pression touristique élevée et un dérangement régulier. La colonie d’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) est d’autant plus remarquable qu’elle est sur le rivage, habitat typique de l’espèce.
L’estuaire du Wimereux (partie aval et amont jusqu’au stade de football, avec des végétations de prés salés, des roselières et des mégaphorbiaies halophiles a été ajouté en 2014 par rapport au périmètre de 1ère génération, dans sa partie Sud, pour son intérêt floristique et phytocénotique.
Plusieurs communautés et espèces végétales déterminantes de ZNIEFF et typiques des estuaires et prairies halophiles y ont été observées (Artemisia maritima, Atriplex littoralis, Spergularia marina, Bolboschoenus maritimus, Juncus gerardii, Oenanthe lachenalii, Oenanthe crocata, Althaea officinalis…).