La ZNIEFF des étangs et marais du Pont de Sains se situe dans l’Avesnois entre Sains-du-Nord et Glageon. Elle est composée d'une suite de trois étangs reliés entre eux par la rivière du Pont de Sains. Sur le plan écosystémique, le site, ensséré entre deux versants boisés, correspond à un ensemble alluvial marécageux assez diversifié d’un point de vue biotopes, avec roselières, cariçaies, mégaphorbiaies, saulaies, étangs, etc. Au centre de cette ZNIEFF, le Conservatoire d’espaces naturels gère 37 hectares (Ferme à lunettes), et ce depuis 2012.
Bien que cette ZNIEFF conserve encore un très fort intérêt pour la flore et les végétations, celui-ci s’est fortement dégradé. Alors que le premier inventaire ZNIEFF signalait un « important complexe de végétations hélophytiques et prairiales bien diversifiées » et « un des rares complexes de marais de l’Avesnois », doté d’un certain nombre d’espèces et d’associations d’intérêt patrimonial, actuellement les éléments patrimoniaux se font plus rares. En effet, le premier inventaire signalait déjà que le site « renfermait autrefois de nombreuses espèces de prairies humides et de bas-marais tourbeux à l’emplacement de l’actuelle pisciculture ». Cette dégradation du site s’est poursuivie, en particulier suite à la conversion d’une grande partie des prairies humides de la « pâture du Pont de Sains » en peupleraie cequi a provoqué la disparition des phytocénoses de prairies humides. Enfin, les eaux extrêmement eutrophisées n’hébergent plus qu’une flore banale.
Son intérêt faunistique majeur est lié aux zones humides de bonne qualité de la vallée de la rivière du Pont de Sains et de la lisière forestière. Riches en végétation aquatiques et avec différents faciès d’écoulement (de l’eau stagnante à l’eau courante), elle permet d'accueillir une faune riche et variée. Au total, 33 espèces d’insectes déterminants ZNIEFF ont été inventoriées : 12 espèces d'Odonates, 15 espèces de Papillons « de jour », 4 espèces d’Orthoptères et 2 espèces de Coccinelles.
C'est sur cette ZNIEFF que l'on trouve la seule population régionale pérenne de Cordulie à deux taches (Epitheca bimaculata), rare et en danger d’extinction dans le Nord et le Pas-de-Calais, qui se reproduit dans les étangs du site depuis 1998. Cette espèce se développe habituellement dans les étangs intra-forestiers avec des berges en pente douce pourvues d’une végétation de ceinture et d’une eau de bonne qualité, peu eutrophisée. Sur ce site, la réalité est différente car elle se reproduit dans les étangs de pêche aux berges abruptes et aux abords colonisés par une végétation eutrophe à nitrophile. Pourtant, la population est régulièrement estimée à plusieurs centaines d’individus. Parmi les espèces d'eau courante il faut noter la présence du Gomphe vulgaire (Gomphus vulgatissimus), rare et en danger, dont la reproduction a été prouvée en 2004. Malgré son observation à plusieurs reprise, la reproduction sur le site de l’Aeschne printanière (Brachytron pratense) et du Leste fiancé (Lestes sponsa), espèces peu communes et quasi menacées dans le Nord et le Pas-de-Calais, n’a pas encore été prouvée. La Cordulie métallique (Somatochlora metallica), assez rare, se reproduit dans les étangs de la ZNIEFF.
Quatre espèces de papillons associés aux mégaphorbiaies et aux prairies humides ont été récemment observés sur ce site : le Petit Collier argenté (Boloria selene), très rare et quasi menacé, le Cuivré fuligineux (Lycaena tityrus), rare et quasi menacé, le Nacré de la Sanguisorbe (Brenthis ino) et le Demi-Argus (Cyaniris semiargus), tous deux assez rare dans le Nord et le Pas-de-Calais. Ils profitent du contexte forestier et paysager de l’Avesnois. Le cortège des papillons forestiers est particulièrement bien représenté avec le Nacré de la Ronce (Brenthis daphne), le Grand Mars changeant (Apatura iris), le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia), la Piéride du Lotier (Leptidea sinapis), la Thécla du chêne (Quercusia quercus) et le Petit Sylvain (Limenitis camilla). A cette liste s'ajoute le Moyen Nacré (Fabriciana adippe) qui a été vu en train de pondre en 2002 sur le site. Cependant, c’est l’une des dernières observations régionales de cette espèce considérée aujourd'hui comme éteinte dans le Nord et le Pas-de-Calais. Rare et en fort déclin dans le Nord et le Pas-de-Calais, un individu d’Argus bleu-nacré (Lysandra coridon) a été observé en 2003 aux abords des étangs de la Forge. Notons également l’observation intéressante de Thécla du Prunier (Satyrium pruni), assez rare. Difficile à observer, la présence de 7 individus en 2018 atteste d’une population sur le site.
Très difficile à inventorier en raison de son comportement arboricole ou à la cime des arbustes et de son chant inaudible à plus d’un mètre de distance, émis uniquement au crépuscule ou la nuit, le Barbitiste des Bois (Barbitistes serricauda) a été détecté en 2010 et 2017 en lisière forestière, laissant présager d’une population pérenne. Cette sauterelle, rare dans le Nord et le Pas-de-Calais et en danger critique d’extinction en Picardie, bénéficie d’une bonne gestion forestière sur cette ZNIEFF. Le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), assez rare et ayant tendance à décliner dans la région, le Criquet des clairières (Chrysocraon dispar), assez rare, et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) sont des espèces inféodées aux zones humides, souvent prairiales. A la liste des espèces hygrophiles, nous pouvons ajouter la Coccinelle à treize point (Hippodamia tredecimpunctata), assez rare dans le Nord et le Pas-de-Calais.
L’intérêt faunistique du site se traduit également par la présence de 17 espèces déterminantes ZNIEFF d’oiseaux nicheurs. Là aussi, le cortège des espèces associées aux zones humides est notable, le Martin-pêcheur d’Europe, la Bergeronnette des ruisseaux (qui bénéficie de la présence de la rivière du Pont de Sains) la Rousserolle effarvatte (dans les roselières, cariçaies et mégaphorbiaies du site) et surtout le rare Blongios nain ayant été recensés sur les trois étangs. Ce dernier recherche particulièrement les milieux hétérogènes où sont associés à de l’eau douce des grands hélophytes et des boisements lâches. Les espaces plus ouverts entre les étangs permettent à un cortège d’espèces caractéristiques de milieux bocagers et non affiliées aux milieux humides d’être également présentes, comme le Pouillot fitis, le Pipit des arbres, la Pie-grièche écorcheur et la Fauvette grisette. Enfin, la situation particulière du site, entre deux massifs boisés inventoriés en ZNIEFF eux aussi, fait que comme pour les Rhopalocères recensés, l’avifaune nicheuse comprend également un certain nombre d’espèces forestières. Il s’agit notamment d’espèces très spécialistes du milieux forestier (comme le Pic épeichette, le Pic mar, le Pouillot siffleur, la Mésange noire et boréale (inféodées respectivement aux forêts plutôt de conifères ou plutôt d’essences à feuilles caduques) ou encore le Loriot d’Europe qui apprécie aussi bien les grands arbres que la proximité des étangs pour les invertébrés qu’ils fournissent). On trouve cependant des espèces forestières plus généralistes comme le Roitelet triple-bandeau, le Bouvreuil pivoine et le Rougequeue à front blanc.
Une seule espèce d’amphibien a été contactée sur le site, il s’agit de l’Alyte accoucheur, qui recherche en particulier les étangs de profondeur assez faible de la zone. Les données datant cependant de plus de 30 ans, il paraît important d’actualiser et d’affiner la connaissance herpétologique du site.
Vallée marécageuse de la rivière du Pont de Sains, bordée de part et d’autre de milieux forestiers et creusée de divers étangs voués à la chasse et à la pêche.
En 2021, une parcelle avec une maison a été retirée du périmètre, au sud-ouest de la ZNIEFF.