ZNIEFF 310013284
Le Communal de Merlimont

(n° régional : 00000045)

Commentaires généraux

Cet ancien système de dunes marque la transition avec les marais arrière-littoraux. Il se décompose en trois entités distinctes sur le plan des conditions écologiques et des milieux naturels. A l’ouest, la plaine basse interdunaire est occupée essentiellement par un boisement hygrophile naturel dominé par les bouleaux (Ligustro vulgaris - Betuletum pubescentis). La partie centrale du site correspond au cordon de dunes internes anciennes avec un relief marqué associant des « crocs » (dunes de 30 à 40 mètres de haut) et des dépressions. Les pelouses dunaires, les fourrés et les divers boisements qui se succèdent en épousant les formes du relief composent un paysage tout à fait remarquable. Enfin, la partie est du site présente des plantations de pins réalisées dans la seconde moitié du XXème siècle pour fixer les sables. Celles-ci ont parfois remplacé les végétations naturelles originelles, en particulier sur les hautes dunes. Aujourd’hui, ces plantations ont tendance à s’étendre au détriment des pelouses et des fourrés environnants (croissance des arbres et colonisation par semis naturel).


La flore vasculaire du communal compte 58 espèces déterminantes, dont 32 ont été revues en 2019. Parmi les espèces avec les plus forts intérêts, on relève l’Épine-vinette (Berberis vulgaris), la Violette de Curtis (Viola tricolor subsp. curtisii) ou encore la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia). Concernant les végétations  déterminantes de ZNIEFF, elles correspondent à quinze habitats en nomenclature EUNIS (sur le plan phytosociologique, le nombre de syntaxons est un peu plus élevé) observés depuis 1990, dont six revus lors des prospections en 2019.


On retrouve sur le cordon dunaire interne une partie des cortèges typiques des massifs dunaires du littoral (Amphibiens et Engoulevent d'Europe).

Sept espèces déterminantes de Lépidoptères ont été signalées. Le Demi-deuil (Melanargia galathea) est ici observé sur les prairies psammophiles. Les graminées sont la base de l’alimentation de ses chenilles et les imagos montrent une prédilection pour les fleurs de centaurées. Parmi les espèces typiques des milieux dunaires, on trouve le Petit Nacré (Issoria lathonia), assez rare dans le Nord et le Pas-de-Calais qui se reproduit sur les violettes. L’Argus vert (Callophrys rubi), peu commun dans la région, affectionne avant tous les milieux arbustifs. Les milieux forestiers du communal abritent également plusieurs espèces typiques. Le Petit Sylvain aime parcourir les allées forestières et se reproduit sur les chèvrefeuilles. La Grande tortue (Nymphalis polychloros), peu commune dans le Nord et le Pas-de-Calais, a été observée en 2006 dans un secteur a priori favorable à sa reproduction, à l’est des dunes. L'Azuré bleu-céleste (Lysandra bellargus) a été observé en 2003 mais pas depuis. Il s'agit d'une espèce typique des pelouses calcicoles où pousse sa plante-hôte, l'Hippocrépide en ombelle. Il est rare et quasi-menacé dans l'ex-région Nord - Pas-de-Calais. Des prospections complémentaires seraient intéressantes pour tenter de retrouver l'espèce dans le Communal.

Le cortège d'orthoptères est riche de pas moins de treize espèces dont trois déterminantes. Les pelouses dunaires sont l’habitat privilégié du Gomphocère tacheté (Myrmeleotettix maculatus), qui peut y être abondant, et de la Decticelle chagrinée (Platycleis albopunctata) plus localisée. Les zones plus humides, où se développent des phragmites, accueillent le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis).

Dans la plaine humide, plusieurs mares accueillent de petites populations de la Rainette arboricole (non observée depuis 2000), dont l’essentiel des populations régionales est aujourd’hui concentrée dans les dunes littorales du Pas-de-Calais, les prairies humides et les marais arrière-dunaires (GODIN, 2003). Vertigo angustior, un petit mollusque très rare inscrit à la Directive européenne Habitats Faune Flore-Habitats, a été observé dans un milieu favorable (fourré dunaire). La variante à Populus tremula du Ligustro-Betuletum pubescentis, assez courante dans les dunes du Communal, est un des habitats de cette espèce dans les dunes du Pas-de-Calais (TERRASSE et al., 2008). Les mares et fossés du communal abritent aussi la seule araignée aquatique de la région, l'Argyronète (Argyroneta aquatica).

La ZNIEFF du communal de Merlimont présente un intérêt ornithologique fort avec 10 espèces déterminantes, dont la nidification probable de l’Alouette lulu (Lullula arborea), espèce en « danger critique » dans la liste rouge Nord – Pas-de-Calais.

Les plantations de conifères et de feuillus permettent d'accueillir un cortège d’espèces forestières déterminantes comme le Pic noir (Dryocopus martius), la Mésange huppée (Lophophanes cristatus) et la Mésange noire (Periparus ater).

Un à deux mâles chanteurs d’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), dont le statut dans le Nord et le Pas-de-Calais est vulnérable occupe depuis 2015 la dune grise parsemée de quelques pins et zones buissonnantes.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF est entièrement délimitée par l'urbanisation des communes de Cucq au Nord et de Merlimont au Sud. 

Une extension du périmètre de 1ère génération a été faite vers le Nord, en 2010, pour inclure un massif dunaire contigü - la Plaine Nonotte - (continuité et fonctionnalité écologique) possédant plusieurs communautés végétales déterminantes dans un état de conservation satisfaisant.
Cette extension se justifie également par la présence de plusieurs espèces végétales protégées au niveau national (Viola tricolor subsp. curtisii, Pyrola rotundifolia subsp. maritima) ou régional (Jasione montana), ainsi que de Poacées rares dans la région (Mibora minima). Les populations d’Orthoptères des pelouses comptent aussi des espèces déterminantes de ZNIEFF (Myrmeleottetix maculatus, Platycleis albopunctata).


Au Sud et au Sud-est, plusieurs petites extensions ont aussi été réalisées, la même année, pour inclure des secteurs de pelouses dunaires abritant plusieurs espèces patrimoniales (Viola tricolor subsp. curtisii, Jasione montana, Mibora minima…) et une zone de prairies psammophiles dont la géomorphologie très originale (prairies de fauche en bandes étroites séparées par des bourrelets sableux linéaires boisés) résulte sans doute de pratiques agropastorales anciennes. L’orchidée Dactylorhiza praetermissa (protection Hauts-de-France) y a également été observée.


Au nord-ouest (Cucq), toujours en 2010, suppression d’une partie de la ZNIEFF originale à la suite de la construction d’un lotissement qui a détruit les milieux naturels existants.

En 2019, trois zones de réduction ont été proposées. Deux sont situées à l’est de la ZNIEFF : sur la zone la plus au Sud, des logements ont encore été construits récemment ; la seconde zone, quant à elle, est un jardin. Le troisième secteur, au nord de la plaine Nonotte, est un réservoir d’eau.