ZNIEFF 310013365
Bois Couillet et coteau de Villers-Plouich

(n° régional : 00000095)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF présente un intérêt paysager et phytocoenotique certain avec des boisements calcicoles typiques du Cambrésis, ceux-ci étant devenus rares en raison de l’intensification agricole de cette région où les espaces naturels sont de plus en plus relictuels.

La géomorphologie du site permet l’expression de différentes forêts le long d’un transect à variations topographiques et édaphiques. La particularité de ce site se trouve dans la composition des boisements neutro-calcicoles sur sol plus ou moins frais qui, malgré la présence dans ce bois de la très rare Scille à deux feuilles (Scilla bifolia), associée à d’importantes populations de Jacinthe des bois (Hyacinthoides non scripta), semble toujours relever de la série de végétations neutrocalcicoles à acidiclines atlantiques à subatlantiques, typiques des collines de l’Artois (en l’absence de synthèse phytosociologique sur les forêts du Nord de la France qui mettraient en exergue la spécificité de ces boisements du Cambrésis). Ainsi rencontre-t-on notamment, du haut de versant vers le fond du vallon :

- l’érablaie-frênaie-chênaie à Jacinthe des bois (Cf. Endymio non-scriptae – Fagetum sylvaticae) sur sol encore assez frais, pouvant présenter un cortège floristique particulier correspondant à une variation hygrocline,

- la tillaie-frênaie à Mercuriale vivace des substrats crayeux enrichis en marnes (Cf. Mercuriali perennis - Aceretum campestris),

A ces bois s’associe un ensemble de végétations préforestières neutrophiles à calcicoles, dont quelques belles lisières thermophiles.

L’autre particularité de cette ZNIEFF se trouve dans la présence d’un site de l’OTAN (strictement fermé au public) dans lequel il y a des réservoirs de kérosène. La gestion mise en place autour des réservoirs permet le maintien de pelouses calcicoles du Mesobromion erecti, extrêmement rares dans le secteur en raison de l’occupation du sol ; ainsi, les pelouses calcicoles thermophiles à Anemone pulsatilla, signalé par Godon au début du siècle dernier, ont depuis longtemps disparu. Plusieurs orchidées sont présentes mais le mode de gestion actuel ne permet pas une expression optimale de la végétation calcicole herbacée et bloque notamment le cycle phénologique des orchidées à cause d’une fauche trop précoce. Cependant, ces zones de pelouses, issues d’un remaniement du substrat pour le creusement des réservoirs, présentent une très forte potentialité floristique et phytocénotique susceptible de s’exprimer si le mode de gestion était adapté. D’un point de vue floristique, cette ZNIEFF n’est pas très riche, mais possède certaines potentialités, comme mentionné précédemment. On peut toutefois encore observer des espèces intéressantes comme l’Orchis pourpre (Orchis purpurea) et surtout la Scille à deux feuilles (Scilla bifolia), très rare et protégée dans la région.

L’extension du périmètre au cours d’eau de l’Eauette de l’autre côté de l’autoroute apporte un attrait paysager supplémentaire avec la source de la Fontaine des pères donnant naissance à une petite rivière d’eau courante aux berges abruptes.

Avec l’extension, on compte un total d’au moins 6 végétations (2 dans l’extension) et 5 espèces déterminantes de ZNIEFF.

L’intérêt faunistique de cette ZNIEFF se limite à la présence de deux espèces déterminantes de papillons de jour. La Thécla du bouleau (Thecla betulae) est assez rare à l’échelle régionale (HAUBREUX [coord.], 2005), elle fréquente les lisières, haies, bois clairs, broussailles et jardins (LAFRANCHIS, 2000). Le Demi-deuil (Melanargia galathea) est peu commun dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2005). Il est inféodé aux prairies maigres et aux pelouses (LAFRANCHIS, 2000).

Commentaires sur la délimitation

Une proposition d’extension du périmètre au ruisseau de l’Eauette a été suggérée. Celle-ci apporte deux végétations déterminantes de ZNIEFF à la liste : l’herbier à Véronique des ruisseaux et Callitriche à fruits plats (Veronico beccabungae - Callitrichetum platycarpae) et la roselière à Alpiste roseau (Phalaridion arundinaceae), typiques des eaux courantes. L’intérêt paysager de ce secteur est accru par l’existence d’une source donnant naissance à ce ruisseau. Cette extension reprend les contours du réservoir biologique qui représente une frayère à truite fario et chabot.