ZNIEFF 310013681
Mont de Guémy

(n° régional : 00330006)

Commentaires généraux

Atteignant les 127 m de hauteur, ce site offre une magnifique vue d’ensemble du fonds du pays de Licques d’un côté et de la plaine maritime avec la côte Calais-Dunkerque de l’autre, ainsi qu’un beau panorama sur la vallée de la Hem. En plus d’un intérêt paysager, cette ZNIEFF présente également, grâce aux extensions, un intérêt historique avec les ruines de la Chapelle St-Louis édifiée au XVème siècle et site classé depuis 1913. Le mont de Guemy forme un promontoire de craie dominant la plaine maritime flamande et marque la fin du système des collines de l’Artois. Le côteau, couvert d’une mosaïque de pelouses, prairies et fourrés calcicoles intimement intriqués, fait face au Bois du Camp Bréhout et surplombe un petit vallon cultivé. Cette ZNIEFF est constituée d’un coteau crayeux marquant une ramification vers le nord de la cuesta du Pays de Licques. Elle représente l’un des sites de plus grande valeur botanique au niveau régional (avec le Cap Blanc Nez), ceci grâce aux pelouses thermophiles qui abritent de nombreuses espèces déteminantes de ZNIEFF comme la Gesse des bois (Lathyrus sylvestris), l’Hippocrépide en ombelle (Hippocrepis comosa), la Gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica), le Cirse acaule (Cirsium acaule), le Dactylorhize de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii)… mais l’élément floristique le plus précieux du site est sans conteste constitué par l’importante population d’Orchis musc (Herminium monorchis), espèce très rare dans la région et, plus globalement, dans les régions de plaines. Sur le plan phytocénotique, ce coteau appartient encore aux pelouses nord-atlantiques typiques du Boulonnais et d’une partie du Pays de Licques, sous une forme appauvrie pour ce dernier cependant, le Succiso pratensis - Brachypodietum pinnati subass.typicum et le Thymo britannici - Festucetum hirtulae y étant encore bien représentées. On compte au total une vingtaine d’espèces et 4 habitats déterminants de ZNIEFF, ceux-ci étant probablement plus importants avec les extensions proposées pour la flore, celles-ci n’ayant pu faire l’objet de prospections phytosociologiques ciblées, faute de temps ! Celles- ci seront donc à envisager ultérieurement pour améliorer la connaissance de ce site. Le Mont de Guémy est constitué d’une mosaïque de pelouses, prairies et fourrés calcicoles favorisant une diversité faunistique élevée, principalement concernant les Rhopalocères et l’herpétofaune. Trois extensions ont été ajoutées à la la ZNIEFF des Monts de Guémy. Huit espèces déterminantes de Rhopalocères et la Vipère péliade ont été observées au niveau de l’extension située au nord-est du périmètre initial. Onze espèces déterminantes de papillons de jour ont été observées sur l’ensemble du site. L’Hespérie du chiendent (Thymelicus acteon), dont le statut est défavorable en Europe (VAN SWAAY & WARREN, 2000), est peu commune dans la région (HAUBREUX [coord.], 2005). Cette espèce occupe les prairies maigres et les pelouses sèches (LAFRANCHIS, 2000). Le Soufré (Colias hyale), espèce très rare au niveau régional (HAUBREUX [coord.], 2005), est un papillon migrateur dont l’autochtonie régionale n’a, à ce jour, pas été démontrée. Le Bel-Argus (Polyommatus bellargus) et l’Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius) sont tous deux rares dans la région (HAUBREUX [coord.], 2005) et sont inféodés aux pelouses et prairies maigres, avec une préférence pour les milieux calcaires pour le Bel-Argus (LAFRANCHIS, 2000). Egalement présents sur le site, l’Argus vert (Callophrys rubi), l’Argus frêle (Cupido minimus) et le Point-de-Hongrie (Erynnis tages) sont tous trois assez rares dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2005). Parmi les Orthoptères présents sur le site, le Criquet verdelet (Omocestus viridulus) est très rare dans la région (FERNANDEZ et al., 2004). Il peut être observé dans des biotopes variés, à végétation dense et assez basse. En plaine, l’espèce a une préférence pour les endroits frais et humides (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Criquet noir ébène (Omocestus rufipes) et le Criquet de la Palène (Stenobothrus lineatus) sont assez rares dans le Nord – Pas-de-Calais (FERNANDEZ et al., 2004). Une espèce déterminante de Reptile a également été observée sur le site : la Vipère péliade qui est considérée comme rare dans la région. Les habitats fréquentés par l’espèce sont caractérisés par une végétation herbacée dense avec des secteurs plus dégagés et ensoleillés. Un faciès d’ourlet forestier ou un début de reboisement est souvent observé sur ces habitats. (JACOB et al., 2007). Concernant l’avifaune, le Tarier des prés, considéré comme vulnérable au niveau national (UICN France et al., 2008), est présent sur le site en période de reproduction, sans qu’aucune reproduction n’ait été prouvée. La position du Mont de Guémy, en lisière de la Couronne boisée du Nord de Licques, joue également un rôle dans l’alimentation de l’avifaune environnante. Les Chiroptères sont également bien représentés sur le site avec six espèces déterminantes. Parmi elles, le Murin des marais, inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitats, est identifié comme étant quasi-menacé dans la Liste rouge mondiale (IUCN, 2010). A l’échelle régionale, cette espèce inféodée aux zones humides (ARTHUR & LEMAIRE, 2009) est classée rare et en danger (FOURNIER [coord.], 2000). Le Grand rhinolophe est inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitats, il est classé quasi-menacé à l’échelle nationale (UICN France et al., 2009) et il est assez rare et en danger dans la région Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000). Cette espèce affectionne les mosaïques de milieux mixtes (pâtures avec haies, lisières, sous-bois dégagés, parcs, etc.) (ARTHUR & LEMAIRE, 2009). Le Murin d’Alcathoe est classé très rare dans la Liste rouge régionale (FOURNIER [coord.], 2000). Cette espèce, décrite pour la première fois en 2001 et donc encore mal connue, a généralement été contactée en milieu forestier associé à des zones humides (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF de première génération ne couvrait que le Mont d’Audrehem, d’où son nom d’origine : « les monts d’Audrehem ». Une extension du périmètre a été proposée sur l’ensemble du côteau qui descend jusqu’à Alquines. C’est pourquoi le nouveau nom de « Monts et côteaux d’Audrehem à Alquines » semble plus approprié à ce nouveau périmètre de ZNIEFF de seconde génération. Cette extension se justifie facilement, d’une part par la continuité géomorphologique et écologique (pelouses, prairies et bois de côteaux crayeux, d’autre part par la présence de 18 espèces déterminantes de ZNIEFF dont l’Orchis musc (Herminium monorchis), l’Euphorbe douce (Euphorbia dulcis subsp. incompta), la Gesse des bois (Lathyrus sylvestris)… et la présences de trois espèces déterminantes de Rhopalocères dont l’Hespérie du chiendent (Thymelicus acteon).