ZNIEFF 310013698
Marais de Tigny-Noyelle

(n° régional : 01060006)

Commentaires généraux

Le Marais de Tigny s’étend au nord du canal de dessèchement, de part et d’autre de l’Authie.

C’est en aval de Nempont-St-Firmin que la vallée de l’Authie s’élargit de façon significative, surtout côté Picardie où s’observent de vastes étendues marécageuses abandonnées et émaillées de nombreuses mares de chasse.

En fait, l’estuaire remontait autrefois plus en amont et les courants de marée sont encore aujourd’hui perceptibles jusqu’à ce site voire au-delà, ce qui peut expliquer le maintien de diverses espèces subhalophiles relictuelles.

Dans le Pas-de-Calais, le Marais de Tigny se présente comme un ensemble de prairies alluviales mésotrophiles à eutrophiles toujours exploitées et drainées par de grands fossés évacuant les eaux excédentaires vers l’Authie ou le Canal. La partie aval du marais, longuement inondable, est ponctuée de petites dépressions et sillonnée par un réseau aquatique très dense. Des haies avec de vieux saules têtards subsistent autour des prairies du Marais de Noyelle et des Grandes Iles.

Le maintien de la gestion traditionnelle par fauche des prairies alluviales les plus inondables leur confère encore aujourd’hui une valeur biologique et un intérêt floristique important, dont le contraste avec les prés mésohygrophiles eutrophiles du reste du marais est remarquable.

Ainsi, les communautés végétales des bas niveaux sont sans conteste celles dont la valeur patrimoniale est la plus élevée avec notamment les prairies de l’Eleocharito palustris - Oenanthetum fistulosae et du cf. Triglochino palustris - Agrostietum stoloniferae.

Elles hébergent une flore de qualité particulièrement riche et originale dont diverses plantes rares ou en régression importante dans le Nord de la France : Epilobe des marais (Epilobium palustre), Laîche noire (Carex nigra), Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), etc. et bien sûr l’espèce phare du site, l’Ache rampante (Apium repens) qui, même si ses populations sont peu importantes et mélangées à celles de la variété ochreatum de l’Apium nodiflorum avec laquelle semble exister de nombreux intermédiaires sur le plan taxonomique, mérite toute l’attention, notamment en terme de gestion conservatoire et de suivi. D’autres végétations aquatiques et amphibies liées aux fossés et aux mares ne sont pas non plus dénuées d’intérêt et concourent à la diversité phytocoenotique de l’ensemble du marais de Tigny-Noyelle.

Au total, celui-ci héberge donc au minimum 12 taxons (plusieurs autres encore observés en 1990 seraient à confirmer) et 14 végétations déterminants de ZNIEFF.

Le Marais de Tigny, situé à proximité du littoral dans la basse vallée de l’Authie, est composé d’un ensemble de prairies alluviales exploitées et drainées. En aval, le marais présente de petites dépressions et un réseau aquatique dense. Ces prairies humides ont un rôle important dans le fonctionnement écologique du secteur car elles complètent les biotopes présents dans la Somme. La position arrière-littorale du marais est très intéressante pour l’avifaune en migration, ou hivernant dans les baies de l’Authie et de la Somme (CSN, 2008).

Deux espèces déterminantes d’Odonates ont été observées sur le Marais de Tigny-Noyelle. L’Agrion mignon (Coenagrion scitulum) est assez commun en région (GODIN et al., 2003), il est inscrit à la Liste rouge nationale (DOMMANGET, 1987). La Libellule fauve (Libellula fulva), assez rare dans la région, fréquente principalement les fossés et les petits ruisseaux. La larve nécessite un milieu à eau oligotrophe à mésotrophe, ce qui explique son statut de rareté régional (GODIN et al., 2003).

Parmi les Orthoptères présents dans le périmètre de la ZNIEFF, quatre espèces sont déterminantes. Le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) est assez commun dans le Nord – Pas-de-Calais (FERNANDEZ et al., 2004), il est fortement menacé d'extinction dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (atlantique au sens large) (SARDET & DEFAUT, 2004). L’espèce est généralement observée dans des prairies humides à joncs (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) est assez rare en région (FERNANDEZ et al., 2004), il est inféodé aux milieux très humides (prairies hygrophiles et milieux riverains) (COUVREUR & GODEAU, 2000). Tout comme le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), également assez rare au niveau régional (FERNANDEZ et al., 2004).

Quinze espèces déterminantes d’Oiseaux sont nicheurs possibles sur le marais. Deux espèces sont inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux : le Busard des roseaux, également considéré comme étant vulnérable sur la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2008) mais commun en région et la Gorgebleue à miroir, également commune dans la région (TOMBAL [coord.], 1996). Le Busard des roseaux niche traditionnellement dans des roselières mais, ce milieu étant en régression, il niche également dans des champs cultivés d’où le nombre conséquent de nids dans les secteurs cultivés des plateaux. La reconquête de la région par l’espèce a débuté en 1980 ; elle s’est intensifiée quand les habitats de substitution ont été utilisés pour la nidification (TOMBAL [coord.], 1996).

Inscrite à l’Annexe II de la Directive Oiseaux, en danger dans la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2008) et assez rare en région, la Bécassine des marais se raréfie en région, comme en France, suite à la disparition de son habitat typique de nidification : les pâtures humides (TOMBAL [coord.], 1996). Les deux espèces de Sarcelles, inscrites à l’Annexe II de la Directive Oiseaux et vulnérables à l’échelle nationale (UICN France et al., 2008), sont deux nicheuses possibles sur le site. Il est néanmoins difficile d’apprécier le statut de nidification de ces deux espèces du fait du transit migratoire de nombreux individus sur le site. Le Tarier des prés est vulnérable à l’échelle nationale (UICN France et al., 2008 ), il est peu commun en région (TOMBAL [coord.], 1996). Il niche dans les prairies fauchées tardivement, dominées par de hautes herbes qui lui servent de perchoirs. En 1995, deux peuplements réguliers étaient observés en région : la vallée de la Slack dans le Boulonnais et la vallée de la Sambre dans l’Avesnois (TOMBAL [coord.], 1996).

Une espèce déterminante de Chiroptère a également été observée sur le site du Marais de Tigny : la Noctule commune. Cette chauve-souris inféodée aux milieux boisés (ARTHUR & LEMAIRE, 2009) est identifiée comme étant quasi-menacée sur la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2009) ; elle est assez rare dans le Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000).

Commentaires sur la délimitation

Pas de modification du périmètre par rapport à la 1ère génération.