ZNIEFF 310013747
Anciens terrains de dépôts des voies navigables à Mont-Bernanchon

(n° regional: 00000122)

General comments

Comme son nom l’indique, le site des anciens terrains de dépôts des Voies navigables de Mont-Bernanchon est une zone constituée de 5 bassins de décantation dans lesquels des boues de dragages ont été déposées à différentes époques. La fin de l’exploitation a eu lieu dans les années 70. Cette ZNIEFF présente une mosaïque de biotopes aquatiques à humides, avec des boisements inondables, des roselières et des mégaphorbiaies. Situés dans la plaine alluviale de la Lys, les sols autour des anciens dépôts sont constitués essentiellement d’argiles Yprésiennes recouvertes par des formations limono-argileuses quaternaires. Bien que cette plaine soit fortement perturbée et altérée par l’agriculture intensive, une jachère accueille dans le périmètre de cette ZNIEFF la seule population régionale connue de Salicaire à feuilles d’hyssope (Lythrum hyssopifolia). Disparue depuis près de 150 ans de la région, cette espèce a été retrouvée en 2006 sur le site. La conservation de ce taxon revêt donc un enjeu majeur. Malgré leur jeunesse et un degré élevé d’anthropisation, les anciens dépôts abritent une diversité floristique et phytocénotique remarquable dans ce contexte de plaine très marquées par les activités humaines. Au minimum trois végétations hygrophiles et 16 taxons déterminants de ZNIEFF sont présents dont 9 protégés au niveau régional. Outre la Salicaire à feuilles d’hyssope, notons également la présence particulière dans un bassin d’un herbier immergé à Naïade commune (Najadetum marinae), végétation aquatique très rare dans le Nord-Pas de Calais et d’intérêt européen. Cette végétation est caractérisée par une importante population de Naïade commune (Najas marina), espèce exceptionnelle dans la région, connue seulement de 3 autres stations. Une friche humide abrite aussi une des rares populations régionales de Bardane tomenteuse (Arctium tomentosum). On peut également noter l’originalité réelle des saulaies mésohygrophiles de recolonisation constituant une forme secondaire de Salicion albae et de Salicion triandrae, hors lit mineur des grands fleuves, mais hébergeant de nombreuses espèces de saules (Salix alba, Salix viminalis, Salix triandra…) et diverses populations d’hybrides, ces saulaies ayant aussi de réelles affinités floristiques avec les saulaies riveraines, notamment au niveau de leur strate herbacée. De même, la présence de petites roselières d’atterrissement et de vasières abritant quelques taxons et syntaxons peu communs est un atout supplémentaire pour la faune. Enfin, sur un plan phytosociologique plus global, et ce au vu de la flore présente, les végétations de recolonisation mériteraient des investigations spécialisées qui n’ont pu être menées cette année, en particulier pour les végétations herbacées et prairiales, mésophiles à hygrophiles (arrhénathéraies naturelles, ourlets mésophiles…). Ce site sera donc à revoir, en ciblant les prospections sur ces habitats particuliers. Ces anciens dépôts des voix navigables forment une mosaïque de milieux humides présentant un grand intérêt pour la faune, entre autres pour les haltes migratoires et l’hivernage de nombreuses espèces d’Oiseaux d’eau. De plus, une grande partie de ces anciens dépôts font actuellement l’objet de mesures de gestion (limitation du développement des saules, maintien des roselières, création de mares à batraciens, etc.) permettant de conserver ces habitats. Cette ZNIEFF a été agrandie de quatre extensions. Quatre espèces déterminantes (la Grenouille verte de Lessona, le Triton crêté, l’Azuré des nerpruns et la Gorgebleue à miroir) sont observées sur l’extension située directement à l’est du périmètre initial. De plus le Butor étoilé hiverne dans ce secteur. L’extension située à l’est de la ZNIEFF initiale et au sud du canal, accueille le Triton alpestre, le Triton crêté et quatre espèces déterminantes d’Oiseaux nicheurs (Gorgebleue à miroir, Grèbe à cou noir, Sarcelle d’été et Busard des roseaux). Le Blongios nain y est nicheur possible. Trois espèces d’Amphibiens sont observées dans le périmètre actualisé de la ZNIEFF. Le Triton crêté est inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitats mais il est néanmoins assez commun dans la région (GODIN, 2003). De fait, la population régionale a une importance particulière en terme de conservation. La Grenouille verte de Lessona est inscrite à l’Annexe IV de la Directive Habitats, elle est quasi-menacée à l’échelle nationale (UICN France et al., 2009), elle est assez commune en région (GODIN, 2003). Parmi les Orthoptères, deux espèces déterminantes ont été observées sur le site. Le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) est fortement menacé dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (atlantique au sens large) (SARDET & DEFAUT, 2004). Une végétation haute et une faible pression d’occupation du sol (pâturage très extensif, absence de fauche, etc.) sont nécessaires à l’espèce (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus) est assez rare au niveau régional (FERNANDEZ et al., 2004). En Famenne (Belgique) et dans le Nord de la France, cette espèce est rencontrée dans les prairies pâturées ou fauchées (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Busard des roseaux, nicheur certain sur le site, est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux ; il est vulnérable à l’échelle nationale (UICN France et al., 2008) et il est commun dans la région (TOMBAL [coord.], 1996). L’espèce niche traditionnellement dans des roselières mais, ce milieu étant en régression, il niche également dans des champs cultivés d’où le nombre conséquent de nids dans les secteurs cultivés des plateaux (TOMBAL [coord.], 1996). La Gorgebleue à miroir, également inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, le Grèbe à cou noir, la Bouscarle de Cetti et le Phragmite des joncs sont également identifiés comme étant nicheurs certain. Nicheur probable sur le site, la Locustelle luscinioïde est classée en danger dans la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2008). Espèce assez exigeante en terme d’habitats, elle fréquente les roselières denses et âgées, principalement les phragmitaies. L’assèchement des zones humides, associé aux travaux ayant une incidence sur la qualité des roselières, sont probablement la cause du déclin de l’espèce (TOMBAL [coord.], 1996). Le Blongios nain et le Butor étoilé, tous deux inscrits à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, sont nicheurs possibles sur le site. De plus, le Butor étoilé, vulnérable au niveau national (UICN France et al., 2008) et en danger en région (GODIN, 2003) hiverne chaque année dans le périmètre de la ZNIEFF. Cela en fait un site privilégié pour la conservation de l’espèce dans la région et il sera très certainement pris en compte dans la déclinaison régionale du plan national d’action Butor étoilé. Cette espèce est inféodée aux roselières de grande taille, inondées, calmes et peu pénétrables (GODIN, 2003). Sa situation régionale est très préoccupante car la population régionale était estimée à trois couples en 2005 (GODIN, 2007). Le site sert également de dortoir aux Busards Saint-Martin en hiver. Concernant les Chiroptères, une espèce déterminante a été contactée sur le site : la Pipistrelle de Nathusius. Cette espèce forestière (ARTHUR & LEMAIRE, 2009) est inscrite en Annexe IV de la Directive européenne Habitats ; elle est classée quasi-menacée au niveau national (UICN France et al., 2009), elle est identifiée comme étant peu commune en région (FOURNIER [coord.], 2000).

Comments on the delimitation

Une première extension du périmètre a été réalisé à l’Est afin d’intégrer les populations de Naïade commune (Najas marina) et Bardane tomenteuse (Arctium tomentosum) ainsi que plusieurs taxons déterminants de ZNIEFF (Sium latifolium, Lathyrus sylvestris).

Une seconde extension au nord-ouest intègre un ensemble de parcelles cultivées dont une friche abritant l’unique population régionale de Salicaire à feuilles d’hyssope (Lythrum hyssopifolia), seule population observée depuis plus de 150 ans.

Un autre dépôt des voies navigables situé à l’ouest du site au bord du canal d’Aire, constitue une troisième extension disjointe de cette ZNIEFF. La présence de plusieurs taxons déterminants de ZNIEFF (Dactylorhiza fuchsii, Lathyrus tuberosus, Silaum silaus) justifie cette adjonction.