ZNIEFF 310014027
Site du Cavalier du Terril n°98 d'Estevelles au terril d’Harnes

(n° régional : 00000001)

Commentaires généraux

Cette  ZNIEFF située dans le bassin minier est constituée de deux terrils : le Terril n°98 d'Estevelles et le terril d’Harnes, ceux-ci étant reliés par un cavalier. Les cavaliers sont d’anciennes voies ferrées qui reliaient les puits de mine entre eux et qui aujourd’hui sont souvent utilisées comme chemins de promenade (beaucoup font partie de la trame verte et bleue).

Au nord, le terril d'Estevelles est situé près du carreau des anciennes fosses 24 et 25 des mines de Courrières. Sa masse imposante, à l’architecture montagneuse, est implantée au milieu des cultures, sauf à l’ouest où s’étend une cité minière. Si reconnaissable par sa forme trapézoïdale, il est le plus élevé des très rares terrils tabulaires encore existants dans la partie occidentale du bassin minier. Son plateau sommital atteint une superficie d’un hectare. Autrefois conique, ce terril a été retravaillé et stabilisé par un engazonnement. Malgré ces travaux de requalification, il présente toujours aujourd’hui un intérêt écologique important pour les plantes pionnières qui le colonisent. Au Sud, le terril d’Harnes présente, quant à lui, une forme parfaitement conique, avec des pentes très instables et raides, atteignant une hauteur de 122 m, soit 85 m au-dessus du sol environnant. Enfin, le cavalier reliant ces deux terrils présente une topographie très peu marquée suite aux divers aménagements, et dessine une sorte d’accolade.

L'avifaune du site est remarquable a plusieurs titres, puisqu'on recense pas moins de 10 espèces déterminantes d’oiseaux et qu'il s’agit de plus d’espèces de milieux très variés. On retrouve principalement un cortège d’espèces caractéristiques de milieux semi-ouverts (de type friches, bocages, clairières) qui retrouvent au pied du terril d’Estevelles différents stades de la dynamique de végétation qui leur fournit un habitat comparable. Ainsi, sont recensés nicheurs sur ce secteur au Nord de la ZNIEFF le Bruant jaune, la Fauvette grisette, la Pie-grièche écorcheur, le Pouillot fitis ou encore la Tourterelle des bois. Cette partie de la ZNIEFF étant entourée de culture, on y retrouve aussi des espèces typiques des milieux agricoles, l’Alouette des champs ou la Perdrix grise étant relevées nicheuses. Les strates herbacées du terril sont à la fois un bon habitat de substitution de leur habitat préférentiel et s’en situent à proximité directe. Enfin, la roselière présente sur la partie Nord du terril d’Estevelles après l'agrandissement de 2010 de la ZNIEFF abrite plusieurs espèces inféodées aux milieux humides. Le Phragmite des joncs et le Bruant des roseaux sont ainsi des nicheurs réguliers, et le Busard des roseaux a également déjà niché sur le site.

Deux espèces déterminantes d’Amphibiens ont été observées sur le site, dont une est également présente au niveau de l’extension créée au nord du secteur initial. L’Alyte accoucheur, inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitat et peu commun dans la région figure sur la Liste rouge Nord - Pas-de-Calais avec le statut de quasi-menacé. Il présente un caractère terrestre prononcé et se reproduit principalement dans les plans d’eau d’assez faible profondeur (mares, fonds de carrières, pannes dunaires) (Godin, 2003). Le Crapaud calamite est surtout observé dans des habitats secondaires d’origine anthropique comme les terrils et mares temporaires, les carrières inondées et les zones d’extraction de granulats. Son habitat primaire est constitué d’un substrat meuble, d’une végétation clairsemée et de petits plans d’eau, souvent temporaires (Godin, 2003). Inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats, il est assez commun dans la région mais reste quasi-menacé sur la Liste Rouge du Nord - Pas-de-Calais, son statut étant même plus préoccupant encore dans les régions voisines (vulnérable en Région Flamande, en danger d’extinction en Picardie et en Wallonie)

Le Lézard des murailles est également relevé sur le site, lui qui est peu commun dans le Nord et le Pas-de-Calais puisque sa répartition régionale est concentrée sur le bassin minier. Il y fréquente les terrils et friches minières, les voies ferrées désaffectées et les carrières, où il trouve les milieux chauds et secs qu’il apprécie.

Parmi les insectes, le Demi Deuil (Melanargia galathea) est un papillon typique des prairies fleuries. Son observation en 2003 (10 individus) et 2018 (un individu) sur le terril au nord du site semble indiquer qu’une population se maintien et donc, que le site est favorable à l’entomofaune pollinisatrice. Citons également l’Argus vert (Callophrys rubi), observé en 2003 et peu commun à l’échelle du Nord et du Pas-de-Calais, qui profite des habitats embroussaillés et bien exposés de la ZNIEFF. Des prospections supplémentaires permettraient de noter l’état des populations de ces deux espèces et potentiellement d’enrichir la liste des insectes déterminants.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de la ZNIEFF correspond aux terrils d'Harnes et à celui d'Estevelles.

Il a été complété en 2010, dans sa partie Nord, par l’adjonction d’une zone humide incluant plus particulièrement une roselière relevant du Phragmition communis. Une deuxième petite extension du périmètre, à l’0uest, a été réalisée pour intégrer, dans une logique de continuité écologique, l’ensemble du terril.

En 2014, le périmètre de cette ZNIEFF a été agrandi, avec l'ajout du cavalier reliant les deux terrils.  Ce cavalier s’intégre parfaitement dans le schéma de la trame verte grâce à ses rangées d’arbres qui bordent le sentier. Bien que ce cavalier ait subi divers aménagement de requalification, on y observe une espèce déterminante comme la Pétrorhagie prolifère (Petrorhagia prolifera), ainsi que des végétations de prairies diversifiées et de pelouses typiques des terrils.

En 2021, deux terrains de foot ainsi que plusieurs maisons et jardins ont été retirés de la ZNIEFF.