Cette ZNIEFF correspond à la moyenne et à la haute vallée de la Canche, de l’amont de la commune de Conchy-sur-Canche jusqu’aux sources, au niveau de Magnicourt-sur-Canche. Elle correspond à l’ensemble du système alluvial dont la préservation et la gestion conditionnent le maintien de la qualité et de la diversité écologique du cours d’eau (herbiers et flore aquatiques ou amphibies, invertébrés, poissons et faune associée à la rivière et à ses berges naturelles, etc.), celui-ci correspondant à un écosystème caractéristique, bien qu’appauvri, des eaux courantes des collines de l’Artois, en situation atlantique/subatlantique.
Ce système alluvial est aujourd’hui largement dominé par des boisements naturels à semi-artificiels (plantations de peupliers plus ou moins anciennes et entretenues), ces derniers étant majoritaires. Cependant, le maintien de nombreux autres habitats associés, parfois de petite taille, mais présents de manière plus ou moins constante au sein du lit majeur, lui confère toujours une réelle diversité écologique et notamment phytocénotique, même si la flore de cette vaste zone pas toujours facilement accessible mériterait de plus amples prospections.
Ce lit majeur est constitué d’alluvions modernes contenant des horizons de tourbe dans la moyenne vallée alors que les substrats sont plus minéraux en amont d’Estrée-Wamin. Ainsi, l’alternance de prairies plus ou moins humides, de mégaphorbiaies, de roselières et de cariçaies, souvent linéaires, associées à des végétations amphibies basses bordant le cours d’eau et les nombreux petits plans d’eau issus d’anciennes fosses de tourbage, a permis le maintien d’un paysage alluvial dont la fonctionnalité écologique semble encore préservée, même si de réelles pressions et une altération des biotopes tourbeux herbacés les plus précieux ont été notées ces deux dernières décennies.
Notons la présence de dix espèces de plantes déterminantes de ZNIEFF dont quatre revues depuis 2013. Malheuresement, les espèces turficoles comme Menyanthes trifoliata, Eriophorum angustifolium et Valeriana dioica n'ont pas été observées depuis la fin des années 2000.
Depuis 1989, la richesse phytocénotique de cette grande ZNIEFF semble avoir régressé. Certaines végétations bien structurées et typiques comme l’Eleocharito palustris - Oenanthetum fistulosae ou d’autres, d’intérêt patrimonial majeur mais plus fragmentaires comme les vestiges de tremblants du cf. Junco subnodulosi - Caricetum lasiocarpae n’ont pas été revus là où ils étaient connus… De récents travaux engagés par le Conservatoire d'espaces naturels pourraient néanmoins permettre de restaurer les milieux favorables à ces végétations.
La connaissance phytosociologique de cette ZNIEFF demeure insuffisante au regard de la diversité des habitats et des potentialités phytocénotiques de cette haute et moyenne vallée qui nécessiteraient des prospections nettement plus importantes, aucune étude spécifique n'ayant jamais été réalisée au sein de ce site.
Malgré l’importante taille du site, seules vingt espèces déterminantes de faune ont été observées, dont douze depuis 2013.
Nous pouvons néanmoins mentionner la présence du Crapaud accoucheur, peu commun et quasi-menacé dans le Nord et le Pas-de-Calais (Godin & Quevillart, 2015). Il est par ailleurs inscrit à l’Annexe IV de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore. Cette espèce peut être observée dans tous les habitats qui présentent un caractère rupestre (talus des chemins, carrières, terrils, murs, etc.) (GODIN, 2003).
Le Martin-pêcheur d’Europe est quant à lui nicheur dans le périmètre de la ZNIEFF. Il est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux ; il est considéré comme étant peu commun à l’échelle du Nord et du Pas-de-Calais (GON, 2015. In prep.). L’espèce affectionne des cours d’eau petits à moyens, à berges meubles et verticales où il creuse une galerie pour la nidification (GODIN, 2003). Cet habitat est relativement bien représenté à l’échelle de la ZNIEFF.
Notons par ailleurs l'observation du Grand Rhinolophe dans la cave d'un batiment situé à proximité du cours d'eau. Cette espèce, dont la population du Nord et du Pas-de-Calais est considérée comme en mauvais état de conservation (Dutilleul, 2013), est inscrite à l'annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore.
Le périmètre correspond à la fusion des périmètres des ZNIEFF de première génération 40-01 (Marais tourbeux de Monchel-sur-Canche) et 40-02 (La Haute Canche et ses végétations alluviales en amont de Boubers-sur-Canche). Cela correspond à l’ensemble du système alluvial de la moyenne à la haute vallée de la Canche, de l’amont de la commune de Conchy-sur-Canche jusqu’aux sources, au niveau de Magnicourt-sur-Canche.
Plusieurs extensions sont proposées en 2018. L'une d'elles se situe au nord de la commune de Berlencourt-le-Cauroy. Elle longe par le côté nord le cours de la Canche et intègre une partie du Bois de Buis qui n'était pas comprise dans le périmètre de la ZNIEFF. Cette extension permet d'avoir une logique de continuité forestière. Seul le Bouvreuil pivoine a été recensé comme espèce déterminante. Les autres extensions permettent de prendre en compte la canche sur la longueur de la ZNIEFF, qui accueille plusieurs espèces déterminantes piscicoles.