Cette ZNIEFF est principalement constituée de prairies mésophiles à hygrophiles pâturées ou plus rarement fauchées. Elles relèvent de différents niveaux topographiques et d’affinités écologiques et édaphiques variées, témoignant de la complexité géomorphologique de ce secteur de la plaine maritime picarde.
Ces prairies sont émaillées de nombreuses mares et pour certaines bordées ou sillonnées de fossés ou de noues, selon les secteurs. Ces biotopes complémentaires associés permettent à de nombreuses autres végétations aquatiques à hygrophiles de se développer, en particulier diverses roselières et mégaphorbiaies linéaires ou des prairies naturelles et végétations basses amphibies à flottantes qui, même si elles ne sont pas déterminantes de ZNIEFF, jouent un rôle très important pour la faune, et en particulier l'avifaune ou les amphibiens.
Localement, quelques boisements naturels ou de rares plantations de peupliers ont été favorisés par l'abandon de l'agriculture.
Malgré le retrait de plusieurs espèces animales de la liste des espèces déterminantes de ZNIEFF depuis 2014, le renforcement des prospections ornithologiques a permis de faire passer le nombre d’espèces déterminantes pour la faune des prairies humides péri-urbaines de Cucq de 12 espèces en 2010 à 27 en 2021.
Les connaissances sur l’avifaune se sont nettement améliorées : sur 19 espèces déterminantes de ZNIEFF répertoriées, 12 ont un statut de reproduction certain ou probable dans la ZNIEFF. Cet intérêt ornithologique peut se décliner en plusieurs catégories d’espèces proches par leurs exigences écologiques, en lien avec la nature des espaces concernés.
- Le site accueille toujours une importante colonie d’Ardéidés au lieu-dit « Les Crocs Bergemont » au nord de la ZNIEFF, sur une dune boisée (pins et peupliers) bordant les bas-champs. Le Héron cendré, qui en est à l’origine, est aujourd’hui déterminant de ZNIEFF lorsqu’il est nicheur. Depuis 2011, ses effectifs fluctuent entre 15 et 24 couples par an. L’Aigrette garzette, inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, niche dans la région depuis une tentative infructueuse en 1995 dans les dunes de Berck-Merlimont. La colonie de Cucq comptait 85 à 106 nids entre 2003 et 2008 mais ses effectifs se sont réduits par la suite (Godin, 2019a). Cet effectif a été évalué à 50-58 couples nicheurs en 2021. La Grande aigrette et le Héron garde-bœufs, observés de plus en plus souvent depuis quelques années dans les zones humides du secteur, ont été identifiés comme nicheurs dans la colonie à partir de 2019 : 1 à 2 couples pour la Grande aigrette ; 1 à 5 couples pour le Héron garde-bœufs. Celui-ci, non répertorié auparavant comme nicheur dans le Nord - Pas-de-Calais, n’a pas été pris en compte lors de la sélection des espèces déterminante de ZNIEFF ou à enjeu. Aux Ardéidés s’ajoute la Spatule blanche (Threskiornithidés), dont la colonie avait accueilli en 2009 le premier cas de nidification réussie en région Nord - Pas-de-Calais (Caloin, 2012), sans doute à la faveur de la baisse du nombre des effectifs d’Aigrette garzette et de Héron cendré nicheurs. La Spatule s’est maintenue et ses effectifs, en hausse régulière depuis 2011, sont passés à 15 nids en 2015 (Caloin, 2019), 29 nids en 2019, puis 43 en 2021. Outre la colonie de reproduction, le domaine vital de ces espèces comprend les zones de gagnage qui peuvent s’étendre dans un rayon de 2 à 38 km autour de la colonie pour le Héron cendré (Godin, 2019b), de 10 à 15 km pour la Grande aigrette et l’Aigrette garzette (Godin, 2019a ; Godin, 2019c). Le Héron garde-bœuf est très lié à la présence du bétail dans les pâtures, humides ou non (Godin, 2019d). Enfin, la Spatule blanche trouve ses zones de gagnage à la fois dans l’estuaire et aux abords des plans d’eau dans les prairies, les dunes et les marais arrière-littoraux entre Canche et Authie (Caloin, 2019). Les prairies humides, les marais, certains espaces cultivés dans la ZNIEFF et dans un large périmètre aux alentours (prairies et marais arrière-littoraux, « bas-champs » en aval de Montreuil) constituent ainsi une part importante des zones de gagnage des grands échassiers en toutes saisons (Facon, 2016 ; GDEAM-62, 2020). Leur préservation est indispensable au maintien des populations de ces cinq espèces dans la ZNIEFF. La colonie d’Ardéidés et de Spatule blanche de Cucq reste cependant vulnérable en raison, d’une part de la faible superficie du boisement et du vieillissement des arbres dont certains chutent chaque année, d’autre part des dérangements d’origine humaine liés à l’urbanisation en périphérie du boisement (Caloin, 2019).
- Outre leur intérêt fonctionnel pour divers limicoles en halte migratoire et en hiver (voir remarque en fin de commentaire général), les milieux ouverts à l’est de la ZNIEFF (le Marais de Trépied, le Coin Madame, les Hots) ont révélé la présence de trois espèces nicheuses déterminantes de ZNIEFF : l’Avocette élégante, identifiée comme nicheuse certaine en 2021, et le Vanneau huppé, en 2019 et 2021. L’Huîtrier pie a été estimé nicheur probable en 2019 et 2020.
- Le cortège des espèces des zones humides déterminantes de ZNIEFF est complété par quelques espèces de passereaux paludicoles, nicheurs certains ou probables, recensés à l’est de la ZNIEFF entre 2019 et 2021, notamment aux abords de la Grande Tringue : le Phragmite des joncs et la Gorgebleue à miroir, espèces nouvelles pour la ZNIEFF, ainsi que la Bouscarle de Cetti, déjà signalée en 2009.
- Enfin, plusieurs espèces de passereaux des milieux agricoles ou bocagés fréquentent la ZNIEFF. Parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF identifiées en 2021, l’Alouette des champs et la Fauvette grisette sont nicheuses probables. Le Bruant jaune, recensé en période nuptiale en mai 2019 et mai 2020, est considéré comme nicheur possible à confirmer (Beaudoin et al., 2019). Le Tarier des prés et le Traquet motteux fournissent des données en période de nidification, mais elles sont à mettre plutôt en relation avec de la migration, même si la nidification n'est pas à écarter totalement. On peut ajouter à cette liste l’Hirondelle de rivage, dont plusieurs spécimens ont été notés en mai 2021, et considérée comme nicheuse possible sur le site.
Les progrès enregistrés dans la connaissance de l’avifaune de la partie orientale de la ZNIEFF sont significatifs, malgré un déficit de prospections sur les prairies à l’ouest de la RD 940. Le niveau de connaissances sur l’avifaune des prairies humides péri-urbaines de Cucq passe donc de Faible en 2010 à Moyen en 2021.
La Rainette arboricole, dont l’essentiel des populations régionales, se rencontre dans les zones humides dunaires ou arrière-littorales du Pas-de-Calais, était connue de plusieurs stations entre 2002 et 2010. Cette espèce peu commune (PC) et vulnérable (VU) dans le Nord - Pas-de-Calais figure en annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore. Elle devrait faire l’objet d’un nouveau programme de prospections selon un protocole comparable à ceux mis en place en 2002 et 2003. La présence du Pélodyte ponctué, identifié dans les prairies du Bout de Haut en 2002 (Facon et al., 2003), devra aussi être confirmée par des recherches adaptées à cette petite espèce très discrète.
Le Triton alpestre et la Couleuvre helvétique ont été retirés de la liste des espèces déterminantes de ZNIEFF en 2015, mais ces espèces restent considérées comme espèces à enjeux. La Couleuvre helvétique a fait l’objet de plusieurs observations fortuites récentes (D. Facon, P. Lamour et A. Lamour-Millot, comm. pers.) dans le secteur du Bout de Haut et du Bout des Certains, proposé comme extension au sud-ouest de la ZNIEFF en raison de son intérêt écologique et de sa diversité phytocénotique et floristique. Elle peut y être victime de la circulation en traversant les routes pour passer d’une prairie à l’autre.
Les trois espèces d’Orthoptères répertoriées avant 2010 sont toujours déterminantes de ZNIEFF. Il s’agit d’espèces nettement hygrophiles : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) et le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), tous deux assez rares (AR) dans le Nord - Pas-de-Calais, et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) assez commun (AC) mais en limite d’aire géographique dans le nord de la France. Chez les Papillons, l’Azuré des nerpruns (Celastrina argiolus), observé en 2005 dans le secteur du Village, a été retiré de la liste des Lépidoptères déterminants de ZNIEFF après 2010. Ses populations dans le Nord - Pas-de-Calais sont en faible progression et, bien qu’il soit maintenant considéré comme Commun (C) et de préoccupation mineure (LC) (Dhellemmes & Mézière, 2007), il reste signalé comme espèce à enjeu dans le Nord - Pas-de-Calais.
Un poisson déterminant de ZNIEFF avait été observé en 2002 dans un petit cours d’eau (secteur du Baillarquet) : l’Anguille, classée en danger critique d’extinction sur tout le territoire national depuis 2009.
Des chauves-souris (Chiroptères), dont la Noctule commune (Nyctalus noctula), et au moins une espèce d'Oreillard (Plecotus sp.) avaient été signalées en 2005 dans un secteur de prairies du Village à l’ouest de la ZNIEFF (GREET ING., 2006). La Noctule est toujours déterminante de ZNIEFF en 2021. Les deux Oreillards de la faune régionale ont été retirés de la liste mais Plecotus auritus reste une espèce à enjeu dans le Nord - Pas-de-Calais. Aucune prospection adaptée aux Chiroptères n’a été menée depuis.
Enfin, un mollusque déterminant, Aplexa hypnorum avait aussi été trouvé dans une zone de prairies humides au sud du site en 2005.
Le périmètre d'origine de la ZNIEFF correspond à la ceinture de prairies humides qui séparait les hameaux ruraux originels de Cucq et Trépied. La partie méridionale de la ZNIEFF trouve sa limite occidentale à la base du cordon dunaire ancien. Au Sud-Est, la ZNIEFF est délimitée par l’urbanisation de Cucq le long de la RD 940.
Au Nord-Ouest, la ZNIEFF couvre un large couloir de pâtures humides, avec quelques boisements naturels ou semi-naturels, voire plantés de peupliers séparant les zones urbaines de Cucq et de Trépied. Au Nord-Est, la dominante agricole persiste, mais les cultures sont plus étendues jusqu’à la Tringue, qui marque la limite du territoire de Cucq et celle de la ZNIEFF.
A l’extrême nord, la ZNIEFF inclut une petite dune aujourd’hui isolée du reste du massif. Le boisement qui l'occupe accueille une héronnière avec, depuis 1999, la plus importante colonie d’Aigrette garzette du Nord - Pas-de-Calais et, depuis 2009, la première et unique colonie de Spatule blanche du Nord - Pas-de-Calais. La Grande aigrette et le Héron garde-bœufs s’y sont implantés depuis 2019. Les prairies et les cultures environnantes, en particulier celles au sud de la colonie, sont une des zones de gagnage des oiseaux en hiver.
Dans le cadre de la mise à jour 2021 de cette ZNIEFF, le périmètre a été revu et affiné, pour coller au mieux au parcellaire actuel et aux enjeux écologiques de ces prairies humides arrière-littorales. Les sept parcelles loties durant la période 2010-2020 on été retirées, tandis qu'un secteur de prairies humides semi-bocagères "oublié" en 2010 a été ajouté au Sud-Ouest, aux lieux-dits "Bout de Haut" et "Bout des Certains". Cette intégration permet d'assurer la continuité écologique entre cette ZNIEFF et celles des prairies humides de la Grande Tringue d'une part, et du Communal de Merlimont d'autre part.
Plusieurs espèces (Dactylorhiza praetermissa, Galium uliginosum, Juncus cf.acutiflorus - à confirmer lors de nouvelles prospections en 2022 car vu trop tôt en saison, Juncus subnodulosus) et communautés végétales (prairies de fauche hygrophiles relevant très probablement du Junco acutiflori - Cynosuretum cristati pour l'une et du Bromion racemosi pour l'autre, leur caractérisation restant à affiner en période optimale de végétation, roselières linéaires du Solano dulcamarae - Phragmitetum australis au niveau de larges fossés en eau) sont déterminantes de ZNIEFF ou espèce à enjeu, et peuvent être relevées au sein de cet ensemble prairial ajouté au périmètre, par ailleurs d'une réelle diversité phytocénotique et potentiellement riche en amphibiens. De nombreuses espèces avaient été identifiées dans cette zone en 2003, dont la Rainette verte (Hyla arborea) et le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), qui n'ont pas fait l'objet de recherches spécifiques en 2021, mais pourraient être confirmés, les milieux étant toujours aussi humides, avec de nombreuses dépressions en eau dans les prairies de part et d'autre de l'ancienne voie ferrée devenue chemin de petite randonnée. Deux espèces à enjeux, le Triton alpestre et la Couleuvre helvétique y ont également été observés en 2021.