ZNIEFF 310030079
Réservoir biologique de la Créquoise

(n° régional : 00470004)

Commentaires généraux

Environ 15% des surfaces de production des espèces amphihalines du bassin de la Canche sont concentrées sur ce périmètre. La diversité et l’alternance des habitats piscicoles sont remarquables. En effet, sur la majorité du linéaire, on observe une alternance de plats lentiques, de plats courants et de radiers propices à la production et à l’accueil d’un peuplement piscicole diversifié. La fonctionnalité des zones de reproduction reste toutefois limitée par le phénomène de colmatage issu de l’érosion des terres agricoles, facteur de perturbation majeur à l’échelle du bassin de la Canche (PDPG62).

L’anguille est classée sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN comme étant en voie critique d’extinction. La disparition des habitats favorables à sa croissance est une des causes de raréfaction du stock. En tant qu’espèce ubiquiste et territoriale, la diversité d’habitats et leur qualité représente un des paramètres déterminant les densités d’individus qu’ils soient « résidents, c’est à dire en s’établissant sur une aire données sur plusieurs années ou bien nomades, en divaguant d’un habitat à un autre (Feunteun et al., 2003). De plus, en disposant d’un spectre trophique relativement large (poissons, invertébrés) et en étant classé comme « charognard », l’anguille joue un rôle de régulateur au sein du réseau trophique.

Sensible à la pollution, le chabot est en net déclin dans de nombreuses rivières (Bruslé et Quignard, 2001). La préservation des zones de production identifiées sur le projet de ZNIEFF constitue une garantie au maintien d’une population stable. En effet, les zones de radier et de plat courant, à fond caillouteux constituent à la fois des zones de reproduction mais également de croissance au regard du préférendum trophique de l’espèce. Le chabot est considéré comme étant une des principale espèce d’accompagnement de la truite fario sur les cours d’eau de type salmonicole, au même titre que le vairon. C’est un maillon trophique essentiel au sein de la chaine alimentaire « salmonicole » qui reste relativement restreinte et fragile à l’échelle régionale (3 maillons). La préservation de chaque espèce indigène est donc essentielle.

En tant qu’espèce « parapluie », la truite fario a fait l’objet d’une attention particulière lors de l’élaboration des documents cadre de gestion piscicole (PDPG59 et 62). Il s’avère que la dégradation de la qualité des cours d’eau limite le renouvellement des stocks de cette espèce bioindicatrice qui risque de disparaître à court terme si aucune action de restauration n’est entreprise (Jourdan, 2005, Lefebvre, 2007). La diversité et la fonctionnalité des séquences identifiées sur le périmètre du projet de ZNIEFF doit permettre d’assurer la réalisation des grandes étapes du cycle biologique de l’espèce à savoir la reproduction, l’éclosion et la croissance des individus.

La présence de plats lentiques à l’échelle d’un hydrosystème lotique constitue une configuration physique favorable à la présence et au développement de la lamproie de planer, espèce non migratrice qui présente un cycle biologique atypique. L’enjeu de conservation est important puisque la lamproie de planer est une des rares espèces indigènes (à l’exception de certains macroinvertébrés) à être inféodée durablement aux habitats sablo-vaseux notamment durant sa phase juvéniles (larves amocètes). La préservation d’une alternance de zones lentiques et lotiques favorise donc la biodiversité de l’écosystème « salmonicole » dont la lamproie de planer fait partie intégrante.

La truite de mer est un migrateur amphihalin qui peut être considéré comme étant un bioindicateur pertinent de l’équilibre de l’hydrosystème. En effet, la présence de cette espèce sur un milieu reflète un bon état en matière de continuité écologique, de fonctionnalité des zones de reproduction, de fonctionnement des premiers maillons du réseau trophique et de la qualité de l’eau. A l’instar des autres espèces amphihalines, la truite de mer est menacée par les activités anthropiques mais dans une moindre mesure. A L’heure actuelle et en l’absence d’indicateurs pertinents, le stock de truites de mer ne peut faire l’objet d’estimation fiable.

La fonctionnalité biologique du linéaire est fortement pénalisée par l’érosion des sols agricoles et le lessivage des surfaces imperméabilisées qui concernent plus de 30% de déficit d’accueil et de production pour l’espèces repère truite fario. En effet, les flux massifs de particules fines (minérales et organiques) vers le lit mineur des cours d’eau induisent le colmatage du fond des cours d’eau.

Dans les conditions naturelles, le potentiel de production piscicole permettrait de saturer les habitats disponibles. Toutefois, l’impact du colmatage du substrat est tel que les dysfonctionnements observés sur les zones de production limitent de moitié la saturation des habitats disponibles.

Dans des conditions optimales, le linéaire concerné par le projet de ZNIEFF serait capable de produire assez d’individus afin de saturer les habitats de croissance (450 truites fario produites annuellement pour 480 habitats disponibles).

La connexion avec les autres ZNIEFF est à ce jour impossible du fait de la présence de deux obstacles infranchissables (barrage de la Bleuance d’une hauteur de chute d’environ 1,40m à l’aval et du barrage d’Esmond d’1m40 à l’amont de la ZNIEFF). La connexion avec la ZNIEFF 104-02 (marais de la Basse) présente sur l’axe Canche permettrait de rendre accessible des zones favorables à la croissance et localisées sur l’axe principal. Cette migration trophique (dévalaison) et génésique (retour sur la Créquoise) nécessite que le barrage de Beaurainville soit équipé d’un dispositif de franchissement fonctionnel (étude actuellement en cours sous maitrise d’ouvrage du Syndicat mixte de la Canche).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de la ZNIEFF reprend les contours du réservoir biologique désigné pour son intérêt piscicole reprenant une zone de frayère à salmonidés (Truite fario).