ZNIEFF 310030086
Marais d’Ecquemicourt

(n° régional : 01040015)

Commentaires généraux

Situé sur la rive gauche de la Canche dans le fond de la vallée, le Marais d’Ecquemicourt est constitué d’un complexe de prairies humides à marécageuses, de roselières, de mégaphorbiaies et de boisements naturels (saulaies) ou plantés (peupleraies). La topographie irrégulière du marais est marquée par la présence de nombreuses dépressions plus ou moins longuement inondables dont une partie résulte de l’exploitation ancienne de la tourbe. Quelques fossés et mares artificielles (chasse, pêche) complètent le réseau de milieux aquatiques. Ces conditions favorisent la diversification des végétations à l’échelle du site (herbiers aquatiques ; végétations amphibies, roselières et cariçaies de bord des eaux…).
Le marais d’Ecquemicourt joue un rôle important dans le fonctionnement hydrologique de ce secteur de la vallée. Un exutoire des eaux pluviales d’Aubin-Saint-Vaast s’y déverse, et les fossés recueillent les eaux de ruissellement du versant méridional de la vallée. Le marais est aujourd’hui déconnecté des crues de la Canche par des remblais importants au bord du fleuve, mais ses eaux s’y déversent par le biais des fossés. Malgré ce drainage, certaines zones présentent des sols fortement engorgés, ce qui ajoute une fonction de stockage des eaux à leur valeur écologique intrinsèque. Une station de pompage a été mise en service récemment à l’ouest du marais et l’impact des prélèvements sur l’hydromorphie du sol et la nappe phréatique devra être surveillé.
Cette ZNIEFF est utilisée pour différentes activités : le pâturage, la chasse, la pêche. On notera qu’une partie à l’est est gérée par le Conservatoire d’espaces naturels.
Au total, depuis 2010 sept habitats déterminants de ZNIEFF ont été observés sur le site, dont quatre ont été revus en 2019. Concernant la flore, 18 taxons ont été observés, dont dix revus aussi en 2019, les hydrophytes et les hélophytes étant très nombreuses.

Le marais offre une certaine diversité d’habitats propices à l’installation de la faune des zones humides. Cette diversité s’exprime au travers de la présence de 24 espèces déterminantes de ZNIEFF appartenant à des groupes faunistiques variés.
La présence de roselières parsemées de bosquets de saules arbustifs dans la partie centrale permet l’installation de passereaux paludicoles comme le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) , la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), le Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) et la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus). Le fleuve sinueux de la Canche permet au Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) et à la Bergronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) de trouver un habitat favorable à leur nidification.
La prairie située à l’ouest de la ZNIEFF concentre des populations importantes de chanteurs de Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) et de Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) au regard de la superficie relativement restreinte de l’habitat. C'est également l'habitat de deux criquets et d'une sauterelle étroitement liés aux zones humides : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus) et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), respectivement peu commun, assez rare et assez commun dans le Nord et le Pas-de-Calais (CABARET., 2011). La Courtillière, exceptionnelle dans le Nord et le Pas-de-Calais a également été observée dans la partie la plus humide de la ZNIEFF. 

Les prairies ponctuées de bosquets de saules et les mares qui s'y trouvent, sont aussi favorables à la Rainette Verte (Hyla arborea), peu commune et classée vulnérable dans le Nord et le Pas-de-Calais (GODIN & QUEVILLART., 2015). Le Triton crêté (Triturus cristatus) est également présent.
Les aulnes, en particulier le long de la Canche, abritent la Coccinelle des aulnes (Sospita vigintiguttata) qui s'y nourrit de pucerons.
Enfin, trois espèces de mammifères déterminantes sont connues sur le site : le Crocidure bicolore (Crocidura leucodon), le Crossope aquatique (Neomys fodiens) et le Blaireau européen (Meles meles). Les deux premiers sont de petits insectivores liés aux zones humides, tandis que le second ne vient probablement que se nourrir dans le secteur, préférant des zones plus sèches pour son terrier.

Commentaires sur la délimitation

La création de la ZNIEFF du Marais d’Ecquemicourt en 2010 s’inscrit dans une démarche de mise à jour de l’inventaire des zones humides patrimoniales dans le périmètre de la ZNIEFF de type 2 « La basse vallée de la Canche et ses versants en aval d’Hesdin ». Des travaux récents (CSNNPC, 2004, BELET et al., 2008…) ont conduit à identifier ce secteur de prairies et de boisements plus ou moins marécageux comme une zone humide homogène présentant un intérêt écologique significatif à l’échelle régionale.

Le périmètre de la ZNIEFF s’étend dans le fond de la vallée de la Canche, sur la rive gauche du fleuve qui en constitue la limite septentrionale. Au Sud, la limite de la ZNIEFF tient compte des modes d’usages du sol qui déterminent des caractéristiques écologiques différentes (cultures et prairies des fonds d’Aubin Saint-Vaast au Sud-Est ; hameau d’Ecquemicourt à un niveau topographique légèrement supérieur au Sud-Ouest). La majeure partie de la ZNIEFF est située sur le territoire de la commune de Maresquel-Ecquemicourt, à l’exception des prairies et boisements des Prés des Dames à l’est (commune d’Aubin-Saint-Vaast).