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Le Marais communal d’Huby-Saint-Leu fait partie du complexe de zones humides de la basse vallée de la Canche et ses versants (ZNIEFF de type 2). Il est situé au pied du versant nord de la vallée de la Ternoise et s’étend sur la rive droite de la rivière, en amont d’Hesdin et du bourg d’Huby-Saint-Leu. Bordé au nord par le fossé de la Carpière, le marais est aussi traversé par un petit cours d’eau intermittent, la Source Bleue, qui délimite deux secteurs distincts : au nord, la végétation est dominée par un boisement marécageux planté de peupliers épars ; au sud, l’exploitation d’une ancienne peupleraie a laissé la place à un marais ouvert ponctué de quelques rares dépressions humides. La végétation y est relativement haute (mégaphorbiaies plus ou moins nitrophiles, cariçaies) et ponctuée de bosquets de saules arbustifs. Le sol est peu portant, notamment aux alentours de la Source Bleue dans les zones de roselières, au sein des cariçaies à Laîche paniculée et des saulaies fangeuses à Petite berle. Quelques peupliers parsèment encore le marais au sud.
Trois habitats déterminants de ZNIEFF ont été identifiés dans le marais d’Huby-Saint-Leu. Le groupement à Cirsium oleraceum et Filipendula ulmaria caractérise les mégaphorbiaies méso-eutrophiles à eutrophiles dans les secteurs les moins influencés par les perturbations anthropiques. Une végétation prairiale résiduelle intéressante subsiste à certains endroits sous la forme de la prairie inondable à Eléocharide des marais et Oenanthe fistuleuse (Eleocharito palustris – Oenanthetum fistulosae). Plus localisée, la cariçaie à Laîche paniculée (Caricetum paniculatae), rare au niveau régional, s’observe dans les secteurs les plus humides aux alentours de la Source Bleue. Ces trois habitats sont en régression dans la région Nord-Pas de Calais.
La flore patrimoniale recensée dans le marais compte 6 espèces déterminantes de ZNIEFF, dont 3 protégées au niveau régional. La plupart sont des espèces prairiales ou de bas-marais qui semblent ne subsister que sous la forme de petites stations localisées, et dont la conservation à terme passera par le maintien ou la restauration de milieux adéquats. Les populations d’orchidées (Dactylorhiza spp.) et d’Epilobe des marais (Epilobium palustre) semblent ainsi en régression au fil des prospections réalisées depuis le début du siècle. Dans le boisement marécageux, le Scirpe des forêts (Scirpus sylvaticus), protégé au niveau régional, se développe à la faveur de clairières dans les secteurs les plus inondés.
Cinq espèces animales déterminantes de ZNIEFF ont été recensées dans le marais d’Huby-Saint-Leu.
L’intérêt avifaunistique du marais est lié à la présence des roselières et mégaphorbiaies parsemées de saules qui accueillent des populations de fauvettes paludicoles comme la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) et le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobanus). Le Martin-pêcheur (Alcedo atthis) fréquente pour sa part les abords de la Ternoise où il trouve sa ressource alimentaire et des habitats favorables à sa nidification.
Deux espèces d’invertébrés déterminantes de ZNIEFF complètent la liste des observations. Le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) est un Orthoptère caractéristique des zones humides. Cette petite sauterelle (Ensifères) peut s’observer localement dans la végétation herbacée hygrophile du marais d’Huby-Saint-Leu. Chez les Mollusques, le Vertigo de Desmoulins (Vertigo moulinsiana), inscrit en annexe 2 de la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore », trouve son habitat de prédilection dans les cariçaies longuement inondables.
Le marais communal d’Huby-Saint-Leu était pâturé jusque dans les années 70 par les troupeaux de quelques éleveurs locaux. Il a subi les effets de la déprise agricole et son abandon a conduit la commune à le reconvertir en plantation de peupliers. Les arbres ont été exploités par la suite mais les rémanents abandonnés sur place ont contribué à l’eutrophisation du milieu et rendent encore aujourd’hui la circulation difficile dans le marais. Le site est aujourd’hui quasiment abandonné, à l’exception des activités de la société de chasse communale qui y maintient une population de faisans et chasse occasionnellement. L’entretien lié à cette activité est limité : ouverture de quelques layons, pose d’agrainoirs, poste de tir aux pigeons.
Le drainage semble limité (pas de réseau de fossés) et les eaux de la Source Bleue s’écoulent vers l’ouest jusqu’au fossé qui longe le chemin d’accès avant de se jeter dans la Ternoise en aval du marais.
A l’ouest, la destruction d’une partie du marais à la suite de la création d’une décharge de plusieurs mètres d’épaisseur est à l’origine de perturbations sensibles : remblais, eutrophisation, colonisation de certains secteurs par des espèces invasives (renouées asiatiques, solidages américains).
Malgré ces dégradations et une évolution naturelle qui tend à banaliser la végétation et le paysage, le Marais d’Huby-Saint-Leu conserve une valeur patrimoniale certaine et un potentiel intéressant pour les végétations, la faune et la flore des zones humides. Son quasi-abandon actuel en fait une zone privilégiée pour la mise en place d’opérations ciblées de restauration des milieux dans un objectif de diversification des habitats et de reconquête du site par les communautés et les espèces patrimoniales des marais.
Le marais communal d’Huby-Saint-Leu était intégré au périmètre de la ZNIEFF de type 1 de première génération n°104-08 « la forêt d’Hesdin et ses lisières ». La procédure d’actualisation des ZNIEFF régionales a conduit à une révision du périmètre de celle-ci, recentrée sur les habitats forestiers du plateau et des versants pour des raisons de cohérence écologique. Les zones humides du fond de la vallée de la Ternoise en ont donc été exclues. L’actualisation des connaissances concernant les végétations, la faune et la flore du marais d’Huby-Saint-Leu a motivé le maintien de ce secteur dans l’inventaire des ZNIEFF régionales, et ainsi la création d’une nouvelle ZNIEFF. La ZNIEFF du Marais communal d’Huby-Saint-Leu est délimitée au nord par le fossé de la Carpière, qui coule au pied du versant de la vallée. La limite méridionale suit le cours de la Ternoise. A l’ouest, le tracé de la ZNIEFF a exclu la zone remblayée et fortement dégradée à l’extrémité du chemin d’accès au marais. La limite orientale suit la limite cadastrale avec la commune voisine de Grigny, mais les pâtures bordant la Ternoise en amont du marais n’ont pas été intégrées au périmètre de la ZNIEFF pour des raisons de cohérence écologique.
