ZNIEFF 310030111
Coteaux de la haute vallée de l’Aa et carrières de Cléty

(n° régional : 01430002)

Commentaires généraux

Les Rietz dominent la vallée de l’Aa. Ils sont constitués d’une craie marneuse formée il y a environ 90 millions d’années par la sédimentation marine. L’érosion du plateau crayeux de l’Artois survenue ensuite, lors des phases de déglaciation, a donné naissance à de nombreuses vallées sèches ou parcourues par des ruisseaux temporaires, voire de véritables cours d’eaux. Jusqu’au milieu du XXème siècle, ces coteaux étaient entretenus par un pâturage itinérant favorisant l’expression d’une flore et de végétations calcicoles originales, typiques de l’Artois. Ces entités se dessinent dans un paysage majoritairement constitué de cultures et de prairies, ces dernières rarement bordées de haies. De manière générale, ce sont sur ces côtes difficilement cultivables que l’on observe également des reliques de boisements, zones refuge pour la faune et la flore.

Cependant les espaces ouverts sont actuellement fortement menacés par les processus d’ourlification, d’embroussaillement et de boisement rapides suite à l’arrêt de ces pratiques agro-pastorales. Ils sont menacés à court terme de disparition si une gestion spécifique par pâturage extensif n’est pas remise en place.

Ce site présente un intérêt majeur pour la conservation de la biodiversité au niveau régional. Des pelouses relictuelles de cette époque, relevant du Mesobromion erecti (végétation d'intérêt européen et inscrite, à ce titre, à la directive Habitats), sont encore présentes mais très fragmentaires au sein des ourlets largement dominés par le Brachypode penné. Des espèces typiques de ces Rietz, déterminantes de ZNIEFF, contribuent à renforcer l’intérêt du site (Gentianella germanica, Dactylorhiza fuchsii, Orchis purpurea, Juniperus communis subsp. communis).

Notons également que le périmètre est doté d’un patrimoine particulier et aujourd’hui préservé, grâce à la réserve naturelle régionale des anciennes carrières de Cléty.

Le site des anciennes carrières de Cléty constitue la première réserve naturelle régionale à vocation géologique. Le front de taille dévoile plusieurs centaines de milliers d'années de dépôt d'algues microscopiques qui se sont accumulées lorsqu'une vaste mer chaude recouvrait la région. L’exploitation de la craie depuis le moyen-âge a occasionné des remises à nu du substrat crayeux, favorisant ainsi une flore calcicole devenue rare dans la région : Gentianella germanica, Anacamptis pyramidalis, Ophrys insectifera… A signaler aussi la présence d’un Gaillet du groupe « pumilum » qui pourrait être le Gaillet de Fleurot (Galium fleurotii), exceptionnel en région, mais dont la détermination est incertaine car il ne fleurit pas.

On peut enfin noter la présence d’une mousse déterminante de ZNIEFF : Gyroweisia tenuis (Hedw.) Schimp., considérée comme très rare en région.

Cette ZNIEFF, gérée en partie par le Conservatoire d’espaces naturels (RNR des carrières de Cléty) compte une 17 espèces d’intérêt patrimonial, déterminantes de ZNIEFF, dont 7 protégées dans la région. Les végétations observées (pelouses, prairies et forêt calcicoles) sont également déterminantes de ZNIEFF et accueillent une belle diversité faunistique..

Concernant la faune, cette ZNIEFF compte, entre autres, huit espèces déterminantes de Rhopalocères dont l’Hespérie du chiendent (Thymelicus acteon), dont le statut est défavorable au niveau européen (VAN SWAAY & WARREN, 2000). Cette espèce assez rare en région (HAUBREUX [coord.], 2009) fréquente les prairies maigres et les pelouses sèches (LAFRANCHIS, 2000). L’Argus vert (Callophrys rubi) est peu commun dans la région (HAUBREUX [coord.], 2009). Il est observé en habitats semi-ouverts (lisières et clairières, landes, prairies bocagères et broussailles) (LAFRANCHIS, 2000).

La ZNIEFF abrite un des rares sites à Tétrix des carrières (Tetrix tenuicornis), espèce assez rare en région (FERNANDEZ et al., 2004). Il s’agit d’une espèce thermophile, pionnière, inféodée aux milieux ayant un faible taux de recouvrement végétal (COUVREUR & GODEAU, 2000).

Notons également l’attractivité des cavités de la carrière pour l’accueil des chauves-souris tels que le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), le Murin à Moustaches (Myotis mystacinus) ou la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) (CHEYREZY et GUYETANT, 2009).

Commentaires sur la délimitation

Cette nouvelle ZNIEFF s’étire du coteau de Remilly-Wirquin, le long de la côte d’Avroult jusqu’aux coteaux de Fauquembergues.

Ainsi elle suit les lignes géomorphologiques de ces coteaux de faible hauteur en partie façonnés par le passage de l’Aa et ses affluents.

Notons que les coteaux de Merck–St–Lievin et de Fauquembergues faisaient partie de la Znieff 143-01 « La haute Aa et ses végétations alluviales entre Remilly-Wirquin et Wicquinghem », mais dans un souci de respect des critères écologiques qui définissent les ZNIEFF, il est judicieux de les rattacher à cette nouvelle ZNIEFF constituée de coteaux calcaires, de pelouses sèches, prairies maigres, bois calcicoles et de petits vallons asséchés une partie de l’année.