Dans le prolongement septentrional de l’arc alpin, cette vaste entité recouvre en grande partie les premiers plis boisés du massif du Jura, situés à l'extrême sud du Sundgau. Seul massif calcaire (karstique) en Alsace, ce relief est tout à fait original dans la région. L’érosion du calcaire a formé un relief complexe composé d’éperons rocheux et de falaises, de cluses et de combes.
Un premier pli au nord correspond à l’anticlinal de la Forêt de la Montagne entre Levoncourt et Koestlach, orienté sud-ouest-nord-est, poursuivi par l’anticlinal de Ferrette orienté est-ouest, qui se divise en deux rameaux parallèles. Le rameau nord s'ennoie à Oltingue et le rameau sud au nord-est de Raedersdorf. La ligne de crête s’étend sur environ 22 kilomètres, a une altitude moyenne d’environ 600 mètres, avec son point culminant à 680 mètres au Kastelberg près de Vieux-Ferrette. La dénivellation est d’environ 200 mètres à ce niveau. Au delà de la dépression de Wolschwiller on retrouve l'anticlinal de Landskron, dont seule une partie se situe en territoire français.
La deuxième ligne de plis s'aligne environ 5km plus au sud entre Winkel et Biederthal. A l'ouest, le Glaserberg ou anticlinal du Blochmont est tronqué par une faille dans sa partie occidentale. Ce pli s'ennoie dans sa partie orientale à partir de la ferme du Blochmont. Le Raemelspitz culmine à 831 mètres à Wolschwiller, tandis que la ligne de crête s’étend sur 23 kilomètres à une altitude moyenne de 700 mètres. La dénivellation est de l’ordre de 350 mètres, avec des pentes atteignant les 40 %.
Entre ces deux plis et au sud du Glaserberg se situent respectivement le synclinal de l’Ill et le synclinal de la Lucelle.
Entre les crêtes et les fonds de vallons on retrouve les différents niveaux géologiques, allant de calcaires oolithiques anciens, jusqu’aux horizons marneux, marnes sableuses, alluvions pliocènes et cailloutis. Ainsi les différents types de sols s’échelonnent du sommet jusqu’au pied des anticlinaux :
• des rendosols et calcosols sur du calcaire dur (environ 30 cm d’épaisseur),
• des calcosols à débris de calcaire dur,
• des calcosols formés sur des colluvions alimentées par les marnes,
• des calcosols colluviques issus des calcaires durs (environ 90 cm d’épaisseur).
Les sols des fonds de vallons reposent sur une accumulation de limons argileux calcaires.
Cette zone se caractérise par une forte densité d'espèces et d'habitats patrimoniaux. Il s'agit d'une entité géomorphologique et paysagère particulièrement préservée comparée au reste du Sundgau.
Avec ses reliefs majoritairement recouverts de forêts (Hêtraies calcicoles), ce territoire s'avère fonctionnel pour de nombreuses espèces patrimoniales à large rayon d'action (fonction de zone source, d'essaimage), telles que le Lynx, le Chat forestier, le Milan royal ou encore la Gélinotte des bois. Ainsi, deux grandes surfaces forestières formant un noyau de biodiversité continu constitue un élément majeur de la trame verte régionale, en connnexion avec les réseaux écologiques de Suisse et de Franche-Comté, notamment pour le Lynx et le Chat forestier.
C'est également un élément important de connexion (corridor) entre le massif du Jura et le massif des Vosges. Les éperons rocheux sont des milieux remarquables avec une flore et une faune particulières, comme le Grand corbeau.
D'autre part, des milieux ouverts situés au niveau des combes et des vallées alluviales constituent des territoires de chasses du Petit rhinolophe et du Milan royal. Des espèces d'invertébrés patrimoniaux comme Lycaena dispar ou Stetophyma grossum sont également inféodés à ces habitats ouverts à tendance humide. On y trouve également la petite faune des champs (Lièvre brun, Blaireau européen) et des stations de Spiranthes spiralis, Epipactis purpurata et des plantes messicoles comme Euphorbia exhigua.
Au sud, la vallée de la Lucelle abrite également une faune aquatique remarquable. Les versants souvent abrupts, rocheux et orientés au sud présentent une grande richesse faunistique et floristique.
> ZNIEFF de type II de première génération: GLASERBERG (6562), décrite par M. SCHORTANNER, A.E.R.U., 1985.
La définition de la ZNIEFF repose essentiellement sur l'intégration des deux plis jurassiens avec l'intégralité des ZNIEFF I qui y sont présentes. Les limites ouest et nord suivent les versants boisés des plis jurassiens, la limite est tient compte de la répartition des couches calcaires (carte géologique BRGM) pour faire la liaison entre les deux plis et la limite sud est la frontière avec la Suisse.
La présence d'espèces inféodées aux milieux ouverts et semi-ouverts comme la petite faune des champs (Blaireau, Lièvre brun, insectes des fonds de vallée humides: Cuivré des marais, Criquet ensanglanté), mais aussi les territoires de chasse des Chiroptères et d'espèces à vaste territoire de chasse (Petit rhinolophe, Milan royal, Lynx, Chat forestier) justifient la prise en compte d'une diversité de milieux en mosaïque: forêts, falaises, pelouses sèches, prairies et cultures.
La ZNIEFF de type II de première génération se concentrait sur le pli sud du massif. La prise en compte des deux plis dans le cadre de la modernisation permet une plus grande cohérence biogéographique pour les espèces et habitats observés.