Cette ZNIEFF s’inscrit donc dans le contexte des collines calcaires, adossées à la montagne vosgienne, qui s’étendent de Rouffach à Wissembourg sur une largeur moyenne de 4 à 6 km et à des altitudes inférieures à 500 m. Elle est incluse dans la ZNIEFF II FR420007205 (Collines du Piémont vosgien avec grands ensembles de vergers, de Saverne à Mutzig).
« Cette partie de l’Alsace constitue au point de vue géologique, climatique, botanique, zoologique et économique, une région naturelle parfaitement distincte de la montagne et de la plaine. La douceur relative du climat et la nature physico-chimique du substratum – un calcaire chaud, aéré et perméable - permettent à certaines plantes thermophiles d’origine méditerranéenne et steppiques de l’Est de l’Europe d’y élire domicile » écrivait Kapp, E. en 1959. Ce sont les failles et les fractures entrecroisées du champ d’Obernai-Saverne qui délimitent ici les collines et les avant-monts sous-vosgiens. La fracturation date de l’affaissement de la plaine rhénane au niveau de la partie médiane du massif Vosges-Forêt noire, durant la première moitié de l’ère tertiaire (oligocène et éocène). Lors d’épisodes d’avancées marines au long du tertiaire, un bras de la Méditerranée remontait, via la vallée du Rhône, jusqu'en plaine d'Alsace et a déposé les calcaires qui apparaissent aujourd'hui sur ces collines.
Cette petite ZNIEFF I est le pendant de la ZNIEFF I FR420030400 (Collines calcaires du Hungersberg, du Mittelpinn et du Schiebenberg à Dinsheim-sur-Bruche). Ce secteur de collines constitue le prolongement septentrional des monts de Molsheim-Mutzig jusqu’à Dangolsheim. Elles atteignent des altitudes comprises entre 280 et 360 m et sont constituées de calcaire (Kapp, E., 1976).
« (…) Cette hauteur porte le « fort de Mutzig » ce qui lui a permis de devenir une sorte de réserve naturelle, les abords de la forteresse étant soustraits à la pénétration par les « civils ». Nous y rencontrons une flore encore intacte, non seulement sur les pelouses fraîches et sèches, mais encore dans les bosquets et buissons clairiérés (pré-bois, Buschwald), établis sur les friches et champs abandonnés (Kapp, E., 1976).» L’absence de mise en culture et surtout l’absence de traitement chimique et d’engraissement sont à l’origine de ce maintien exceptionnel, toujours d’actualité.
La forêt climacique de ces collines devait s’approcher des chênaies-charmaies à Chênes sessiles (Quercus petraea) et à Chênes pubescents (Quercus pubescens). Le défrichement, les pratiques agricoles puis l’abandon ont conduit à la formation de pelouses mésophiles à xérophiles sur calcaires et de leurs ourlets thermophiles qui sont maintenues dans des états d’enfrichement divers, ce qui augmente d’autant leur intérêt.
Citons parmi d’autres plantes remarquables des pelouses l’Aster amel (Aster amellus), la Campanule agglomérée (Campanula glomerata), le Panicaut champêtre (Eryngium campestre), le Séséli des montagnes (Seseli montanum) et le Séséli annuel (Seseli annuum), l’Aspérule de l'esquinancie (Asperula cynanchica), deux Véroniques (Veronica austriaca ssp teucrium et Veronica prostrata) ainsi que deux Piloselles (Hieracium auriculoides et Hieracium x zizianum), etc. L’abondance des Orchidées témoigne bien de l‘originalité de cette flore l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), l'Ophrys bourdon (Ophrys holoserica), l'Ophrys abeille (Ophrys apifera), l’Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), l’Epipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens), l'Epipactis violacé (Epipactis purpurata), l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) et l’Orchis militaire (Orchis militaris). Une importante station du très rare Orchis musc (Herminium monorchis) était connue en 1970 mais a disparu depuis, sous l’effet de l’enfrichement (Schortanner, M., 1978 ; Engel, R., Mathé, H., 2002).
L’association remarquable de quatre Gentianacées avec la Centaurée jaune (Blackstonia perfoliata), la Gentiane ciliée (Gentianella ciliata), la Gentiane d’Allemagne (Gentianella germanica) et surtout la Gentiane croisette (Gentiana cruciata) est notable. Cette dernière est la plante-hôte d’un papillon excessivement rare en Alsace: l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli).
Un autre azuré rare, typique des pelouses sèches, pond quand à lui sur les boutons floraux du serpolet (Thymus sp.) et de l’Origan (Origanum vulgare), c’est l’Azuré du serpolet (Maculinea arion). Les insectes sont relativement bien connus grâce aux inventaires menés par le Conservatoire des Sites Alsaciens qui mentionnent de nombreuses espèces remarquables de Lépidoptères et d’Orthoptères. Deux reptiles sont typiques de ces lieux secs, chauds et pierreux : le Lézard des murailles (Podarcis muralis) et l’un de ses principaux prédateurs la Coronelle lisse (Coronella austriaca).
Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux milieux calcaires chauds, secs et ensoleillés typiques des collines.
La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence.
Les contours de la ZNIEFF suivent des limites géographiques repérables sur le terrain (lisières forestières, limites des cultures) mais aussi des courbes de niveau. Les vignobles, labours et forêts ont été exclus autant que possible, tout en intégrant l'une ou l'autre parcelle pour conserver un aspect d'ensemble. Les terrains militaires interdits d'accès ne fournissent aucune donnée mais ont été partiellement intégrés en raison de leur continuité avec les sites connus et de leur intérêt supposé.