ZNIEFF 420007212
Crête du Noll, du Schneeberg et du Rocher de Mutzig

(n° régional : 1677047)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF I s’articule autour des hauts de versants orientés vers l’est à des altitudes comprises entre 500 à 1000 m. Du nord au sud, les principaux sommets sont le Noll (991 m), le Narion (998 m), le Rocher de Mutzig (1008 m), le Grossmann (986 m), le Eichkopf (914 m), le Baerenberg (967 m), le Umwurf (933 m) et enfin le Schneeberg (961 m).

La géologie est marquée par le grès vosgien et le conglomérat, le climat est semi-continental montagnard, rude et assez arrosé, mêlant les influences océaniques (précipitations régulières, régime de vents d’ouest) et continentales (hiver rude, été chaud à orages fréquents) aux effets de l’altitude.

Les sols développés dans ces conditions sont généralement acides, soit rendus drainant par l’arène gréseuse, soit au contraire gorgés d’eau, notamment dans les petits cirques glaciaires qui accueillent alors des tourbières.

Les sols majoritairement gréseux rendent le biotope du massif du Donon relativement pauvre sur le plan floristique. Les stations forestières associées sont propices au Sapin pectiné (Abies alba), à l'Épicéa commun (Picea abies) et au Hêtre (Fagus sylvatica). Les forêts sont principalement gérées par traitement régulier.

La crête des Vosges moyennes, du Donon, du Schneeberg et du Grossmann, réunit un échantillon représentatif des habitats naturels de moyenne montagne, tourbières à divers stades d’évolution, landes et prairies montagnardes, mais surtout de vastes surfaces de hêtraies-sapinières associées localement à d’autres types forestiers et des parcelles en régénération.

Notons surtout, un intérêt des forêts âgées, à gros bois combinant les stades âgés, sénescents, les clairières et les stades de régénération. Notons enfin, un intérêt de ces « vieilles forêts » qui n’ont pas subies de défrichement et ont conservé les espèces forestières les plus sensibles à l’ouverture du couvert forestier et à faibles capacités.

C’est par exemple le cas du coléoptère Ceruchus chrysomelinus (Hochenwart, 1785), une espèce localisée et rare, connue en France des seules Hautes-Vosges gréseuses. Il s’agit d’une espèce saproxylique sensible, inféodée aux anciennes forêts de montagne froides et humides, où il se développe dans des résineux cariés, sur pied ou au sol (Fuchs L., 2011).

Les botanistes reconnaissent un appauvrissement de la flore montagnarde en allant du sud (Hautes-Vosges) vers le nord (Engel, R., 1962). Ainsi les sommets des Vosges moyennes, d’aspect parfois localement assez semblable aux Hautes-Vosges, sont bien plus pauvres en espèces boréo-montagnardes et plusieurs espèces d’origine nordique y atteignent leur limite septentrionale d’aire dans les Vosges, sous forme de reliques comme la Gentiane jaune (Gentiana lutea).

Le site abrite la Fougère à pennes espacées (Dryopteris remota) et 5 espèces de lycopodes dont le Lycopode alpin (Diphasiastrum alpinum) et le Lycopode petit-cyprès (Diphasiastrum tristachyum), qui restent localisés.

La faune typique des forêts montagnardes compte des oiseaux remarquables, indicateurs de la persistance de pans de forêts montagnardes de qualité. Il s’agit entre autres de la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum) et de la Gélinotte des bois (Bonasia bonasia) (Docob, CLIMAX, 2011).

Le Lynx boréal (Lynx lynx), issu d’une réintroduction débutée autour de 1984 dans le massif vosgien est aujourd’hui (2013) à nouveau menacé de disparition. Les sommets des Vosges moyennes constituent un habitat optimal pour ce prédateur d’ongulés.

Les milieux remarquables non forestiers sont liés aux Chaumes et aux landes de faîtes, aux tourbières et aux escarpements de grès vosgien. Les landes du Noll et du Narion sont le domaine des Ericacées comme la Canneberge (Vaccinium oxycoccos), "localisée" en Alsace, la Myrtille des marais (Vaccinium uliginosum) et abritent typiquement le Lézard vivipare (Zootoca vivipara). Des cuvettes marquant la limite des derniers glaciers abritent des tourbières comme au cirque du Eichkopf. La tourbière des fermes du Schneeberg est un site peu connu qui abrite des habitats remarquables allant de la tourbière dégradée par le pâturage à la tourbière haute active, avec une boulaie pubescente tourbeuse marquant la transition vers la hêtraie-sapinière. La faune y a été peu étudiée mais comprend au moins le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) et le Petit Collier argenté (Boloria selene) pour les espèces remarquables. Localement le long des affluents de la Hasel se développent d’autres petites tourbières de pentes dont certaines abritent la Listère à feuilles de cœur (Listera cordata).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux milieux forestiers montagnards.

La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence. Le périmètre vise principalement les plus hautes crêtes et les limites suivent globalement la courbe de niveau des 800m si l'absence de limites géographiques repérables sur le terrain le justifie. Les principaux diverticules visent à l'inclusion des têtes de bassin du Dimbach et du Hoellenbaechel, de la tourbière des fermes du Schneeberg.

La limite ouest correspond à la limite administrative entre l'Alsace et la Lorraine.