ZNIEFF 420007217
CHAMP DU FEU

(n° régional : 1677024)

Commentaires généraux

La ZNIEFF du Champ du Feu inclue les landes acidiphiles d’altitude, en imbrication avec des habitats prairiaux et des pelouses, un bas-marais, une grande tourbière bombée ombrotrophe et ses annexes végétales, le tout étant inséré dans une matrice de forêts d’altitude (pessières, hêtraie).

Ce milieu ouvert d’origine anthropique se maintient sous le double effet du climat et de l’entretien agricole (pâturage ovin et bovin ou fauches). Le Champ du Feu est un isolat de chaumes montagnardes à altitude relativement basse dont l’aspect quasi-nordique ne trompe pas sur le climat qui y règne. Il correspond à un isolat du climat montagnard supérieur dans les Vosges Moyennes, caractérisé par une pluviométrie importante (de l’ordre de 1491mm/an) et une température moyenne annuelle de 5,8°C. La lande à Ericacées de caractère pseudo-alpin couvre plusieurs dizaines d’ha, représentant une forme appauvrie des « Chaumes » par suite de l’altitude plus basse, du caractère secondaire et de l’éloignement du noyau sud (Hautes-Chaumes Haut-Rhinoises).

Les prairies de fauches sont plus ou moins mésophiles avec ponctuellement des taches de prairies à Molinies (Molinia caerulea) sur sols tourbeux et des mégaphorbiaies qui font la transition entre les zones de prairies ou de landes et les zones tourbeuses.

Des espèces montagnardes remarquables sont à citer : l’Arnica de montagne (Arnica montana) devenu très rare, le Géranium des bois (Geranium sylvaticum), le Botryche lunaire (Botrychium lunaria), le Crocus blanc (Crocus vernus albiflorus) et plusieurs orchidées.

Les habitats humides du site, majoritairement représentés par la tourbière et ses annexes, revêtent la valeur patrimoniale la plus importante. La tourbière bombée acide à végétation à base de sphaignes et d’éricacées couvre 8ha et concentre une grande partie de la flore remarqable du site.

La tourbière plate (ou bas-marais) est surtout alimentée par des eaux souterraines (sources, nappes) et se trouve dominée par les graminées et les cypéracées. Plusieurs espèces d’origine nordique y atteignent leur limite septentrionale d’aire dans les Vosges et contribuent donc à l’intérêt biogéographique tout particulier du site comme la Pensée des Vosges (Viola lutea ssp elegans)

Deux taxons trouvent leur unique station vosgienne au Champ du Feu: le Trèfle marron (Trifolium spadiceum) connu des Pyrénées, du Massif Central, des Alpes et sur le site (zones tourbeuses de l’amont de la Serva) et la sous-espèce alpine de la Rinanthe crête de coq (Rhinanthus angustifolius ssp subalpinus), à feuilles étroites, sans que cela ne soit expliqué puisque des conditions a priori favorables se trouvent ailleurs dans le massif (Ochsenbein, G., 1963 [1965]).

Les oiseaux ont été bien étudié durant l'été 2011 (J.-M. Berger et P. Denis), recensant 53 espèces, dont 44 considérées comme nicheuses, le splus représentatives étant le Merle à plastron (Turdus torquatus), le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le Pipit farlouse (Anthus pratensis) (5,2 couples /ha) accompagné par deux autres insectivores nichant aussi au sol le Pipit des arbres (Anthus trivialis) et l’Alouette des champs (Alauda arvensis) ou encore le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur exceptionnel en 2012.

Signalons encore la présence avérée et récente du Nacré de la Canneberge (Boloria aquilonaris) (Dietrich L., 2011), un papillon protégé et menacé au niveau national, déjà signalé en 1990 par Scheubel A. et en 1997 par Trautmann T. (Docob, ONF, 2012). Dans les lieux fleuris volent aussi le Nacré de la sanguisorbe (Brenthis ino) et le Cuivré écarlate (Lycaena hippothoe). La présence actuelle du Fadet des laîches (Coenonympha tullia), citée anciennement par Trautmann, T. (1997) sur la base d’une communication de Scheubel A. serait à rechercher.

Le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) fréquente les chaumes alors que le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) se reproduit dans les gouilles et les flaques.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux milieux ouverts montagnards et notamment aux tourbières.

La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence. Le périmètre vise les espaces ouverts les moins artificialisés entourant la tourbière et la chaume sommitale. Les lisières ont été intégrées pour leur intérêt ornithologique et l'intérêt général de ces zones de transition. Des parties boisées sont intégrées pour conserver un aspect d'ensemble. La lande de la piste de ski du Hochfeld a été séparée dans une autre ZNIEFF 1 malgré des similitudes et une grande proximité, sur la base d'un historique différent (apparition artificielle et beaucoup plus récente) et de la présence exceptionnelle de 7 Lycopodes que l'on ne retrouve pas tous sur le Champ du feu.

Les contours de la ZNIEFF suivent des limites géographiques repérables sur le terrain pistes forestières lisières mais coupent aussi à travers bois, le long de courbe de niveau.