English Version
Il s’agit ici d’une des plus grandes chênaies-charmaies du fossé rhénan. La forêt de la Harth constitue une bande d’environ 30 km de long pour une largeur de 2 à 10 km et une superficie d'environ 14 000 ha occupant la terrasse wurmienne.
De par sa superficie, ce massif est, avec la forêt de Haguenau, le plus vaste de la plaine du Rhin. Il est riche en clairières à pelouses sèches qui abritent le groupement endémique de l’ Agrostio-Brometum Issler ex Oberdorfer et Korneck 1978.
La Laiche blanche Carex alba et la Violette étonnante (Viola mirabilis) y font partie intégrante du groupement du Carici albae-Tilietum cordatae comme association plus ou moins rattachée aux chênaies-charmaies.
Localement, on y rencontre aussi des pelouses sèches du Xerobrometum sur substrats calcaires graveleux avec présence de la Globulaire ponctuée (Globularia punctata).
La partie nord est encore exploitée sous forme de taillis sous futaie, de telles pratiques favorisant des espèces héliophiles ayant cependant été abandonnées dans la partie sud. L’exploitation forestière du massif vient compléter la mosaïque d’habitats à stades de développement très variables. Festuca ovina s.str. et Carex fritschii y sont deux espèces d’intérêt patrimonial national.
Il y a lieu d’insister tout particulièrement sur la présence dans la partie nord du Mesobrometum erecti de la sous association à Genistella sagittalis. Les pelouses sèches et les forêts sont encore bien imbriquées les unes aux autres.
La ZNIEFF est intégrée à la zone de protection spéciale « Forêt domaniale de la Hardt » relevant de la Directive Oiseaux, le site revêtant des enjeux particuliers au regard de la conservation de l'avifaune. La forêt de la Hardt abrite notamment les six espèces de pics dont trois d'intérêt européen : le Pic noir, le Pic cendré et le Pic mar. Celui-ci présente d'ailleurs des densités très importantes alors qu'il est rare dans toute l'Europe communautaire. Ce vaste massif forestier est également un refuge pour de nombreux oiseaux insectivores qui trouvent une quantité de nourriture suffisante dans les clairières sèches, telles la Bondrée apivore et la Pie grièche écorcheur.
De nombreuses gravières souvent excavées par des paysans lors de l’aménagement du canal du Rhône au Rhin ou pendant la première guerre mondiale ponctuent la forêt domaniale de la Hardt Nord. On y rencontre aussi d’autres terrains à vocation militaire. Le site d’un terrain de tir qui devait être aménagé en 1970 a été laissé à l’abandon, les parcelles d’abord occupées par des pelouses sèches ayant entretemps été colonisées par des ligneux.
Quelques zones humides sont apparues en bordure des gravières ou le long du canal du Rhône au Rhin. Un cours d’eau en provenance du Sundgau s’enfonce dans le massif au sud avant que ses eaux n’y disparaissent en s’y infiltrant.
Ce vaste ensemble forestier présente un intérêt patrimonial élevé du fait de la présence d'habitats naturels singuliers, caractéristiques des chênaies-charmaies riches en clairières à pelouses sèches de la Hardt.
Il offre, du fait des conditions écologiques locales particulières (sols décarbonatés, filtrants et sècheresse édaphique) et de sa dimension remarquable, un habitat favorable à un cortège d'espèces faunistiques et floristiques, d'intérêt régional ou national, peu répandu sur le restant du territoire.
La ZNIEFF est donc essentiellement forestière et joue un rôle majeur de corridor biologique dans le contexte agricole de la plaine céréalière.
Elle est délimitée de toutes parts par les lisières forestières. Ces dernières présentent un intérêt écologique propre, permettant notamment la reproduction et le développement d'une espèce de papillon nocturne à fort enjeu patrimonial, et sont donc à considérer comme inclues dans le périmètre.
Au sud-est, le golf de Hombourg jouxte le zonage. Crée en 2007 sur le parcellaire forestier de la Hardt, il est exclu du périmètre.
Le site intègre les sections forestières du canal du Rhône au Rhin (embranchement de Huningue), ainsi que de sa partie déclassée qui se poursuit d'ailleurs en ZNIEFF de type 2 (FR420030374 - Canaux de la Hardt : canal déclassé du Rhône au Rhin, Canal Vauban et Rigole de Widensolen) à hauteur de Munchhouse, son intérêt reposant notamment sur son rôle de corridor biologique et d'habitat pour l'avifaune.
Le site est fragmenté par l'autoroute A36 (la Comptoise) reliant la France à l'Allemagne d'ouest en est. Cet axe est exclu du périmètre, mais quatre passages à faune à espacement régulier permettent de limiter la fragmentation du site sur la dizaine de kilomètres concernée.
