ZNIEFF 420030417
Cours et prairies humides de la Bruche et de ses affluents de Schirmeck à Molsheim

(n° régional : 1677045)

Commentaires généraux

Cette grande ZNIEFF I s’articule autour du cours de la Moyenne Bruche et de ses affluents en incluant les prairies et les zones humides associées entre Schirmeck et Molsheim. La Moyenne Bruche a un tracé peu sinueux et un lit plus stable qu’à l’amont de Schirmeck mais sa pente encore relativement forte et son régime montagnard impliquent une certaine mobilité du fond. Des aménagements routiers et ferroviaires rétrécissent son lit majeur et de fortes emprises urbaines (industries, lotissements) sont présentes sur son parcours limitant la mobilité de son cours. Elle conserve un bon état physico-chimique et un intérêt biologique certain (poissons, notamment).

La forte tendance alluvionnaire de la Bruche, favorise les espèces pionnières à croissance rapide, ensuite remplacées par l’aunaie-frênaie qui forme une ripisylve plus ou moins large le long de la Bruche incluant quelques exemplaires d’Ormes diffus (Ulmus laevis) et de Merisier à grappes (Prunus padus). Les sous-bois abritent quelques plantes remarquables comme la Gagée jaune (Gagea lutea) en assez grande abondance ou la Nivéole de printemps (Leucojum vernum). Les milieux ouverts exploités se répartissent entre prairies mésophiles de fauche bien fleuries, pâturages mésophiles, prairies humides de fauche et pâturages humide à joncs. L’abandon des prés humides conduit à la mégaphorbiaie, communauté hygrophile de grandes plantes herbacées.

La ZNIEFF inclut les stations recensées (Dietrich L., 2011) des Maculinea des prairies humides, à savoir l'Azuré des paluds (Maculinea nausithous) et l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius) qui trouvent ici des densités exceptionnelles (par rapport au secteur de Molsheim, notamment) : « (...) L’importance des populations de Maculinea dans ce secteur s’explique par une grande surface d’habitats prairiaux favorables, avec une abondance de la plante hôte, mais aussi une grande diversité dans la dynamique spatio-temporelle de fauche, la présence d’espaces herbacés non productifs et peu entretenus, un paysage diversifié comportant de nombreux boisements et haies interstitielles et une faible implantation de labours » (Dietrich L., 2011) et de pâturages.

Le lieu dit « Oberallmend » se montre particulièrement riche avec son aulnaie eutrophe à Gagée jaune, son boisement humide spontané, ses prairies plus ou moins humides à Gaillet boréal (Galium boreale), Géranium des prés (Geranium pratense) et ses curiosités botaniques comme la Laiche de Hartman (Carex hartmanii), la Gesse sans vrille (Lathyrus nissolia), la Renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), le Trèfle strié (Trifolium striatum), etc.

Cette ZNIEFF se prolonge localement le long de certains affluents et s’élève en altitude.

Le très rare Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata) se reproduit localement sur ces petits affluents notamment ceux du Netzenbach.

Cette ZNIEFF s’étend aussi sur le bassin versant du Stillbach qui rejoint la Bruche à Still. Deux de ses affluents, le Zweibaechel et le Hengstbaechel trouvent leurs sources en Forêt Domaniale de Haslach. L’une des sources présente un effet pétrifiant qui forme de petits travertins par précipitation de carbonates de calcium et pourrait être rapprochée du Cratoneurion. Une aulnaie oligotrophe à sphaignes et une zone fangeuse à Fougère des marais (Thelypteris palustris) complètent cet ensemble.

Le vallon qui monte vers la Croix de Saverne montre une tendance plus montagnarde avec le Lycopode sélagine (Huperzia selago) et l’Osmonde royale (Osmunda regalis).

La seule donnée d’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) collectée dans les Vosges moyennes entre 2001 et 2012 provient de l’Englishgraben en limite des bans communaux de Balbronn, Flexbourg et Still.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux zones humides ouvertes et aux prairies.

La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence.

Les contours de la ZNIEFF suivent globalement des limites géographiques repérables sur le terrain : routes, voies ferrées, limites de zones urbanisées, bas de pentes, lisières forestières et limites parcellaires. Le bassin du Stillbach forme une entité relativement séparée (géographiquement et biologiquement) mais a été intégré pour des raisons de méthode, ne pouvant pas former une ZNIEFF indépendante tout en étant très intéressant. Certains autres affluents ont été exclus en raison de l'absence de donnée déterminante sans vérification de leur intérêt réel. Les principales infrastructures de communication ont été exclues de la ZNIEFF pour mettre en avant la forte fragmentation des milieux.