ZNIEFF 420030451
Prairies et lisières du Katzenwadel à Bernwiller

(n° régional : 1685371)

Commentaires généraux

Le secteur de lisières et pâtures du Katzenwadel à Bernwiller se situe en limite Sud de la plaine d’Alsace et au début du relief des collines sundgoviennes, sur des terres calcaires recouvertes de loess récent.

Le site, qui s’étend sur un peu plus de 50 ha sur un petit versant en rive gauche du Spechbach, est composé d’une mosaïque d’habitats très variés, adossés à la lisière sud du Kaufholz : rivière, prés et pâtures humides, bosquets, petits bois, roselières, lisières forestières, cultures, etc.

On trouve notamment des Aulnaies-Frenaies (Alno-Ulmion) de qualité faible (bosquets) à moyenne (lisière) le long des cours d’eau, des Frênaies, des faciès de Chênaie-Charmaie et de Hêtraie en forêt, des eaux courantes riches en végétation aquatique (Callitriche sp., Glyceria fluitans), des ourlets hygrophiles (Filipendulion) et d’hélophytes (Phragmition), des prés humides (Calthion), etc. En interface, côté sud, se trouvent des cultures, des pâturages et des prés semés.

Ces milieux variés, notamment les mosaïques de prés en bon état floristique en interface avec des lisières ou des friches herbacées, sont les plus intéressantes pour les insectes, notamment les orthoptères des prés hygrophiles. Ils constituent en effet un milieu refuge pour la faune dans un environnement agricole intensif.

L’exposition sud et la présence d’eau libre sont particulièrement favorables aux Insectes, aux Oiseaux, aux Amphibiens-Reptiles et aux Mammifères (en particulier les chiroptères).

La lisière et les peuplements forestiers accueillent des Coléoptères menacées ou protégés (Prione tanneur, Lucane cerf-volant), des Amphibiens (Rana temporaria, Bufo bufo) et cinq espèces de Reptiles exploitent les zones humides et les ourlets exposés au sud de la lisière (Lézard vivipare, Lézard agile, Lézard des murailles, Orvet fragile et Couleuvre à collier). D’importants complexes de Blaireau (plus de 15 gueules par endroits), sans doute très anciens et encore occupés actuellement, sont également notés en lisière, dans les sols limoneux profonds.

Les Chiroptères viennent chasser le long de cette lisière où plusieurs espèces ont été notées (Pipistrellus pipistrellus, Myotis myotis, Epstecicus serotinus, Nyctalus noctula), ce qui est assez intéressant dans ce contexte agricole globalement assez pauvre.

Le petit cours d’eau qui longe la lisière du Kaufholtz est un affluent du Spechbach. Ses abords immédiats correspondent à un ourlet hygrophile du Filipendulion au stade précoce, où apparaît Filipendula ulmaria (feuille pennée) et où s'exprime une bonne diversité floristique : Glechoma hederacea, Epilobium hirsutum, Filipendula ulmaria, Cirsium oleraceum, Aegopodium podagraria, Lythrum salicaria… et qui constituent l’habitat de reproduction de l’Agrion de Mercure et du Cuivré des marais. Ces ourlets linéaires jouent un rôle de corridor pour la petite faune en permettant les déplacements des petites espèces, par exemple aux insectes des milieux hygrophiles qui volent difficilement. Le contact du ruisseau avec des prés et pâtures (cultures pérennes) permet de limiter l’eutrophisation de l’eau et joue un rôle tampon important (qualité de l’écotone).

Bien qu’il n’y ait pas été observé, les prés du “Katzenwadel” semblent particulièrement favorables au Chat forestier.

Le bois du Kaufholtz abrite des oiseaux forestiers (Pic mar, Pic noir, Chouette hulotte…) et les bosquets au contact des milieux ouverts sont favorables à la Pie-grièche écorcheur, inscrite à la Directive Oiseaux et menacée en Alsace, et au Tarier des prés, noté de passage.

Les activités humaines sont localement tournées vers l’agriculture (cultures de céréales et pâturages) et la chasse, dont certaines actions sont bénéfiques à la faune : création de mares, maintien de petites unités (bosquets, roselières) le long de la rivière.

Le site reste toutefois très menacé par de petites altérations qui pourraient faire basculer le site vers une gestion intensive jusqu’à la frange forestière, comme l’attestent les destructions de haies. Le petit cours d’eau bordé d’un ourlet hygrophile est actuellement eutrophisé et ne supporterait pas de pollutions supplémentaires par ruissellement (eutrophisation d’origine anthropique (agriculture) et transformation des lits des cours d’eau, surtout la canalisation). Les ourlets hygrophiles Glycéraie / Groupement à Berula erecta sont par nature minces et souvent au contact de prairies, régulièrement fauchées. Il en découle une grande vulnérabilité. A moyen et long terme, ces habitats ne peuvent subsister que dans des contextes agricoles d’extensification et/ou d’orientation des pratiques (fauches limitées, limitation des intrants dans le bassin versant).

Le Blaireau, dont les populations diminuent progressivement depuis plusieurs années en Alsace, est également menacé localement. La lisière du Katzenwadel peut en effet être considérée comme un noyau de population, mais qui reste sensible à la modification potentielle des habitats de lisières mais aussi à la chasse, à la circulation routière et à l’agriculture.

Plus globalement, le projet de déviation routière (liaison Altkirch/Mulhouse/Burnhaupt-le-Bas) menace à court termes ce secteur fragile.

Commentaires sur la délimitation

La zone est délimitée sur la lisère du bois du Kaufholtz et englobe les mosaïques de prés et bosquets où s'expriment les espèces déterminantes, à l’interface avec les zones de grande culture. Les limites intègrent une surface permettant le bon accomplissement écologique de la majorité des espèces concentrées et s'appuient sur les chemins agricoles, ruisseaux, bords de parcelles et limites des boisements. Vers la forêt, la zone s'appuie sur les parcelles forestières, ce qui permet d'intégrer la largeur de la lisière.