ZNIEFF 430002189
LA PROVENCHERE ET AU MONT

(n° régional : 33000002)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Marquant un décrochement avec les surfaces déformées d'Ornans et de Montrond, les falaises d'Ivrey appartiennent au secteur le plus complexe du faisceau de Quingey, caractérisé par des chevauchements, des plis et des failles. En surplomb d'Ivrey, ce versant bien exposé se compose essentiellement de parois, constituées des calcaires compacts oolithiques du Bathonien, et de forêts de pente thermophiles. Ce bel ensemble paysager, caractéristique de la partie jurassienne de la Franche-Comté, abrite une flore et une avifaune remarquables.

 

Les parois présentent toujours un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. L'ampleur des contrastes hydriques et thermiques sélectionnent en effet les espèces les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques régnant dans de simples anfractuosités, dont de nombreuses plantes méditerranéo-montagnardes. A leurs côtés, plusieurs espèces d'oiseaux exploitent ces habitats rupestres pour leur nidification, dont le faucon pèlerin qui bénéficie à Ivrey de la tranquillité des vires rocheuses. Ce rapace, aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, a pourtant bien failli disparaître en France dans les années 1970.

 

En surplomb, la végétation des parois d'Ivrey trouve une continuité sur les corniches avec la pelouse thermoxérophile à laîche humble et anthyllide des montagnes. Trouvant ici des conditions optimales de sécheresse et de chaleur, ce gazon écorché est très bien typé et occupe une grande partie des sols les plus superficiels. Parmi son cortège d'espèces remarquables, citons l'hélianthème blanchâtre, un sous-arbrisseau rare dans le Jura, et l'anthyllide des montagnes, protégée en Franche-Comté, qui anime de sa floraison purpurine les rochers calcaires à la fin du printemps. Rare à l'échelle européenne, ce groupement édapho-climacique évolue en arrière des corniches vers une pelouse à laîche humble et brome dressé, parfois imbriquée de manière complexe avec un ourlet à géranium sanguin et peucédan des cerfs et une fruticée à coronille arbrisseau et cerisier de Sainte-Lucie. Au niveau du plateau, cette seconde pelouse est substituée par une pâture mésophile, ponctuée de bosquets de chênaie-charmaie sèche, dominant un sous-bois d'arbustes sempervirents tels que la lauréole, le houx, le buis ou encore le fragon.

 

Bénéficiant d'une exposition parfaitement ensoleillée, la chênaie pubescente occupe les sols superficiels de certaines corniches et les sols rocailleux des pentes. Elle se présente comme un peuplement rabougri à base de chênes pubescent et sessile et d'érable à feuilles d'obier. De petites ouvertures permettent d'observer des espèces thermoxérophiles telles que la laîche humble et la mélitte à feuilles de mélisse et de nombreuses espèces d'ourlets comme l'origan et le géranium sanguin. La rareté de cette mosaïque de milieux en Franche-Comté confère à cet habitat un intérêt régional.

 

STATUT DE PROTECTION

La tranquillité du faucon pèlerin est assurée pendant la période de nidification par un arrêté préfectoral de protection de biotope. En outre, la présence d'une plante protégée régionalement par l'arrêté du 22.06.92 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de cette espèce et de son milieu.

 

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE

La pelouse primaire à Anthyllide des montagnes est peu soumise à la dynamique naturelle. Quelques Genévriers communs se sont développés mais ne constituent pas une altération de l'état de conservation de cette pelouse. Les pelouses calcicoles méso-xérophiles en arrière de la corniche, sont davantage concernées par la dynamique d'ourlets et l'avancée des fruticées, en l'absence de gestion agropastorale. En plusieurs points ces pelouses, ont été supplantées par des végétations pré-forestières, notamment à l'est où la falaise est plus petite.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

De part leur nature climacique et leur situation topographique, ces milieux ne paraissent pas menacés actuellement. Il convient donc de ne pas entreprendre d'aménagements lourds, de type belvédères ou aires d'envols de vol libre. Ceux-ci risqueraient en effet d'engendrer un piétinement des bords de falaises, incompatible avec la conservation de la végétation caractéristique des groupements en place. Par ailleurs, l'absence d'intérêt économique de la chênaie thermophile incite à abandonner toute exploitation. Enfin, le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre, surtout en période de nidification, est indispensable.

 

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