ZNIEFF 430002196
FORET DU MASSACRE ET COMBE A LA CHEVRE

(n° régional : 40000001)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le massif du Massacre, l'un des plus élevés du Jura français, culmine à 1 495 mètres au Crêt Pela. Il occupe un mont dont la large voûte anticlinale sépare la Combe du Lac, à l'ouest, de la vallée de la Valserine à l'est. Le secteur sommital, horizontal au nord, est taraudé par les formes karstiques (lapiaz ouverts, dolines) alors qu'il est entaillé par la Combe à la Chèvre au sud. Ce vaste ensemble forestier d'altitude présente une valeur biologique considérable. Les formations végétales, bien diversifiées, appartiennent aux étages montagnard supérieur et subalpin, la transition s'opérant vers 1 350 mètres. Un inventaire des syrphidés du site a été mis en œuvre et l'analyse des résultats par la méthode "Syrph the Net" a permis d'évaluer l'état de conservation des habitats. En effet, les syrphes sont d'excellents bio-indicateurs et il apparaît que la forêt du Massacre est un site à forte potentialité, d'importance régionale et en bon fonctionnement.

 

La hêtraie-pessière-(sapinière) représente le stade climacique de l'étage montagnard supérieur. Sur le versant nord-ouest, elle est dominée par l'épicéa, avec la fétuque des bois et l'adénostyle à feuilles d'alliaire en sous-bois. A l'étage subalpin, divers types de forêts se déclinent selon l'orientation, la nature du sous-sol (calcaire ou marneux) et l'épaisseur du sol : pessière mésohygrophile à hautes herbes et hêtraie à érable sur sols profonds, pessière neutrophile mésophile, localisée sur sols calcaires peu profonds, et enfin, pessière acidophile à doradille, d'intérêt patrimonial exceptionnel, en mosaïque sur les lapiaz. Dans ces deux derniers cas, les strates basses sont dominées par l'airelle et la myrtille. Sur sols épais, par contre, les herbacées sont exubérantes ; nombre d'entre elles sont typiques des mégaphorbiaies (adénostyle à feuilles d'alliaire, renoncule à feuilles d'aconit). La tozzie des Alpes, le streptope à feuilles embrassantes, le camérisier bleu et la racine de corail (ces trois dernières étant protégées) comptent parmi les plantes remarquables.

Les pelouses herbeuses sèches semi-naturelles à brome et gentiane printanière sont surtout développées dans la Combe à la Chèvre et les clairières du versant de la Valserine. On y rencontre la nigritelle noire et la pulsatille des Alpes, typiques de la flore subalpine et protégées en Franche-Comté. Les pelouses sont bordées de pré-bois d'épicéas, éléments paysagers représentatifs du Haut-Jura. Sous le Crêt Pela, une pelouse xérophile subalpine à laser siler recèle deux espèces rares, le cirse glutineux et le trèfle de Thal.

La faune est caractéristique des forêts d'altitude. Les pessières hébergent les oiseaux les plus remarquables de la montagne jurassienne, dont la plupart sont des reliques des dernières glaciations : chevêchette d'Europe et chouette de Tengmalm, casse-noix moucheté, merle à plastron, gélinotte des bois et surtout grand tétras. Sur le massif du Massacre, comme dans l'ensemble de la montagne jurassienne, la population de cet oiseau emblématique est en forte régression depuis quelques décennies. Chez les mammifères, le lynx est bien représenté dans ce secteur.

 

STATUT DE PROTECTION

Le site est inclus dans le secteur Natura 2 000 " Forêt du Massacre ". La partie centrale bénéficie d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope, afin de garantir les conditions de tranquillité au grand tétras lors de l'hivernage et de la reproduction. En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et à leurs milieux (arrêtés ministériels des 17/04/81, 22/06/92 et 23/04/07).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Le subtil équilibre entre pâturages ouverts, forêt et pré-bois, particulièrement exemplaire sur ce site, confère au secteur son attrait paysager et sa grande richesse écologique. La conservation des milieux ouverts et des pré-bois est conditionnée par le maintien d'activités pastorales extensives, afin de limiter l'avancée de la forêt. Il est également nécessaire de mener une gestion différenciée en faveur des stades vieillissants et du bois mort afin d'augmenter la fonctionnalité globale du site. Au Crêt Pela, il convient de canaliser la fréquentation et d'informer les promeneurs pour préserver la pelouse subsommitale, très sensible au piétinement.

Dans cette forêt, la pression humaine est quasiment constante. Malgré une gestion sylvicole favorable (futaie jardinée), le grand tétras reste très menacé par la situation exposée de ce massif aux activités touristiques.

 

Commentaires sur la délimitation
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