ZNIEFF 430002212
BOIS ET ETANGS DE LA BRESSE MÉDIANE

(n° régional : 14038000)

Commentaires généraux

La Bresse, partie nord des bassins d'effondrement du Rhône et de la Saône, était occupée par un lac à la fin de l'ère tertiaire. Cette zone formait alors un vaste delta servant d'embouchure au fleuve qui regroupait les eaux du Rhin et du Doubs actuel. Des alluvions se sont déposées sur de grandes épaisseurs, rapprochant ainsi la Bresse jurassienne de la Dombe. Le retrait progressif du lac bressan a laissé place à de vastes marécages.

L'étang traditionnel est une création de l'homme. Dans les régions favorisées par un sol peu perméable, on réalisait des plans d'eau de faible étendue et de faible profondeur (moins de 3 m.) alimentés en eau par les précipitations, des sources ou le ruissellement voisin (cas de la Bresse). Dés le XVIIème siècle, les campagnes d'assèchement vont entraîner la réduction du nombre d'étangs, qui passe de 1300 à l'époque, à 600 aujourd'hui, soit 2000 ha de plans d'eau en Bresse. Ce sont des étangs de moins de 5 ha dans 80 % des cas, la grande majorité d'entre eux se trouvant au nord et à l'ouest de la région.

Ce site est un complexe d'étangs, de prairies et de bois humides de l'ordre de 4800 ha. Les étangs, au nombre d'une trentaine occupent une superficie d'environ 200 ha, la forêt couvrant les plus grandes surfaces (de l'ordre de 2500 ha). Le secteur agricole (prairies et cultures) et les zones urbanisées représentent près de la moitié de la superficie du secteur.

Il recèle par ailleurs un ensemble de communautés végétales intéressantes, aquatiques, forestières, tourbeuses ou prairiales.

Parmi les étangs, il convient de distinguer pour leur grande valeur biologique, ceux du Grand Virolot, Antoine, du Vernois, Vaillant, du Crêt et du Fort, Boisson, Neuf, Monseigneur, de la Choulière, des bois du Beulet et du Marais.. La forêt apparait généralement sur l'une des berges et laisse peu de place aux ceintures végétales.

Ces étangs à Potamogeton trichoides (Potamot capillaire) appartiennent au type méso-eutrophe* (non acides et moyennement riches en éléments nutritifs). Ils se distinguent par la présence d'espèces végétales typiques et rares en France ou dans la région, la marsilée à quatre feuilles et la lindernie couchée, strictement protégées dans tous les pays européens, la renoncule grande-douve protégée en France, ainsi que 6 autres espèces protégées au niveau régional parmi lesquelles le scirpe de Micheli et le potamot à feuilles de graminée.

Pour ce qui concerne la forêt, on rencontre de la chênaie-charmaie mésotrophe* sur les terrains qui se ressuyent le mieux ; elle vient en contact avec des chênaies pédonculées qui occupent les terrains humides. Localement, les sols acides hébergent une hêtraie-chênaie acidiphile* et les sols engorgés supportent une aulnaie-frênaie. Elle se situe dans les bas fonds, en bordure des ruisseaux ou encore en ceinture externe des étangs. Même si ces forêts humides couvrent une surface plus restreinte, la mosaïque qu'elles constituent avec les autres types confère à l'ensemble une forte valeur écologique. Il convient enfin de noter que ces forêts ont conservé une exploitation peu intensive même si localement quelques parcelles ont été enrésinées (bois du Beulet).

Dans les massifs forestiers, plusieurs ruisseaux (ruisseaux de la Chaux, du bois d'Amont) montrent des caractéristiques particulièrement intéressantes et favorables à la présence de l'écrevisse à pieds blancs actuellement rare et significative des milieux à haute valeur biologique. Le site recèle également un certain nombre d'espaces favorables à la fraie du brochet (la Chaux).

Dans les secteurs agricoles, les sols hydromorphes*, largement représentés dans la région, font progressivement l'objet de drainages et de mise en culture. Les prairies naturelles (prairies permanentes sans drainage) qui demeurent sont apparentées à des formations méso-hygrophiles* à brome racémeux, acidiclines* (légèrement acide) avec une tendance thermophile* faiblement liée aux remontées climatiques véhiculées par le couloir rhodanien. La flore est marquée par une orchidée particulière, l'orchis à fleurs lâches, protégée au niveau régional. Autrefois très répandus en Bresse avant les opérations de drainage, ces éléments méritent d'être sauvegardés par des mesures adaptées.

En plus d'une flore typique et caractéristique, les étangs de Bresse constituent un site exceptionnel de nidification et d'étape pour l'avifaune. Héron pourpré, blongios nain, faucon hobereau, busard des roseaux, martin pêcheur, figurent parmi les espèces les plus remarquables, certaines trouvant là leur seul site de nidification en Franche-Comté.

Enfin, il convient également de mentionner les batraciens. L'humidité constante, l'imbrication étroite des milieux aquatiques et forestiers, la présence de prairies sont autant de facteurs propices à leur reproduction ; la Bresse constitue ainsi un réservoir batracologique très important. Au sein de ce peuplement, il faut signaler la présence de la rainette verte, de la grenouille agile associées au lézard vivipare et à la couleuvre verte et jaune, toutes ces espèces étant protégées dans les différents pays européens.

OBJECTIFS ET MOYENS DE PRESERVATION ET DE GESTION

Les objectifs de gestion et les moyens de préservation découlent de la sensibilité particulière des milieux naturels et des atteintes observées. Sur l'ensemble du site, plusieurs priorités se dégagent ; les moyens permettant de les atteindre devront faire l'objet d'une définition au niveau local.

Au-delà d'une stratégie ponctuelle et partielle, la protection des étangs requiert des mesures incitatives susceptibles d'encourager leur exploitation traditionnelle extensive et cyclique.

Compte tenu de la nature des formations végétales et de leur intérêt biologique (maturité et structure), la gestion des massifs forestiers nécessitent la mise en place d'une cartographie opérationnelle qui permettra de définir, les secteurs non exploitables, ceux devant faire l'objet d'une gestion particulière et ceux où une gestion ordinaire adaptée aux potentialités du milieux est suffisante. Parmi les premiers, il convient de distinguer les formations humides (aulnaie-frênaie, aulnaies marécageuses, marais), les milieux ouverts intra-forestiers, les éventuels secteurs à très grande valeur ornithologique (grands échassiers) et les ruisseaux forestiers. Pour les seconds, quelques principes peuvent être avancés au rang desquels figurent le maintien de la vocation feuillue des peuplements, l'absence de drainage, la diversité des traitements. L'absence de draînage peut être envisagée sur les stations dont l'intérêt patrimonial est reconnu. La régénération naturelle peut également être conseillée lorsqu'elle est réalisable avec maintien de quelques gros bois.

La préservation des ruisseaux nécessite un certain nombre de mesures impératives de protection et de restauration des caractéristiques morphologiques originelles :

- maintien optimale de la qualité de l'eau et des habitats (absence d'aménagement et entretien ménagé);

- maintien d'une pisciculture extensive;

- maintien des boisements feuillus et exploitation modérée, respectueuse des milieux aquatiques;

- conservation des ceintures végétales actuelles et des forêts et prairies humides environnantes où toute opération de drainage et d'assainissement est à proscrire;

- maintien de la baisse du niveau des eaux en fin d'été;

- interdiction de dépôts et d'apports de produits nuisants;

- entretien des petits étangs.

La préservation des quelques prairies méso-hygrophiles* présentes, passe par la mise en oeuvre de pratiques agricoles adaptées compatibles avec la qualité des milieux : arrêt du drainage et exploitation extensive.

Commentaires sur la délimitation
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