ZNIEFF 430002218
ZONES HUMIDES, FALAISES ET PELOUSES DU LAC DE CHALAIN

(n° régional : 46484007)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

 

Au sein de la Combe d'Ain, la reculée de Chalain entaille les couches calcaires du plateau de Champagnole. La double action des glaciers de l'ère quaternaire et des processus de karstification est à l’origine de sa formation. La moraine frontale de Doucier, en obturant le débouché de la reculée à l'ouest, a permis la formation d'un lac, dans une cuvette colmatée par des dépôts glaciaires imperméables. Ce plan d'eau, le plus étendu des lacs naturels du Jura (230 hectares), est alimenté par plusieurs affluents, dont le Bief de l'Oeuf, résurgence d'un réseau souterrain issu du lac de Narlay. L'émissaire du lac est court-circuité à des fins de production hydroélectrique depuis 1904, ce qui entraîne un marnage annuel de l'ordre de 2 mètres.

 

Les eaux du lac de Chalain sont à la fois très calcaires et assez riches en éléments nutritifs (méso-eutrophes). Ce plan d'eau possède un potentiel biologique élevé en termes de diversité et de productivité. Du point de vue piscicole, les corégones, espèces exigeantes sur la qualité du milieu, sont dominants en zone pélagique. La végétation littorale est favorable au frai du brochet.

 

Les berges étant généralement pentues, la beine crayeuse lacustre (zone littorale peu profonde) ne représente toutefois que 20 % de la surface du lac. Seule la rive occidentale conserve une végétation caractéristique disposée en ceintures successives : les tapis de Characées (algues vertes évoluées) sur le fond, puis les formations amphibies sur les berges, sont relayés à l'extérieur par un bas-marais alcalin et des prairies de fauche humides.

 

Les versants abrupts dominant le lac sont le domaine des forêts de pente : hêtraie à dentaire et érablaie à scolopendre en exposition ombragée, hêtraie thermophile sur les versants chauds. Les rebords des corniches, aux sols squelettiques, sont occupés par un liseré de pelouses sèches à très sèches. Différents groupements, tous de grand intérêt, sont répartis suivant l'exposition.

 

La flore associée à ces milieux contrastés comprend de nombreux éléments rares et menacés dont certains sont protégés en France ou dans la région : choin ferrugineux, troscart des marais, gentiane pneumonanthe dans le bas-marais, aspérule des teinturiers, épervière bleuâtre, fétuque de Patzke et nerprun des rochers sur les corniches.

 

L'avifaune se distingue par son intérêt : le faucon pèlerin et le grand duc d'Europe nichent sur les falaises, le milan royal et le pic noir dans les forêts, alors que l'hirondelle de rivage utilise les berges abruptes du lac. Parmi les insectes, on note l'agrion de Mercure, demoiselle protégée en France.

 

STATUT DE PROTECTION

 

La falaise sud de la reculée bénéficie d'un arrêté préfectoral de protection de biotope pour le faucon pèlerin. De plus, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07 et 29/10/09). Enfin, le site est inscrit au titre de la loi de 1930 (« Lac de Chalain à Doucier »).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

 

Ce site revêt un intérêt majeur, sur le plan écologique, paysager et archéologique (vestiges néolithiques exceptionnels). Plusieurs belvédères sont installés sur les corniches et différents aménagements touristiques sont implantés en bordure immédiate du lac, très fréquenté en été.

 

Cet ensemble étant soumis à diverses perturbations, les objectifs de gestion sont les suivants :

- organiser la fréquentation humaine de façon à épargner les zones les plus sensibles (beine lacustre, ceintures tourbeuses, pelouses sèches) et éviter l'installation de tout nouvel équipement ;

- préserver l'hydrosystème lac, en veillant au maintien de la qualité de l'eau, en restaurant la continuité avec l'Ain et en améliorant l'état sanitaire du cheptel piscicole ;

- conserver les habitats d'intérêt patrimonial : proscrire toute action de drainage des marais et contrôler l'extension des boisements de rive, restaurer les pelouses de corniche (débroussaillage ménagé des secteurs enfrichés, puis fauche d'entretien tous les deux ou trois ans).

Commentaires sur la délimitation
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