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DESCRIPTION
Située sur la commune de Chaux-des-Prés, dans le département du Jura, la zone humide de la tourbière des Douillons occupe l’extrémité d’une vaste combe d’orientation nord-est/sud-ouest, incluant le lac de l’Abbaye. Bordé sur la limite orientale par un chaînon calcaire de même orientation, le fond de la dépression est tapissé d’alluvions tourbeuses recouvrant des dépôts fins glaciaires datant du début du Quaternaire. Les conditions climatiques assez rigoureuses à cette altitude (860 m en moyenne), le confinement en pied de contrefort et la nature imperméable du substrat sont à l’origine du développement d’un complexe de milieux humides originaux, même si une grande partie d’entre eux garde les traces d’activités humaines traditionnelles.
La partie la plus humide, au nord du site, accueille un bas marais alcalin, stade primaire de la formation d’une tourbière, ceinturé par un groupement à grandes laîches. Quatre espèces végétales peu communes et protégées au niveau national et régional y ont élu domicile (laîche des bourbiers, rossolis à feuilles rondes, grassette et troscart des marais), de même que d’autres espèces typiques de ces milieux et tout aussi intéressantes : primevère farineuse, swertie des marais, laîche à fruits velus… Malheureusement, la molinie, témoin d’un assèchement de surface progressif, est en train de gagner du terrain, banalisant le cortège floristique du bas marais. À l’opposé de la tourbière basse, soit au sud du site, se développe le milieu considéré comme la phase terminale d’évolution des tourbières dans le Jura : la boulaie sur tourbe. Des mégaphorbiaies, communautés végétales à hautes herbes, assurent la transition entre les milieux tourbeux et les prairies exploitées par l’homme. Le pic noir, protégé en France, est un hôte fréquent de ce site.
Un autre écosystème, tout aussi original, s’est mis en place au centre de la tourbière. Il s’agit d’une petite mare oligotrophe, occupant une ancienne fosse de détourbage. La cicatrisation est en cours, marquée par l’évolution lente depuis les radeaux flottants instables jusqu’à la tourbière boisée. Offrant des conditions idéales aux espèces inféodées aux plans d’eau tourbeux oligotrophes, elle accueille plusieurs libellules dont une espèce rare en France et très localisée, protégée au niveau national, la leucorrhine à gros thorax, accompagnée de l’agrion hasté. Deux papillons figurant sur la liste rouge des espèces menacées en France, l’hespérie de l’alchémille et le moiré franconien, ajoutent à l’intérêt patrimonial de la tourbière des Douillons.
STATUT DE PROTECTION
Ce site, retenu d’intérêt communautaire par la Directive Habitats, bénéficie d’une protection des milieux en même temps que des espèces. Par ailleurs, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux dites espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20.01.1982 et 22.06.1992 pour les plantes ; arrêtés du 23.04.2007 pour les insectes et 29.10.2009 pour les oiseaux).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La tourbière des Douillons a subi beaucoup de dégradations par les activités de récolte de tourbe. Si la moitié sud ne présente plus guère d’intérêt suite à son assèchement, il n’en est pas de même pour la moitié nord dont les milieux accueillent les espèces les plus intéressantes, malgré un déclin progressif et une banalisation de la flore.
La restauration et la préservation ensuite de ce site passent par une série de mesures destinées à endiguer le processus d’assèchement de la tourbière (abandon de drainage et intervention sur les secteurs boisés) et de la colonisation par les ligneux ou la molinie. L’accent doit être mis sur le maintien en l’état de la mare accueillant la leucorrhine en créant des gouilles par exemple. Enfin, les apports d’effluents, quelle que soit leur origine, sont à proscrire aussi bien sur le site que dans ses proches environs.
Zone d'extension de la tourbière et prairies humides de bordure.
