COMMENTAIRE GENERAL
Le Lac de l’Autel et les zones humides des Cotalets font partie d’un site assez remarquable situé au sein du Plateau du Grandvaux dans la partie centrale du massif jurassien, à une altitude comprise entre 840 et
900 m (étage montagnard). Les aléas climatiques du début du Quaternaire ont touché ce secteur, les glaciers creusant des cuvettes qui ont été peu à peu comblées avec les matériaux arrachés au substrat et plus particulièrement ici par des calcaires marneux du Jurassique moyen. Ces matériaux de constitution diverse et de nature imperméable ont comblé des dépressions fermées, se remplissant d’eau et permettant le développement de sols marécageux plus ou moins tourbeux. Situés au fond d’une dépression allongée selon un axe nord-est / sud-ouest, le Lac de l’Autel et les zones humides qui l‘accompagnent en constituent un bon exemple.
Ces conditions environnementales particulières génèrent la formation d’une mosaïque de milieux engorgés comme les tourbières bombées, les bas marais alcalins et les communautés à Rhynchospora alba, mosaïque complétée par des prairies humides. L’intérêt biologique du site est encore renforcé par la présence d’un nombre impressionnant d’espèces végétales (plus de cent vingt taxons recensés), parfois de valeur patrimoniale forte. Le plan d’eau du Lac de l’Autel héberge par ailleurs une végétation aquatique remarquable comme en témoigne la présence du rubanier rameux, de la grande utriculaire, du potamot nageant…, espèces parmi lesquelles sont observés les nénuphars nain et du Jura, protégés en Franche-Comté. Les tourbières, boisées ou non, accueillent l’andromède, la laîche des bourbiers, le lycopode inondé, la pédiculaire des forêts, l’œillet superbe, le rossolis à feuilles rondes, protégées au niveau national ou régional. D’autres milieux élargissent encore l’éventail patrimonial du site et notamment des prairies plus ou moins humides, parmi lesquelles on observe la grassette commune, des mégaphorbiaies et des formations boisées. Les localités plus sèches hébergent des pelouses calcicoles.
La faune n’est pas en reste. De nombreux oiseaux sont les hôtes de ce site et parmi eux, la pie-grièche écorcheur, les milans noir et royal… Les petits milieux humides sont propices au lézard vivipare et aux odonates.
ETAT DE CONSERVATION GENERAL DU SITE (2014)
L'état de conservation du site est malheureusement à déplorer. Les mésobromions et pâtures souffrent en effet de surpâturage, ce qui porte préjudice à leur diversité floristique. Les tourbières situées au sud du site, ayant été anciennement exploitées, sont en cours d'assèchement, le drainage et le creusement provoquent un abaissement de la nappe. De plus, l'ensemble des milieux ouverts sont exposés à une avancée progressive des ligneux. Enfin, les prairies calcaires à molinies menacent de s'homogénéiser et de d'étendre car la molinie a tendance à prendre le dessus par la formation de touradons; il en est de même pour le pourtour du lac, où la phragmitaie grignote petit à petit le reste de la végétation. La partie tourbeuse du site est en fait une formation fragmentaire où les buttes acides ombrotrophes sont dispersées en îlots au sein de bas-marais acides ou neutro-alcalins et de haut-marais, formant ainsi une mosaïque végétale très riche en plantes aciphiles et calciclines. En effet, une très faible part du site est associée à des secteurs dynamiques de la tourbière, correspondant à des phases cicatricielles succédant à des exploitations manuelles plus ou moins anciennes.
STATUT DE PROTECTION
Aucune mesure de protection réglementaire n’est mise en place sur le site. Mais la présence d’espèces protégées d’intérêt national et régional implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en, effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels des 20.01.82, 22.06.92, 19.11.07 et 29.10.09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
À l’heure actuelle, le Lac de l’Autel et les zones humides des Cotalets sont le siège d’activités humaines comme l’agriculture et la sylviculture. Afin de conserver ce site dans un état satisfaisant, il convient de prendre quelques mesures qui vont dans le sens de la pérennité des milieux.
Toute action de drainage ou d’assainissement dans ce secteur est à proscrire, d’autant plus que l’altitude et la topographie du site sont tout de même peu propices à la culture. En complément de cet objectif, la mise en place de mesures agro-environnementales telles qu’une fauche par an dans les prairies de fauche et la pratique du pâturage extensif avec des effectifs de cheptel compatibles semble judicieuse. Elle sera accompagnée d’une interdiction de tout amendement et d’apport d’engrais, pouvant provoquer un déséquilibre trophique du milieu, néfaste à la faune et à la flore (enrichissement en éléments nutritifs). Le maintien de pratiques agricoles traditionnelles permet également d’éviter la fermeture des milieux ouverts qui ont tendance, en l’absence d’activités, à être envahis par des petits ligneux. Il est ainsi préconisé de réaliser du bucheronnage sur les milieux ouverts, afin de les préserver. Afin d'éviter l'atterrissement et l'homogénéisation de la végétation sur le pourtour du lac, il serait indispensable de faucher les phragmites au mois d'Août.