COMMENTAIRE GENERAL
Situé dans la partie septentrionale du Grandvaux, à la limite entre le plateau de Champagnole et le deuxième plateau du Jura, le site du « Pont de Lemme et les Cornes du Marais » suit en partie la vallée de la Lemme et de quelques uns de ses affluents (ruisseau du Devant, Bief Rouge, Ruisseau du Saillet). Encadré par des collines où affleurent les calcaires et les marnes du Crétacé, le fond de la dépression qui s’est formée est tapissé de dépôts fluvio-glaciaires imperméables et d’alluvions récentes. À cette altitude (plus de 800 mètres) et dans cette partie du massif jurassien, les conditions climatiques sont assez contraignantes : précipitations abondantes et fréquentes, températures faibles en moyenne, périodes sèches rares et de courte durée.
La confluence des principaux affluents de la Lemme ainsi que la situation topographique de cette vallée permettent à une vaste zone humide de s’établir. Malgré une rectification ancienne de la Lemme et de l’un de ses affluents et de la présence de drains dans le haut marais, le site est encore doté d’une belle mosaïque de groupements liés à la quasi permanence de l’eau, à valeur patrimoniale exceptionnelle, tant au niveau de l’éventail des milieux représentés que de la diversité des cortèges floristiques qui les accompagnent. En effet, l’ensemble du site n’accueille pas moins de quatre-vingt neuf espèces de végétaux supérieurs. Si les tourbières et les prairies humides hébergent des espèces originales, menacées et/ou protégées (laîche étoile des marais, laîche dioïque, linaigrette grêle, héléocharis à cinq fleurs, rossolis à feuilles rondes, laîche des bourbiers, andromède à feuilles de polium, œillet superbe, rhynchospore blanc), les autres habitats liés à la présence de l’eau (roselières, mégaphorbiaies, magnocariçaies, forêts riveraines, saulaies) ne sont pas en reste.
Cette grande diversité des milieux est propice à l’entomofaune. Parmi les insectes qui fréquentent le site, trois sont inscrits sur la liste rouge des insectes menacé (fadet des tourbières, solitaire, nacré de la bistorte).
Au sud de cette zone humide liée à la Lemme et au Ruisseau de Devant, un petit secteur, correspondant à la vallée du Saillet, compte également un bel éventail de groupements végétaux. Le ruisseau, dont le tracé se déroule soit en forêt fraîche, soit au milieu de prairies maigres pâturées et plus ou moins gagnées par les buissons, présente également des milieux humides : bas marais où croissent la parmassie des marais et la linaigrette, mégaphorbiaies à reine des prés… L’ensemble, très fleuri, offre un bon potentiel à de nombreux insectes et plus particulièrement au cordulégastre annelé, odonate menacé en France.
Une particularité de ce site tient également à sa position géographique et à son statut de vallée intermédiaire entre l’étage collinéen et l’étage montagnard, permettant ainsi des migrations bipolaires d’amont en aval et inversement. Cette caractéristique est attestée, par exemple, par la présence, exceptionnelle à cette altitude, du saule des vanniers, espèce de plaine.
STATUT DE PROTECTION
La présence de plusieurs espèces végétales et animales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 (articles 1 et 2) et du 22.06.1992 pour les plantes, du 23.04.2007 pour les insectes assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Ce site a subi, par le passé, des perturbations hydriques dont il subsiste quelques traces, notamment la rectification des cours d’eau et les drains. Afin de conserver le site dans un état satisfaisant, des mesures semblent utiles passant par le contrôle de la qualité physico-chimique et biologique des eaux et de la qualité des habitats naturels.