ZNIEFF 430002247
LES TOURBIERES AUX MOUSSIERES

(n° régional : 40000007)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Situées à proximité immédiate du village, à presque 1 150 mètres d’altitude, les tourbières des Moussières occupent une petite dépression d’environ 15 hectares, dont le fond est occupé par des formations morainiques tourbeuses, déposées lors du retrait des glaciers il y environ 10 000 ans.

À cette altitude, dans le Haut Jura, les conditions climatiques sont très rudes : hivers très froids et longs, moyenne annuelle des température basse, précipitations abondantes et notamment en hiver avec la neige durant plusieurs mois, absence de périodes sèches de longue durée. Ces conditions géologiques et climatiques sont extrêmement favorables à l’installation de milieux naturels très originaux : les tourbières.

 

C’est le cas ici où un complexe tourbeux très intéressant a colonisé le fond de la dépression glaciaire. En effet, cette surface relativement réduite accueille un bel ensemble de groupements végétaux qui marquent les étapes de l’évolution dynamique des milieux sur tourbe. 

Un bas marais alcalin, première phase de la formation d’une tourbière, abrite une végétation typique de ces milieux et compte quelques espèces d’intérêt patrimonial fort comme la grassette à grandes fleurs, protégée au niveau régional, l’arum d’eau, peu représenté ici mais qui bénéficie d’une protection nationale. Le cortège est complété par le trèfle d’eau, le comaret, la laîche à ampoules... Les gouilles, entre les radeaux flottants, sont colonisées par des coussins plus ou moins importants de sphaignes sur lesquels s’établit le rossolis à feuilles rondes, espèce protégée au niveau national.

L’évolution de ce bas marais conduit à l’installation d’une tourbière haute active, dominée par les sphaignes, notamment la sphaigne de Magellan, parmi lesquelles on remarque la présence de l’andromède à feuilles de polium et, dans les gouilles, le lycopode des tourbières, toutes deux protégées au niveau national.

Le dernier stade est représenté par la pessière sur tourbe, l’épicéa dominant un épais tapis de mousses et de myrtilles, parmi lesquelles les lycopodes à rameaux d’un an et sélagine cherchent à s’installer.

 

L’ensemble de ces groupements tourbeux est ceinturé par des mégaphorbiaies, assurant la transition avec des prairies humides à cirse et trolle, parmi lesquelles on note la présence du trèfle brun, et des prairies paratourbeuses à molinie, milieux en forte régression dans le Haut Jura. Cette mosaïque de groupements est complétée par des cariçaies et des fourrés de saules sur les sols engorgés et des prairies mésophiles pâturées sur les sols drainés.

 

L’intérêt patrimonial du site est renforcé par la présence de quelques insectes, parmi lesquels l’actéon ou le petit collier argenté, papillons diurnes ou encore la cordulie arctique. Cette tourbière est en effet un des rares sites accueillant cette petite libellule, peu fréquente en France et inscrite sur la liste rouge des insectes menacés.

 

STATUT DE PROTECTION

La présence de six espèces végétales, citées dans l’arrêté ministériel du 31.08.1995 (annexes 1 et 2) assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Dans un état de conservation satisfaisant, la tourbière des Moussières mériterait quelques mesures de préservation, destinées à sa pérennité. Le maintien de pratiques agricoles extensives, notamment sur les prairies humides et paratourbeuses, limitera l’enfrichement de ces milieux et évitera leur disparition en même temps que celle des espèces qu’ils hébergent, la dynamique naturelle les faisant évoluer vers la mégaphorbiaie puis le boisement. Afin de maintenir la petite population de cordulie mais également les plantes des gouilles, des secteurs d’eaux libres sont à conserver. Leur maintien passe par la maîtrise des processus de cicatrisation naturels des anciennes fosses de détourbage.

Commentaires sur la délimitation
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