ZNIEFF 430002249
TOURBIERE SUR LA MOUILLE

(n° régional : 40000009)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Située au sud-ouest du village de la Pesse, au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, la tourbière « Sur la Mouille » correspond à un beau complexe marécageux établi sur sols tourbeux. Cette partie de la Franche-Comté a subi, il y a quelques milliers d’années, de fortes glaciations suivies d’un épisode de retrait des glaciers, ces derniers érodant de façon très importante le relief en place. Dans les secteurs les plus sensibles, il en a subsisté un certain nombre de petites combes, aujourd’hui comblées par des alluvions fluvio-glaciaires sous forme de dépôts morainiques, imperméables. A plus de 1100 m d’altitude, les conditions climatiques sont très rudes. La température moyenne est basse, les hivers longs et froids, avec de la neige durant plusieurs mois. Enfin, il pleut beaucoup et souvent. Ces conditions géologiques et climatiques sont extrêmement favorables à l’installation de milieux naturels très originaux : les tourbières, en nette régression depuis quelques décennies et l’extension des activités humaines, dans ce secteur du Haut-Jura.

 

C’est le cas ici où une belle mosaïque de milieux a conquis les terrains au sud-ouest de la Pesse. Plusieurs petites tourbières constituent un complexe marécageux, faisant apparaître pratiquement tous les stades d’évolution de la tourbière. Longuement marqué par les activités d’exploitation de la tourbe, le site présente tout de même quelques belles reliques de bas marais et de tourbière bombée. De nombreuses espèces caractéristiques de ce type de milieu y trouvent refuge comme la linaigrette des Alpes, la linaigrette à feuilles engainantes, le comaret des marais, le trèfle d’eau, la parnassie des marais, la violette des marais, ainsi que des éricacées (myrtille et airelle des marais). Parmi elles figurent l’andromède à feuilles de polium et la grassette vulgaire, espèces protégées au niveau national ou régional. Les activités humaines n’étant plus pratiquées sur le site, la tourbière évolue naturellement vers une forêt à bouleau et épicéa sur tourbe. Des saulaies arbustives complètent la mosaïque établie sur tourbe.

 

Des communautés à « hautes » herbes, les mégaphorbiaies, assurent la transition entre ces groupements tourbeux et les prairies humides paratourbeuses à trolle et molinie. Le pourtour du site, légèrement surélevé et sur lequel les sols sont un peu mieux drainés, accueille des prairies plus mésophiles. Le périmètre, au sud et à l’ouest, est souligné d’une bande boisée étroite.

 

L’intérêt patrimonial du site vis-à-vis de la faune n’est pas en reste. Ce bel ensemble d’habitats humides constitue en effet un site de prédilection pour de nombreuses espèces peu fréquentes comme la cétoine cuivrée, la lepture noire, le fadet de la mélique, le nacré de la ronce, le nacré de la sanguisorbe, le mélittée du mélampyre, le poliste de Bischoff, la guêpe des buissons, la guêpe des bois… et parmi elles la guêpe négligeante, espèce menacée.

 

STATUT DE PROTECTION

La présence de deux espèces végétales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 (annexe 1) et du 22.06.1992 assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Largement exploitée autrefois, la tourbière « Sur la Mouille » laisse entrevoir aujourd’hui encore les vestiges des activités passées et notamment les fossés de drainage. Un parking est aménagé à proximité du site, à l’est. Ainsi, quelques mesures de préservation, destinées à assurer la pérennité de la tourbière, s’imposent. Il conviendra par exemple d’éviter toute opération de drainage et d’assainissement. De même, l’apport d’engrais dans les prairies limitrophes peut provoquer un déséquilibre trophique du milieu et participer à la dégradation du site en même temps qu’à une banalisation de sa biocénose.

Commentaires sur la délimitation
Aucune information disponible