ZNIEFF 430002250
TOURBIERE SOUS L'ANQUERNE

(n° régional : 40000010)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Située sur le Plateau des Moussières, à plus de 1100 mètres d’altitude, la tourbière « Sous l’Anquerne » est l’un des témoins du phénomène de glaciation qui a marqué le début de l’ère quaternaire. En effet, le retrait des glaciers a modelé le relief, en creusant par endroits, dans les couches les plus tendres, des dépressions plus ou moins vastes, comblées ensuite par les matériaux arrachés au substrat des coteaux voisins et déposés dans leur fond en les imperméabilisant. Ces conditions de relief et de sous-sol, auxquelles on ajoutera des conditions climatiques particulièrement rudes sont à l’origine de l’installation de milieux très originaux : les tourbières.

 

Le synclinal de la Pesse, bordé sur tout sa longueur par des formations calcaires et marneuses du Jurassique supérieur et du Crétacé, compte un bon nombre de tourbières et autres zones humides. C’est le cas ici avec la tourbière de l’Anquerne, d’une superficie d’environ 11 hectares. L’eau omniprésente a favorisé l’installation de tourbières et d’autres habitats qui les accompagnent.

 

La première phase d’élaboration de la tourbière est un bas marais dont il reste quelques traces dans le site. Les sphaignes, formant de nombreuses buttes, témoignent de la lente évolution du bas marais alcalin vers un niveau trophique plus acide. Sous forme de coussins, elles accueillent la linaigrette à larges feuilles, le rossolis à feuilles rondes et la grassette commune, toutes deux protégées. Lorsque le bas marais évolue, il se forme alors une tourbière haute active, stade de maturité de l’habitat. Dans le cas qui nous occupe ici, cette tourbière haute a été fortement malmenée par l’exploitation de la tourbe. Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques vestiges au sommet des fronts de taille. La flore y est considérablement appauvrie par rapport au cortège floristique habituel, mais compte encore la discrète andromède à feuilles de polium, espèce protégée.

Dans les fosses d’exploitation, le milieu est en train de se cicatriser. Il apparaît alors des radeaux flottants, les « tremblants tourbeux », plus ou moins stabilisés en fonction de l’atterrissement. Comaret, laîche à ampoules, trèfle d’eau… sont parmi les espèces les plus fréquentes.

La transition entre tourbière et prairies plus mésophiles est assurée par les mégaphorbiaies, groupement de plantes à grand développement, se développant sur des sols riches en éléments minéraux et encore bien alimentés en eau. C’est la reine des prés qui impose sa physionomie au groupement ; elle est accompagnée de l’aconit casque de Jupiter, de la sanguisorbe officinale, de l’angélique des bois…

Le site compte également un ruisseau l’Anquerne, qui s’écoule sur le flanc sud de la tourbière. Alimentant un petit lac en aval, le cours d’eau voit ses berges colonisées par une cariçaie à laîche en ampoules.

 

La diversité de milieux, somme toute sur une surface assez réduite, permet à une faune diversifiée de s’installer. C’est le cas pour de nombreux odonates dont le sympetrum noir qui fréquente assidûment les eaux tourbeuses.

 

STATUT DE PROTECTION

La présence d’espèces végétales et animales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995, du 22.06.1982 et du 23.04.2007 assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Si l’activité de détourbage a profondément dégradé cette tourbière par le passé, son exploitation actuelle, il est vrai assez réduite, confère au site un certain intérêt, l’activité ayant quasiment disparu aujourd’hui en France. Mais n’oublions pas l’intérêt au niveau naturel, pour lequel quelques mesures de préservation s’avèrent nécessaires. Il semble ainsi judicieux d’éviter toute opération de drainage et de maintenir une activité de pâturage extensif dans le bas marais. L’évacuation des déchets qui encombre une des fosses d’exploitation est indispensable.

Commentaires sur la délimitation
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