ZNIEFF 430002251
TOURBIERE SUR LES PIÈCES

(n° régional : 40000011)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Vaste clairière au milieu d’un massif boisé étendu même s’il est parfois discontinu, le territoire communal de la Pesse accueille un grand nombre de milieux naturels originaux : les tourbières. Plusieurs facteurs écologiques conditionnent la présence de ces écosystèmes : une altitude assez élevée et des conditions climatiques froides et humides, un substrat géologique imperméable constitué principalement de formations issues des glaciations du début du Quaternaire, un relief en dépressions plus ou moins importantes. Ces conditions, favorisant l’omniprésence de l’eau, sont ici réunies pour donner naissance à la tourbière « Sur les Pièces ». Un caractère supplémentaire ajoute encore à son intérêt : sa situation sur un ouvala, réunion de plusieurs dolines en une seule.

 

Cette tourbière est ici d’un intérêt exceptionnel, compte tenu de la mosaïque de milieux qui la composent, sur une très petite surface, et par le nombre d’espèces remarquables observées.

Autrefois très exploité pour la production de tourbe, le site en montre encore aujourd’hui des traces importantes et notamment d’anciennes fosses de détourbage, dont la surface est loin d’être négligeable. Ces fosses, cicatrisées pour la plupart d’entre elles, ont laissé la place à des tremblants tourbeux, qui constituent une des phases initiales de la formation d’une tourbière. On y observe quelques espèces remarquables comme le rossolis à feuilles rondes et la laîche des bourbiers, espèces protégées. Les fronts de taille qui bordent ces anciennes fosses accueillent le lycopode sagine, espèce menacée.

Cette forme de tourbière évolue ensuite vers la tourbière haute. Ici, les activités humaines qui ont perduré pendant longtemps, ont considérablement réduit les parties intéressantes. Les espèces typiques dont l’andromède à feuilles de polium, protégée, ont bien du mal à subsister au milieu des tapis de molinie. La fin de l’évolution de la tourbière est marquée ici par l’extension des landes à callune, reflétant les conditions d’assèchement du site.

Les prairies à molinie, très développées, constituent des secteurs plus appauvris au niveau biologique. Elles témoignent d’une lente dégradation de la tourbière par minéralisation de la surface liée à un abaissement de la nappe.

 

Aux abords de la tourbière, des mégaphorbiaies assurent la transition avec les prairies de fauche. Ces formations, dominées par des plantes à grand développement, présentent une flore diversifiée. Même si elles ne comptent pas d’espèces originales, elles offrent « le gîte et le couvert » à de nombreux insectes, leur floraison étant abondante durant la période de végétation.

 

Cet éventail de milieux est également bénéfique à la faune. En effet, de nombreux papillons diurnes ont été détectés sur le site et, parmi eux, quatre espèces inscrites sur la liste rouge des espèces menacées : hespérie des potentilles, cuivré écarlate, fadet de la mélique et moiré des luzules. Les oiseaux fréquentent également la tourbière et ses abords et parmi eux, deux espèces protégées : la pie-grièche écorcheur et le tarier des prés.

 

STATUT DE PROTECTION

La présence de plusieurs espèces végétales et animales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 (annexes I et II) et du 29.10.2009, assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Fortement exploitée par le passé, jusque dans les années 1950, la tourbière conserve encore les traces de cette activité : fronts de taille imposants, drains parfois actifs. À ces facteurs de dégradation s’ajoute la présence de détritus divers. Afin d’assurer la pérennité du site, il semble judicieux de mettre un terme aux divers dépôts constatés et au drainage de la tourbière, de maintenir une fauche extensive des prairies humides et de limiter l’emploi de fertilisants.

Commentaires sur la délimitation
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