ZNIEFF 430002258
A LA MIGNAUDE ET MONT DE VARLON

(n° régional : 40000014)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Situé au sud de la commune de Viry, non loin du hameau de « Sous le Rosay », le complexe de tourbières et pelouses « À la Mignaude et Mont de Verlon » occupe une dépression bordée, sur sa frange occidentale, par un chaînon calcaire orienté nord-est – sud-ouest : le mont de Verlon. L’altitude y culmine à environ 900 mètres, tandis qu’elle n’est que de 835 mètres dans le fond de la cuvette.

À cette altitude, dans le Haut Jura, les conditions climatiques sont très rudes : hivers très froids et longs, moyenne annuelle des températures peu élevée, précipitations abondantes et notamment avec de la neige durant plusieurs mois, absence de périodes sèches de longue durée. Ces conditions géologiques et climatiques sont extrêmement favorables à l’installation de milieux naturels très originaux : les tourbières. À l’opposé, les versants calcaires, développant ici des sols assez superficiels et caillouteux, sont le siège de pelouses et de forêts sèches.

 

Une belle mosaïque de milieux humides a élu domicile au fond de la dépression, faisant se juxtaposer un bas-marais alcalin et des mégaphorbiaies montagnardes, ces dernières assurant la transition entre la tourbière et les prairies humides à molinie qui l’entourent. Des fourrés sont en train de se développer de façon conséquente au sud-est du site.

Le bas-marais alcalin, représentant la première phase de la formation d’une tourbière, abrite une végétation typique de ces milieux, en forte régression depuis quelques années. Les espèces végétales remarquables sont représentées par la parnassie des marais, la laîche de Davall, la linaigrette grêle, espèce protégée, et l’héléocharis à cinq fleurs, espèce inscrite sur la liste des espèces menacées. Aux abords de ce bas-marais ou dans les gouilles qui l’animent, la laîche des bourbiers compte aussi parmi les espèces protégées, comme le rossolis à feuilles rondes qui s’est établi sur les coussins de sphaignes.

Le bas-marais est en très étroite mosaïque avec des mégaphorbiaies, abritant ici de nombreuses espèces parmi lesquelles l’œillet superbe, espèce protégée, l’aconit casque de Jupiter, la renoncule à feuilles d’aconit…, et des prairies paratourbeuses à molinie. Ces dernières sont en forte régression dans le Haut Jura, leur faible rendement agricole et leur utilisation traditionnelle n’ayant plus cours dans l’économie rurale actuelle.

 

La complexité de ce site établit aussi la présence de milieux beaucoup plus secs, représentés ici par une pelouse mésoxérophile (« Les Ganguis ») entrecoupée d’affleurements rocheux sous forme de dalles colonisées principalement par des plantes de milieux secs et utilisée comme habitat par certains papillons dont l’apollon. Cette espèce protégée en France et dont le site abrite sans doute la plus belle population du plateau des Moussières, agit en même temps comme « site-source » d’individus colonisateurs, afin de renforcer les populations alentour.

 

STATUT DE PROTECTION

La présence de quatre espèces végétales, citées dans l’arrêté ministériel du 31.08.1995 (annexes I et II) et de trois espèces animales, citées dans les arrêtés du 23.04.2007 (article 2) et du 19.11.2007 (articles 3 et 4), assure indirectement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les enjeux de préservation visent ici le maintien d’une agriculture extensive, notamment sur les pelouses et les prairies humides à molinie, afin de limiter voire d’éviter l’enfrichement qui entraînerait la disparition de ces habitats, mais aussi des espèces qu’ils hébergent, et plus particulièrement des insectes.

Les travaux de drainage ou d’assainissement, de même que les plantations, sont à proscrire si l’on veut conserver cette mosaïque d’habitats.

Suite à une prospection en 2018, il apparaît que la côte de la Mignaule a été récemment partiellement déboisée, ce qui aura probablement un impact positif sur l’extension de la pelouse sèche.Le Mont de Varlon est intégralement reboisé spontanément.
La butte du Rosay ne semble pas être valorisée par l’élevage mais la dynamique forestière y est absente ; il est possible qu’un entretien y soit effectué, garantissant ainsi la conservation des pelouses sèches.
Le bouleau verruqueux progresse sur la tourbière mais la dynamique forestière n'est pas de nature à remettre en cause les habitats les plus patrimoniaux, juste les mégaphorbiaies.
De plus, compte tenu de l'augmentation des fréquences de sécheresse et de canicule, il est possible que les bosquets de bouleaux jouent un rôle d'ombrage et protègent les buttes de haut-marais, de l'insolation directe.
Des expérimentations par carreaux de décapage à différentes profondeurs pourraient être menées, en complément des ornières, de sorte à capitaliser davantage de superficie d’habitats et d’espèces pionnières, hautement patrimoniales.
Eriophorum gracile Koch ex Roth, 1806, déterminante ZNIEFF, mentionnée dans la fiche, n’a pas été vue.
Les habitats turficoles ont une typicité floristique favorable et semblent encore en bon état, malgré la répétition des canicules et des sécheresses. La tourbière semble très sèche en juillet 2018.

Commentaires sur la délimitation
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