Description
A l’extrême sud du Jura, au sud de Viry, une petite combe enclavée entre le mont de Verlon et les escarpements rocheux de la forêt de Belleydoux marque l'ultime prolongement méridional de la dépression de Choux. Insérée dans cet environnement géomorphologique accidenté, la zone « Sous les Mousses » revêt un intérêt paysager exceptionnel. Le fond de la combe étant colmaté par des dépôts morainiques imperméables laissés après le retrait des glaciers quaternaires, ce secteur constitue un milieu favorable à l'installation de zones humides, d’une grande valeur sur le plan écologique.
L’intérêt actuel de ce site réside principalement dans la présence de prairies oligotrophes paratourbeuses à molinie bleue et trolle d’Europe. Le sélin à feuilles de cumin, plante assez rare en Franche-Comté, y est notamment recensé. Ces moliniaies semblent faire l’objet d’une intensification agricole, ce qui se traduit par une réduction des surfaces au profit de groupements plus eutrophes à molinie et cirse des ruisseaux. Paradoxalement, sur d’autres parties du site, cet habitat évolue vers des mégaphorbiaies suite à l’abandon des pratiques traditionnelles de fauche. Ces formations de hautes herbes qui se développent sur des sols riches et humides assurent la transition entre les prés de fauche limitrophes et les secteurs tourbeux. On y rencontre une flore spécifique : reine-des-prés, aconit casque-de-Jupiter et renoncule à feuilles d'aconit. Elles sont favorables à l’alimentation de nombreux insectes floricoles et constituent des sites privilégiés de reproduction pour certains oiseaux, comme le tarier des prés ou la locustelle tachetée. Ces communautés végétales sont intéressantes, mais transitoires : en effet, elles évoluent en l’absence d’entretien vers des stades plus avancés. L’installation des ligneux qui s’ensuit induit un risque d’assèchement et une fermeture du milieu.
Sur ce site, les conditions géologiques et climatiques sont propices à la formation de milieux tourbeux. Néanmoins, les prospections récentes n’ont pas permis de retrouver les bas-marais alcalins autrefois décrits. Il s’agissait de groupements particulièrement intéressants à laîche de Davall et molinie, correspondant aux premiers stades de la genèse d'une tourbière. Il est vraisemblable qu’ils aient disparu suite à un rehaussement du niveau du plan d’eau.
Statut de protection
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place.
Objectifs de préservation
Ces habitats humides sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Toutefois, ils sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. Ainsi, l’intérêt de cette zone s’est amoindri suite à diverses atteintes. En premier lieu, la mise en eau de l’étang a entraîné la destruction des habitats marécageux alcalins, et avec eux, la disparition de toute une flore typique. De plus, l’arrêt de certains usages agricoles (fauche des prairies humides pour la récolte de litière) a conduit à l’abandon de certaines parcelles. De ce fait, les surfaces de mégaphorbiaies s’étendent et de nombreux épicéas colonisent le marais. A l’inverse, d’autres prairies sont exploitées de façon plus intensive, ce qui conduit à leur banalisation. Enfin, de nombreuses plantations de résineux sont présentes sur les coteaux marneux enserrant la tourbière.
Compte tenu de l’intérêt de ce site, il est essentiel de préserver les habitats humides. Leur intégrité étant intimement liée au maintien du fonctionnement hydrologique et des conditions oligotrophes (pauvreté en éléments nutritifs), il convient :
- d’éviter toute extension du plan d’eau, auquel cas les milieux tourbeux seraient probablement condamnés à disparaître ;
- de proscrire toute forme de boisement, de drainage ou d’assainissement dans la tourbière ;
- de promouvoir le maintien de pratiques agricoles extensives dans les prairies limitrophes ;
- de contenir l’expansion des épicéas dans le marais.