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DESCRIPTION
A l'est de Morez, un bel ensemble de tourbières s'étend le long de l'anticlinal dit " de la Joux Devant ". Au sud du village de Château-des-Prés, la zone humide des Crozats occupe une combe imperméabilisée par les dépôts morainiques laissés par le retrait des glaciers quaternaires. Elle est drainée par plusieurs biefs qui terminent leur course dans le ruisseau du Loutre.
Dans le Massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. A partir de cuvettes imperméabilisées remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), bas-marais alcalin, puis tourbière bombée (haut-marais acide) caractérisée par l'installation de sphaignes sous forme de coussins. Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux constituent le stade climacique. Il est rare que la tourbière acide colonise tout le bas-marais alcalin et, comme dans la zone humide des Crozats, différents stades sont observés. La tourbière est dite " mixte " et un marais de transition très humide et riche en espèces se développe au contact du bas-marais alcalin et du haut-marais.
Avec 95 espèces de phanérogames (ou "plantes à fleurs") recensées, cette zone humide abrite une diversité floristique remarquable.
Les prairies humides occupent l'essentiel de la surface et assurent la liaison avec les prés mésophiles attenants fauchés. Cet ensemble se compose de groupements végétaux très diversifiés : prairies oligotrophes para-tourbeuses à molinie développée en touradons et belles surfaces de mégaphorbiaies. La reine des prés est caractéristique de ces formations de hautes herbes, dans lesquelles s'insèrent quelques saules isolés. Ce biotope ouvert est très attractif pour le busard Saint-Martin, rapace particulièrement rare dont la nidification sur le second plateau est extrêmement localisée.
La présence d'un bas-marais alcalin est lié à la présence de nombreuses sources irriguant les pentes de la combe. Sur ce sol minéral se développe une formation végétale très riche. Son aspect, sous forme de buttes et de cuvettes d'eau, est original. Ce milieu renferme la grassette commune, plante carnivore protégée au plan régional.
En mosaïque au sein du marais alcalin, se développent ponctuellement des formations dynamiques de tourbière mésotrophe. Ces secteurs à sphaignes actives constituent le milieu d'élection du rossolis à feuilles rondes, autre plante carnivore protégée. Des buttes couvertes d'une lande à callune et myrtilles témoignent de la présence d'un haut-marais qui montre des signes nets d'assèchement et de fin d'évolution. Il abrite encore quelques plantes remarquables dont l'andromède.
En outre, du point de vue géologique, la région de Valfin est réputée pour ses récifs.
STATUT DE PROTECTION
La présence d'espèces végétales protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'ensemble de la zone humide des Crozats est pâturé par quelques chevaux et génisses. Quelques fossés de drainage la traversent. Ceux-ci n'ayant pas été entretenus depuis longtemps, l'écoulement y est négligeable ; ils ne menacent donc pas l'équilibre hydrique du secteur.
La gestion doit viser à préserver le fonctionnement hydrologique du site (pas d'opérations de drainage) et à maintenir la diversité des habitats et des espèces (absence de boisements et d'apports exogènes, maintien de pratiques agricoles extensives sur les prairies de fauche limitrophes). L'impact du pâturage extensif sur le site est positif, puisqu'il limite l'uniformisation du paysage et préserve l'ensemble des éléments de la mosaïque et le maintien d'une certaine diversité écologique. Il est important de conserver un équilibre entre les différents habitats, en maîtrisant l'extension de la mégaphorbiaie.
