DESCRIPTION
Au sud de Pontarlier, la vallée du Drugeon occupe une large cuvette qui repose sur des dépôts glaciaires où alternent des couches plus ou moins imperméables. Celles-ci sont à l’origine de la formation de vastes zones humides, notamment des tourbières. Dans son ensemble, ce bassin constitue une unité écologique d’une valeur exceptionnelle, unique dans toute la chaîne jurassienne et en France.
Dans la partie méridionale, la vaste zone de la Grande Seigne et des Vespries, un peu vallonnée, englobe un ensemble de communautés végétales disposées en mosaïque, dont certaines sont en voie de disparition en France et d'autres spécifiques au Jura. En particulier, toute une gamme de formations tourbeuses à divers stades d’évolution est recensée : bas-marais-alcalins, tourbières tremblantes, haut-marais actif et boisé (pinèdes de pins à crochets, bois d’épicéas à sphaignes). Elles s’insèrent entre des prairies humides oligotrophes ou eutrophes à trolle d’Europe, des mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes), des cariçaies (groupements de grandes laîches) et des boisements. Quelques étangs ponctuent la zone.
Les conditions particulières et contraignantes entraînent la sélection de plantes caractéristiques, strictement inféodées à ces milieux, comprenant une bonne proportion d’espèces rares et menacées, comme les laîches étoile-des-marais et des bourbiers, la scheuchzérie des marais, l’andromède à feuilles de polium, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles longues. Au total, on recense sept taxons protégés au plan national et trois dans la région. Un grand nombre d'espèces de sphaignes, végétaux particulièrement représentatifs des tourbières, est également recensé.
A ces habitats est associée une faune remarquable. Parmi les insectes, de nombreuses espèces typiques sont mentionnées, notamment des papillons de jour : le fadet des tourbières, le cuivré de la bistorte, le solitaire des tourbières et le damier de la succise sont tous protégés en France. Le cortège de libellules est également très intéressant. Enfin, plusieurs oiseaux en régression, voire très menacés, trouvent dans ce secteur des conditions favorables à leur nidification : la pie-grièche grise, le tarier des prés, le vanneau huppé et le milan royal.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le site Natura 2000 « Bassin du Drugeon » au titre des Directives « Oiseaux » et « Habitats » et fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats d’espèces de flore et de faune protégées. En outre, les arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92, 23/04/07 et 29/10/09 relatifs aux espèces protégées confèrent indirectement un statut de protection au milieu : il est interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent. Enfin, le bassin du Drugeon dans sa globalité est désigné comme « Zone humide d’importance internationale » au titre de la Convention de Ramsar.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les zones humides (tourbières et prairies humides notamment) sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Dans le cas du bassin du Drugeon, cet intérêt est rehaussé par la qualité exceptionnelle de cet immense secteur. Toutefois, ces habitats sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. Au cours du temps, diverses activités humaines et des tentatives d’aménagement ont porté atteinte à leur nature et à leur fonctionnement. Des opérations de restauration et de sauvegarde ont été initiées à partir de 1993 dans l’ensemble du bassin, avec la mise en œuvre de différents programmes (Life Drugeon, Natura 2000). En effet, la préservation de la fonctionnalité hydrologique et de la qualité des eaux apparaît comme un enjeu majeur pour la conservation des habitats humides et des espèces. En particulier, la préservation de bandes tampon avec les parcelles agricoles plus intensifiées est essentielle afin d’éviter une banalisation de la flore.