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DESCRIPTION
En aval du lac Saint-Point, le Doubs se faufile dans le défilé de la Cluse-et-Mijoux. Cette cluse complexe, l'une des plus belles du massif Jurassien, ouvre une brèche spectaculaire dans les calcaires du Jurassique supérieur de la voûte anticlinale du Larmont.
Outre un intérêt paysager exceptionnel lié à sa géomorphologie, le site de la Cluse-et-Mijoux est remarquable sur le plan écologique : des zones humides sont réparties dans les vallées de part et d'autre du château de Joux, alors que les falaises et versants environnants sont colonisés par des pelouses sèches et des forêts de ravins.
La zone regroupe une diversité exceptionnelle de groupements humides, répartis dans le lit majeur du Doubs. Tous les stades typiques de la formation des tourbières jurassiennes sont représentés ainsi que des roselières, cariçaies hautes, mégaphorbiaies, prairies hygrophiles à mésophiles. Ces habitats, intriqués en mosaïque complexe, sont ponctués par des fourrés et haies arborés de saules et frênes. L'intérêt floristique est remarquable : douze plantes protégées sont recensées dont les laîches des bourbiers et à long rhizome, l'andromède à feuilles de polium et le rossolis à feuilles rondes. Les cordons boisés abritent une très belle population de gagée jaune. Toutes ces espèces sont protégées en France.
La végétation aquatique des eaux stagnantes et courantes est également remarquable. Le Doubs n'est pas artificialisé sur ce tronçon et conserve sa dynamique propre. Le jonc des tonneliers, le nénuphar jaune, les potamots pectiné et dense prospèrent dans les zones calmes. Quand le courant s'accélère, une diversification géomorphologique du lit s'opère et la renoncule aquatique se développe.
Les formations herbacées recèlent une flore très diversifiée, favorable à l'entomofaune. Six espèces de papillons protégés et inféodés à ces milieux y sont recensés.
En dépit de l'altération générale des peuplements de la haute vallée du Doubs, la qualité et la diversité biologique du site comptent parmi les plus élevées du secteur. Les groupes d'invertébrés aquatiques les plus sensibles à la pollution y sont représentés. Le peuplement de poissons présente une riche population de truite locale à robe barrée qui se reproduit sur ce tronçon.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur correspond aux milieux humides et aquatiques à l'ouest du périmètre de la Zone Spéciale de Conservation " Complexe de la Cluse-et-Mijoux ", proposée pour intégrer le réseau Natura 2000.
En outre, la présence d'espèces végétales protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit tout acte de destruction vis-à-vis des espèces et de leur milieu (arrêtés du 20/01/82, du 22/06/92 et du 19/11/07). De même, la présence de poissons cités dans l'arrêté du 08/12/88 assure une protection au cours d'eau : il est interdit de porter atteinte au biotope et en particulier aux frayères.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Comme pour l'ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l'eau sont essentielles. Afin d'assurer un bon fonctionnement hydrique, toute nouvelle opération de drainage, d'assainissement, de remblaiement ou de mise en eau est à proscrire.
La plaine du Doubs, régulièrement inondable, fait l'objet d'un pâturage constant, mais certaines zones sont surpâturées. Tout en étant adapté, ce mode d'exploitation favorable à la conservation doit être poursuivi.
Il convient par ailleurs de prévenir les atteintes liées à un éventuel développement des loisirs sur le Doubs, notamment concernant ses rives.
La qualité de l'eau à l'échelle du bassin versant est également un paramètre primordial. Dans ces milieux oligotrophes, les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore et à la faune très spécialisées.
Le schéma d'aménagement et de gestion des eaux du bassin du Haut-Doubs et de la Haute-Loue (SAGE), approuvé le 09/01/02, prend en compte ces orientations.
