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DESCRIPTION
Dans la haute chaîne du Jura plissé, le large bassin fermé d'Arc-sous-Cicon s'étend entre des lignes de relief allongées selon un axe sud-ouest/nord-est. Des alluvions glaciaires imperméables, reposant sur des formations calcaires du Jurassique, sont à l'origine du caractère humide de vastes secteurs de cette dépression comme c'est le cas des prairies situées au sud du village.
Au pied du Grand Bois Bannal, en limite de ces prairies herbacées hygrophiles et, localement, quelques mégaphorbiaies (formations à hautes herbes), ces formations humides prennent un caractère particulier au lieu dit les Bioules : une tourbière boisée et un bas-marais acide juxtaposés en constituent les groupements les plus remarquables.
Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières (forte pluviométrie, basses températures et absence de périodes sèches de longue durée). A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d'un réseau karstique induit la création d'îlots soustraits à l'influence des eaux carbonatées. Les sphaignes s'installent sous forme de coussins et contribuent à l'acidification du milieu. Une transition s'opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux (éricacées et parfois pin à crochets) marquent le stade " climacique ". Souvent, la tourbière est dite " mixte ", présentant différents stades et des formes de transition riches en espèces.
Dans cette zone, un incendie datant de 50 ans environ a porté atteinte à la tourbière. Toutefois, la végétation s'est bien régénérée, et le site recèle un cortège d'espèces caractéristiques de ce type de milieu. Certaines d'entre elles sont relativement rares, comme le sélin à feuilles de carvi, les linaigrettes à feuilles larges et à feuilles étroites, l'orpin reprise, l'œillet superbe et la polémoine bleue. Ces deux dernières, animent les prairies et mégaphorbiaies de leurs floraisons colorées et sont protégées à l'échelon national.
Les formations végétales riches en plantes à fleurs présentent un grand intérêt sur le plan entomologique. Leurs floraisons abondantes et réparties dans l'année sont favorables à l'alimentation de nombreux insectes floricoles, en particulier des papillons de jour. Le damier de la succise, espèce en régression et protégée en France, y est recensé.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces végétales, d'insectes, d'oiseaux et de mammifères protégés confère un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 17/04/81, 20/01/82, 22/06/92, 23/04/07 et 6/05/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La zone est soumise à des impacts anthropiques : routes et urbanisation au nord, fertilisation importante des prairies, cultures et plantations de résineux au sud, aux abords immédiats de la tourbière boisée. Comme pour l'ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l'eau sont essentielles. Il convient donc de prévenir ce milieu fragile de toute nouvelle atteinte. Pour conserver un bon fonctionnement hydrologique de la tourbière, toutes opérations de drainage, d'assainissement, de remblaiement, ou inversement, de creusement de plans d'eau (trous à grenouilles) doivent être interdites dans le secteur. En outre, les plantations de résineux, qui accélèrent également l'assèchement de la zone, doivent être stoppées.
Les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés au sein de la zone et en périphérie immédiate sur une trentaine de mètres. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore et à la faune très spécialisées de ces milieux remarquables.
