DESCRIPTION
Chevigney-les-Vercel, au nord-est de Valdahon, se situe sur les seconds plateaux du massif du Jura, dans un environnement de pâturages mésophiles et de prairies amendées, en bordure du camp militaire. Sur le plateau calcaire jurassique, au relief faiblement vallonné, des suintements sur des marnes imperméables sont à l'origine de la formation du marais. Comme pour l'ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l'eau sont importantes : rétention pendant les périodes pluvieuses, alimentation des nappes souterraines, autoépuration des eaux de surface.
Ce marais est constitué de prairies humides oligotrophes, ceinturées par des prairies humides plus riches et prolongées par une zone de mégaphorbiaie plus ou moins enfrichée dans les niveaux topographiques les plus bas. Quelques bouleaux et saules cendrés ponctuent la zone. Ces prairies se distinguent par des sols alcalins, pauvres en nutriments et sont soumises à d'importantes variations d'humidité au cours de l'année (battement du toit de la nappe phréatique). Dans ces conditions d'humidité contrastée, la molinie bleue se développe en nappe. Un cortège floristique de plantes à fleurs originales et adaptées à ces conditions contraignantes lui est associé ce qui confère un intérêt botanique majeur à ce site. En effet, les prairies à molinie sur sols calcaires sont plus riches en espèces que les variantes en milieu acide. Bien que de superficie restreinte, le marais de Chevigney présente tout le cortège d'espèces caractéristiques propre à ce milieu original. La parnassie des marais et la gentiane ciliée, particulièrement menacées par la raréfaction de ce type de milieu, comptent parmi les plus remarquables.
L'intérêt entomologique du site est élevé. Ces formations herbacées humides, riches en plantes à fleurs, constituent en effet des habitats originaux, très sélectifs, qui permettent l'installation d'un cortège d'insectes très intéressant : les floraisons abondantes et réparties dans l'année sont favorables à l'alimentation de nombreux insectes floricoles, en particulier des papillons de jour. La régression généralisée de ces marais à molinie conduit à la raréfaction de bon nombre d'insectes qui s'y développent, ce qui explique l'impérieuse nécessité de conserver ces habitats.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la préservation des zones humides, tant pour leur intérêt patrimonial que fonctionnel, est un objectif prioritaire affirmé par la loi sur l'eau du 03/01/92 : le décret d'application du 29/03/93 instaure une protection contre leur destruction. Enfin, la présence de certaines espèces protégées par arrêté ministériel (20.01.82, 22.06.92 et 19.11.07), protège également leur milieu de vie.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les bas-marais alcalins font partie des habitats qui ont subi la régression la plus grave et leur préservation est d'un intérêt majeur.
Des étangs privés, creusés en périphérie de la zone, influent sur le fonctionnement hydrique du site. Les conditions de sa préservation passent par l'absence de toute opération de drainage, d'assainissement, de remblaiement, ou inversement, de creusement de plan d'eau dans le secteur.
Les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés au sein de la zone et dans les prairies mésophiles environnantes. Un déséquilibre trophique serait préjudiciable à la flore très spécialisée des prairies oligotrophes, qui évoluerait alors vers une végétation plus banale.
Le marais est pâturé par des bovins en été. Le maintien d'une exploitation extensive du site est favorable à sa préservation. Toutefois, le chargement doit rester modéré pour éviter un trop fort enrichissement en matière organique. Les effets du piétinement doivent être par ailleurs surveillés. L'extension des ligneux est également à contrôler : une colonisation trop importante témoignerait d'un assèchement des milieux, remettant en cause la pérennité des groupements et des espèces qu'ils abritent.