ZNIEFF 430002322
LES SEIGNES ET LES CREUGNOTS

(n° régional : 46000013)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Entre les gorges du Doubs et la vallée du Dessoubre, le plateau de Maîche est issu de l'érosion d'une structure plissée qui s'est trouvée émoussée. Entre Saint-Julien-les-Russey et les Fontenelles, la tourbière des Creugniots, assez vaste, s'étire dans un contexte de forêts de conifères et de pâturages mésophiles. Des formations résiduelles imperméables (argiles de décalcification), issues de l'altération de marnes oxfordiennes, sont à l'origine de la formation de zones humides.

La plus grande partie de la superficie de la zoneest occupée, dans sa partie médiane, par une tourbière boisée (bouleaux, épicéas et pins à crochets, avec un sous-bois de myrtilles). Au sud, l'étang du Moulin est bordé par une roselière, en continuité avec des prairies humides paratourbeuses. Des groupements de bas-marais acide et alcalin s'étendent à l'extrémité nord de la zone. Quelques plantations de résineux ont été réalisées aux extrémités.

En altitude, dans le massif du Jura, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières : pluviométrie forte, surtout en été, apportant des eaux acides et peu minéralisées, températures basses et absence de périodes sèches de longue durée. A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d'un réseau karstique induit la création d'îlots soustraits à l'influence des eaux carbonatées. Les sphaignes s'installent sous forme de coussins et contribuent à l'acidification du milieu. Une transition s'opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). L'écosystème devient complètement isolé fonctionnellement et la tourbière est comme suspendue au-dessus du substrat calcaire. Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux marquent le stade " climacique ". Souvent, comme c'est le cas aux Creugniots, la tourbière est dite " mixte ", présentant différents stades et des formes de transition riches en espèces.

La tourbière des Creugnots, recelant une flore caractéristique de ces milieux humides et tourbeux, revêt donc un grand intérêt floristique. Diverses espèces de sphaignes se répartissent sur les buttes et dans les gouilles en fonction des gradients d'humidité, d'acidité et de lumière. Des espèces remarquables, strictement inféodées aux tourbières acides, les accompagnent : linaigrette des Alpes, grassette, rossolis à feuilles rondes, andromède à feuilles de polium ; ces trois dernières bénéficient d'une protection. La laîche à utricules velus, plutôt rare, trouve son optimum dans le bas-marais alcalin. Concernant la faune, l'étude des papillons diurnes récemment réalisé montre la présence d'un peuplement original assez diversifié comme en témoigne la présence de l'échiquier, du fadet de la mélique ou du moiré franconien.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces végétales protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté du 20/01/82).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières sont d'importants réservoirs hydriques et, comme l'ensemble des zones humides, elles jouent un rôle régulateur dans la circulation complexe des eaux superficielles et souterraines de la région. Le principal objectif de conservation est donc le maintien de l'engorgement hydrique des sols si bien que toute opération de drainage, d'assainissement ou de creusement d'étang est à proscrire. Le boisement spontané, très important, doit être limité comme il convient de stopper les plantations de résineux car ils contribuent à l'assèchement du haut-marais et accélèrent le processus naturel d'évolution.

Les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés au sein de la zone et dans les prairies mésophiles environnantes. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore et à la faune très spécialisées des tourbières.

 

Commentaires sur la délimitation
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