ZNIEFF 430002330
TOURBIERES ET ZONES HUMIDES DU RUSSEY (LE VERBOIS, LES SEIGNES DES GUINOTS ET LE CREUX DU MOULIN)

(n° régional : 46000016)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le bassin du Russey s'étend entre les vallées du Doubs et du Dessoubre, dans la haute chaîne du Jura. En bordure d'un synclinal orienté nord-est/sud-ouest, entre forêts de conifères, prairies et cultures, des milieux humides s'inscrivent dans un contexte géologique de calcaires massifs entrecoupés de marnes. La zone présente un intérêt paysager indéniable. Elle est délimitée par un chapelet de dolines assurant l'évacuation latérale des eaux ; certaines sont partiellement colmatées et transformées en mares ou étangs.

Les facteurs climatiques d'altitude sont propices à l'installation de tourbières dans le massif du Jura. A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), atterrissement (bas-marais alcalin) puis tourbière bombée (haut-marais acide), caractérisée par l'installation des sphaignes. Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux marquent le stade " climacique ". Souvent, comme dans ce secteur, les tourbières sont dites " mixtes ", présentant différents stades et des formes de transition.

A l'extrémité sud-ouest de la zone, l'étang du Russey abrite une végétation aquatique à characées, algues d'un intérêt écologique important : cet étang est d'ailleurs l'une des rares stations connues de Nitella opaca dans la région. Un bas-marais alcalin borde le plan d'eau. La majeure partie du site est occupée par un haut-marais acide boisé (pessière sur tourbe) avec une sous-strate colonisée par des éricacées (myrtille, airelle des marais…). Les tourbières " Sur les Seignes " et le " Verbois " présentent des pinèdes à pin à crochets bien développées et de haute valeur patrimoniale. Ces boisements sont pour partie entourés par un bas-marais acide de ceinture pâturé assurant la transition avec les prairies environnantes. Une évolution régressive se produit dans les anciennes fosses de détourbage, avec de petites surfaces de haut-marais actif et de tremblants à trèfle d'eau.

L'intérêt floristique des tourbières est rehaussé par la présence de nombreuses espèces typiques et peu fréquentes, comme la canneberge, le trèfle marron, le lycopode des lieux inondés, l'andromède à feuilles de polium, la laîche des bourbiers ou le rossolis à feuilles rondes ; ces quatre dernières sont protégées en France.

Deux oiseaux peu fréquents en Franche-Comté se reproduisent dans cette zone originale : le sizerin flammé, inféodé aux bétulaies et forêts de conifères, et l'hypolaïs ictérine, en limite occidentale de son aire de répartition.

Du point de vue entomologique, trois espèces de papillons protégés sont recensées, le solitaire, le nacré de la canneberge et le damier de la succise. Les deux premiers sont strictement inféodés aux tourbières. Les libellules, parmi lesquels la cordulie arctique et l'agrion hasté, trouvent dans les gouilles tourbeuses un milieu favorable à leur reproduction.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 17/04/81, 20/01/82 et 06/05/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

La tourbière " Sur les Seignes " a été exploitée industriellement, mais conserve un bon potentiel de régénération. Des travaux de réhabilitation de la zone exploitée ont été menés en 2003. Pour les autres secteurs, il est souhaitable de conserver une évolution naturelle, liée à un bon fonctionnement hydrique de la zone. Ainsi, il convient d'éviter toute opération de drainage ou d'assainissement dans le secteur, ainsi que les plantations de résineux qui accélèrent l'assèchement.

Les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés au sein de la zone et aux alentours. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore et à la faune très spécialisées des tourbières.

 

 

 

 

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