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DESCRIPTION
La partie occidentale des plateaux gréseux et de la moyenne montagne vosgienne, aux confins de la Franche-Comté, se caractérise par de grandes surfaces boisées au sein desquelles sont disséminés étangs et tourbières. Sur la commune de la Longine, le petit site du Grand Roncey est totalement enclavé dans une forêt de conifères.
L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans une dépression, comme c'est le cas pour la tourbière du Grand Roncey. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les apports météoriques (précipitations) peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Ces milieux sont caractérisés par la présence de sphaignes et d'un cortège floristique typique. Sur ce site, des groupements de tourbière bombée active (haut-marais acide) cohabitent étroitement avec des communautés à rhynchospore blanc occupant les gouilles et les dépressions plus humides.
Bien que sa superficie soit restreinte, cette tourbière n'en reste pas moins un milieu remarquable : elle héberge en effet deux plantes protégées au plan national, le rossolis à feuilles rondes et la scheuchzérie des marais.
A ces habitats tourbeux imbriqués est associée une faune caractéristique, notamment sur le plan entomologique. Toutefois, la superficie réduite du site, son état d'enfrichement et la faible représentation des habitats aquatiques ne sont pas propices à une diversité élevée. Ainsi, le cortège des libellules est faiblement représenté et le fadet des tourbières, papillon rare, semble avoir disparu du site. Enfin, cette zone est fréquentée par le grand tétras, ce qui lui confère un intérêt faunistique élevé : cet oiseau emblématique, dont les populations affichent une régression inquiétante, occupe préférentiellement des forêts sénescentes claires au sous-bois riche en myrtilles.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la zone abrite un oiseau et des plantes cités dans les arrêtés ministériels des 29/09/09 et 20/01/82, ce qui confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire, ce qui implique notamment le maintien de la fonctionnalité hydrologique. La situation de la tourbière du Grand Roncey au sein d'un massif boisé la préserve d'atteintes liées au drainage et à l'assainissement, opérations à proscrire impérativement.
L'évolution naturelle de ces milieux tend progressivement vers un assèchement puis une colonisation par les ligneux, comme c'est le cas sur ce site où la progression du pin sylvestre, et dans une moindre mesure, du bouleau et de l'épicéa, est assez avancée. Une gestion fine des faciès à linaigrette pourrait être programmée afin d'assurer la viabilité de la population de fadet des tourbières.
De plus, il convient de prendre en compte l'extrême sensibilité au dérangement du grand tétras : les conditions de silence et de tranquillité doivent impérativement être garanties, notamment en période de reproduction. Aussi, la pénétration humaine et les modifications du milieu devraient être limités, sous peine d'occasionner des dérangements néfastes à la population de cet oiseau menacé.
